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KOEPF(F)EL Wolfgang (CEPHAL(A)EUS, CEPHALUS, Wolfius, Vuolfius, Wolff)

Imprimeur et éditeur, (C puis Pl) (★ Haguenau fin du XVe siècle † Strasbourg 1554 au plus tard).

Petit-fils de Johann Koepfel, maître-forgeron et membre du Sénat de Haguenau ; neveu du ré- formateur W. Capiton ©. ∞ II 1547 à Strasbourg Margarete Einhorn, veuve du pasteur de Schiltigheim Ulrich Vendenheimer. Attesté en 1522 comme aide de l’imprimeur bâlois Thomas Wolff, Koepfel s’établit la même année à son compte à Strasbourg, où il mit sa presse au service du mouvement évangélique en commençant par imprimer semi-clandestinement quatre écrits de Luther, malgré l’interdiction de l’édit de Worms de 1521, sous l’œil complice de la censure municipale. En 1523, Koepfel récidiva avec cinq traités de Luther, entre autres Von Abschaffung der Mess, qui provoqua une intervention infructueuse de l’évêque Guillaume de Honstein © auprès du Sénat de Strasbourg. Koepfel y joignit un pamphlet de son oncle Capiton adressé au même prélat, et surtout la Christliche Verantwortung du premier réformateur strasbourgeois, Mathieu Zell ©, et l’allocution prononcée par celui-ci lors du mariage du curé de Saint-Thomas, Anton Firn ©. En 1524, il imprima six traités de Luther, quatre écrits de Capiton, un pamphlet de Catherine Zell © et un du réformateur C. Hedio © sur la dîme, la Widerrufung de Seb. Meyer © et deux petits traités du prédicateur laïque Clément Ziegler ©, le maraîcher de la Robertsau. Pour faire mieux connaître la nouvelle liturgie évangélique strasbourgeoise en allemand, Koepfel publia en 1524 pas moins de quatre éditions différentes du Teutsch kirchenampt, dont la production, sous des titres variés et avec un contenu de plus en plus étoffé constitué de psaumes et de cantiques, allait occuper chaque année les presses de Koepfel jusqu’à la fin de sa carrière. Enfin, pour seconder les efforts des réformateurs en faveur de l’apprentissage du grec, langue sacrée, Koepfel, aidé par l’hellénisant Johannes Lonicer ©, publia dès 1524 un psautier et un Nouveau Testament en grec, suivis en 1525 par l’illiade et l’Odyssée, par la grammaire de L. Bat(h)odius (L. Hackfurt ©), et dans le domaine de l’hébreu, par la 2e édition des Institutionum hebraicarum libri II de Capiton.

Cette année 1525 vit aussi la réimpression du chiffre maximum d’écrits de Luther (9), la publication du Creutzbuchlin du doyen luthérien du Grand Chapitre, Sigmund von Hohenlohe ©, de quatre pamphlets de Capiton et de deux documents (les 12 Articles des paysans et l’accord avec ceux de l’Ortenau) et de deux traités (de Brenz et de Melanchthon) concernant la guerre des Paysans. La même année parut aussi la première édition d’un des best-seller de Koepfel, le Libellus imperatorum Romanorum (allant de Jules César à Charles Quint) de l’humaniste J. Huttich ©, qui connut plusieurs éditions, dont une traduction allemande dès 1526, illustrée par Hans Weiditz ©, comme aussi l’édition d’Homère. En 1526, le nombre des réimpressions de Luther descend à 3, chiffre qui ne fut plus dépassé, certaines années n’en comportant même pas une. N’empêche que leur somme équivaut au sixième des titres produits par Koepfel, compte non tenu des réimpressions de la Bible traduite en allemand par Luther, comme par
exemple celle de 1527, également illustrée par Weiditz. Par contre, on voit apparaître en 1526 un traité d’Œcolampade sur la Cène et un de Zwingli sur le même sujet. La même année, à l’instigation de Capiton, il imprima clandestinement une relation partielle de la Dispute de Ba-
den en Argovie, opposant Oecolampade au trio Eck ©, Fabri et Murner ©, dont le procès-verbal devait rester provisoirement confidentiel ; mal lui en prit, car devant la vigoureuse réaction du parti catholique dans l’Empire, l’affaire risquait d’avoir des conséquences politiques fâcheuses pour la ville de Strasbourg; aussi Koepfel fut-il incarcéré et ne fut libéré que contre une forte amende. En 1527 il imprima la Postill de Luther et le catéchisme de Capiton (Kinderbericht) ; en 1528 la Vergleichung de Bucer © pour résoudre la querelle sacramentaire, mais aussi en 1529 les Colloquia d’Erasme ©, et en 1530 le rapport de Capiton sur la collation des prébendes vacantes en mois papal, et la Bible illustrée par Heinrich Vogtherr ©. À partir de 1531, sa production devient plus espacée en comparaison de celle des neuf années précédentes : pour les 23 ans à venir, elle ne représente plus que les deux cinquièmes de l’ensemble. Ce furent dans le domaine religieux les réimpressions de la Bible, entières ou partielles, de la Postill de Luther (1537 et 1544), des écrits d’un nouveau venu à partir de 1536, le réformateur westphalien-hessois Ant. Corvinus, les rééditions augmentées des livres de liturgie, de psaumes et de cantiques (Psalmen, Lieder und Kirchenübung, et en particulier le Gesangbüchlin de 1545 et 1547), sans oublier le livre de cantiques de format in-folio de 1541, préfacé par Bucer et illustré par Hans Baldung Grien ©. En 1545-1546, Koepfel publia quelques rares écrits de circonstance concernant le concile de Trente, puis le début de la guerre de Charles Quint contre la Ligue de Smalkalde, ainsi que les deux derniers écrits de Bucer rédigés et publiés à Strasbourg avant son départ pour l’exil : Das sich niemand (1547) et Ein summarischer vergriff (1548).

