Marchand et propriétaire foncier (★ ? † Strasbourg peu avant le 29.4.1637). Koenisgmann, originaire de « Leomunster in Engeland », comté de Hertfordshire et pour cette raison surnommé der Engeländer, acquit le droit de bourgeoisie à Strasbourg le 20 octobre 1604 (Livre de bourgeoisie II, c. 847). ∞ 2.9.1604 à Strasbourg, Temple-Neuf, Martha Braun, fille de Martin Braun, marchand (Chambre des Contrats, t. 349, f. 90) ; une dizaine d’enfants sont issus de cette union, tous baptisés au Temple-Neuf entre 1605 et 1624. Koenisgmann était domicilié rue Mercière en 1626 (N 37, p. 322). On ne sait rien, dans l’état actuel des connaissances, de ses activités commerciales. Par suite de prêts d’argent, consentis au chapitre de Niederhaslach, Koenisgmann percevait avec Daniel Staedel la dîme à Marlenheim et à Kirchheim, qui leur rapporta 155 rézaux, moitié froment, moitié orge, et 80 rézaux d’avoine (Archives municipales de Strasbourg, Série VI 106/6), mais dont la perception donna lieu à de nombreux litiges. À signaler également un conflit avec le curé du lieu en 1616 (Archives départementales du Bas-Rhin, G 6304, f. 175-176). Koenisgmann avait acheté en 1613 une propriété à Kirchheim dont il contesta les charges à payer (PV XXI, 1614, f. 139r-v, 244v-245r et 295v). Elle lui servit de gage en 1629 (Chambre des Contrats, 1629). En 1618, le chapitre de Niederhaslach devait encore 2000 florins à Koenisgmann (PV XXI, 1613, 1615, 1617, 1618). Koenisgmann eut de nombreux différends avec les habitants de Schiltigheim, Bischheim et Hoenheim à cause de la pâture de son bétail au lieu-dit Vachwört (PV XXI, 1627, p. 207 et 209, et AA 1652). Mais Koenisgmann est surtout connu à partir de 1620 comme importateur de plants de tabac d’Angleterre qu’il cultiva sur les terres d’une ferme, située au lieu-dit Vachwört, commune de Schiltigheim, achetée du boucher Kamm et qui prit par la suite le nom d’Englischer Hof, désignation qui subsiste jusqu’à nos jours sous le nom de Jardin d’Angleterre (PV XXI, 1637). Après la mort de Koenisgmann, la ferme, après avoir été donnée en gage dès 1633 (Chambre des Contrats 1633), fut vendue à Johann Heinrich Kugler en 1638 (Série VI, 211/3). La veuve de Koenisgmann sollicita l’autorisation d’y débiter du vin (PV XXI, 1637, f. 57v) étant donné que le Vachwört est un « freygut so niemands iurisdiction und botmeszigkeit vnderworfen » (PV XV, 1637, f. 78v). On apprend à cette occasion que le Vachwört avait appartenu jadis à Hans Kamm qui n’aurait pas pratiqué le débit de vin. D’autres biens ont été vendus en 1639 à Kirchheim (Chambre des Contrats, 1645). Un Hans Martin Koenisgmann (★ 11.9.1614) est dit bourgeois de Bischheim en 1642 (Chambre des Contrats, 1642, f. 324 et s.).
Chr. Haenle, Kurze… Beschreibung derer Früchte und Getreide…. welche in der Provinz Elsass gebauen werden, 1747, p. 357 (Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Ms 630, p. 357) ; J. F. Hermann, Notices historiques, statistiques et littéraires, I, Strasbourg, 1817, p. 266; A. Seyboth, Das alte Strassburg, Strasbourg, 1890, p. 106 et 144 ; M. Freyss, « Le jardin d’Angleterre », La Vie en Alsace, 1925, p. 101-107; H. Haug, Petite histoire du tabac en Alsace, Strasbourg, 1961, p. 4 ; J. Vogt, « Pour une étude sociale de la dîme. Esquisse de la tenure de la dîme en Alsace XVIe et XVIIIe s. », Les fluctuations du produit de la dîme (Association française des historiens économistes. 1er congrès national, Paris 11-12.1.1969), Paris-La Haye, 1972, p. 132 ; J.-P. Kintz, La société strasbourgeoise du milieu du XVIe s. à la fin de la guerre de Trente Ans (1560-1650), Paris, 1984, p. 455-456. Signalons encore une liasse de lettres des Koenigsmann dans le fonds Uffenbach conservé à la Staatsbibliothek de Hambourg.
† François-Joseph Fuchs et Jean Vogt (1994)