Professeur, philologue et dialectologue, (Pl) (★ Strasbourg 12.2.1846 † Berne, Suisse, 2.9.1888).
Fils de Jean Kraeuter, libraire, et de Rosine Élisabeth Cécile Lüthardt. ∞ 30.10.1884 à Berne Rosine Marie Anne Lauterburg ; 2 enfants. Il fréquenta à partir de 1854 le Gymnase protestant de sa ville natale. En 1863, il entra au lycée de Berne pour y terminer ses études secondaires. Il passa en 1865 à l’Université de cette ville, où il étudia pendant trois ans la philologie classique et la philologie germanique. À l’issue de ses études universitaires, il tira un bon numéro et fut ainsi dispensé du service militaire français. Il devint en 1868 le précepteur des filles du baron von Heye, au château d’Uhenfels près d’Urach, Wurtemberg. Il revint en Alsace après la guerre de 1870 et y trouva très vite un poste dans l’enseignement obligatoire mis en place par les nouvelles autorités en avril 1871 ; il fut nommé le 15 septembre 1871 professeur provisoire au lycée de Sarreguemines. Il prit ses fonctions le 1er octobre de la même année et fut titularisé dans son poste le 1er juillet 1872. À partir de 1887, une maladie de poitrine le contraignit à s’éloigner de ses fonctions. On doit à Kraeuter deux ouvrages, l’un portant sur les mutations consonantiques (Zur Lautverschiebung, Strasbourg, 1877), l’autre sur la versification en nouveau-haut-allemand et dans les langues classiques (Ueber neuhochdeutsche und antike Verskunst, Sarreguemines, 1873). Il est également l’auteur de très nombreux articles scientifiques ; on trouve son nom dans les plus prestigieuses revues de langue allemande de l’époque. Ce sont avant tout des questions de phonétique, de versification, d’orthoépie et d’orthographe qui retinrent son attention. Il s’intéressa non seulement à l’allemand, au français et aux langues classiques, mais encore aux dialectes alémaniques, et en particulier aux dialectes alsaciens. La dialectologie alsacienne lui doit beaucoup ; les dialectes alsaciens offraient à sa curiosité un vaste champ d’études, dont il n’est presque aucune partie qui ne l’ait intéressé. Il publia plusieurs études historiques consacrées aux dialectes alsaciens et rédigea une grammaire du dialecte strasbourgeois, dont la parution était prévue pour 1874 mais qui resta à l’état de manuscrit ; ce dernier fut remis plus tard par la veuve de Kraeuter à E. Martin © et H. Lienhart © qui l’exploitèrent dans le cadre de leurs travaux lexicographiques et grammaticaux. Kraeuter élabora aussi un système de transcription phonétique simple et précis, particulièrement adapté aux dialectes (« Zwölf Sätze über wissenschaftliche Orthographie der Mundarten », Die deutschen Mundarten, VII, Halle, 1877, p. 305-332). Ce système fut adopté par l’école dialectologique de Strasbourg qui s’était formée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle autour d’E. Martin et H. Lienhart ; il servit en particulier pour la transcription des entrées du dictionnaire des dialectes alsaciens et de leurs variantes phonétiques (E. Martin H. Lienhart, Wörterbuch der elsässischen Mundarten, Strasbourg, 1899-1907, 2 vol.) ainsi que dans le cadre de certaines monographies dialectales.
E. Martin, « Johann Friedrich Kräuter », Jahrbuch für Geschichte, Sprache und Litteratur Elsass-Lothringens – Vogesen-Club, 5, 1889, p. 141-147.
Claude Otto (1994)