En 1551, Koepfel imprima un traité de Schwenckfeld © et en 1552, la Nachvolgung Christi de Thomas a Kempis, en allemand. Dans le domaine philologique et historique, il réédita l’Iliade et l’Odyssée en 1534 et 1541-1542, publia les Dialogues de Lucien (1550), des traités de rhétorique et de grammaire rédigés par des enseignants du Gymnase ouvert en 1538, V. Erythraeus © et J. Bitner © (1549-1550), le Catalogus legum antiquarum de J. U. Zasius (1551), et un Dictionarius latin-français-allemand (1535, réédité en 1550). En histoire, la Chronica de Hedio de 1545 fut accompagnée de l’Historia ecclesiastica d’Eusèbe Pamphile, tandis que les Imperatorum et Caesarum vitae de Huttich s’augmentaient en 1534 d’un Consulum Romanorum elenchus. Notons qu’en 1526, Koepfel prit en location de la ville le moulin à papier des Heilmann © qu’il exploita avec succès tant pour ses besoins propres que pour la vente à ses collègues imprimeurs. À sa mort, son officine fut continuée par ses fils Peter et Philipp, mais comme production desquels on ne peut signaler que deux écrits clandestins en anglais de 1555 et 1556, rédigés par J. Poynet, un évêque anglican réfugié à Strasbourg pendant le règne de Marie Tudor. Les deux frères transférèrent en 1557 l’imprimerie à Worms où elle cessa de fonctionner vers 1565.

Voir la liste des impressions de Koepfel dans J. Muller, Bibliographie strasbourgeoise… au XVIe siècle, II, Baden-Baden, 1985, p. 271-292 (245 numéros), et le relevé de ses marques d’imprimeur (la pierre angulaire) dans J. Heitz et K. Barack, Elsässische Büchermarken, Strassburg, 1902, pl. XVI-XX.

F. Hubert, Die Strassburger liturgischen Ordnungen im Zeitalter der Reformation, Göttingen, 1900 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 66 ; Fr. Ritter, Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe siècles, Paris-Strasbourg, 1955, p. 238-250 ; F. Hartweg, « Die Drucke der zwölf Artikel der Bauern 1525 », Der deutsche Bauernkrieg und Thomas Müntzer, hrsg. v. M. Steinmetz, Leipzig, 1976, p. 2-7 ; Neue Deutsche Biographie, XII, 1980, p. 366-368 (bibliographie) ; J. Benzing, Die Buchdrucker des 16. Jahrhunderts im deutschen Sprachgebiet, 2e éd., Wiesbaden, 1982, p. 441 ; M. Usher Chrisman, Lay culture, learned culture. Books and social change in Strasbourg 1480-1599, New Haven, 1982, passim ; Dictionnaire de biographie française, VII, 1956, c. 1068.

Jean Rott (1994)