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KNOBLOCH (KNOBLAUCH, CLOBELOCH, CLOBELOUCH)

Lignage patricien de Strasbourg, Xllle-XVIe s. Le premier du nom est un certain Burcardus Clobelauch, cité en 1197 parmi des ministériaux témoins d’une charte de l’abbé Helwic de Seltz. Ce sont peut-être ses descendants que l’on retrouve à Strasbourg dans la liste des monnayeurs (Hausgenossen) de 1266, au nombre de 10. Ils sont 18 dans la liste de 1283, dont 8 prénommés Johannes. La fréquence de certains prénoms rend incertain l’établissement de généalogies. La personnalité la plus remarquable du lignage au XIVe siècle fut sans doute Johannes der Alte (mentionné v. 1280 † 1349), probablement inscrit dans la liste des monnayeurs de 1283. Riche marchand de draps (ce qui l’empêcha d’acquérir un titre nobiliaire), il épousa en 1318 Greda, fille du chevalier Johann von Oberkirch. Il acheta entre autres des rentes, des biens fonciers, notamment dans le Schutterwald (1307) et près de Kehl, une part du bac du Rhin, etc. Il exerça diverses fonctions, administrateur de l’Œuvre Notre-Dame et du couvent de Sainte-Agnès, échevin. Membre du Conseil en 1324, il fut stettmeistre en 1332 après le changement de régime politique résultant de la querelle entre Zorn © et Mullenheim ©, puis quatre fois membre patricien du Conseil les années suivantes. En 1349, après la nouvelle révolution, il souscrivit, en tête des patriciens non nobles, le Schwörbrief modifié. Son fils aîné Walter († 1355) fut probablement aussi marchand de draps, car il est toujours qualifié de civis, tandis que son second fils, Johann Knobloch Langhenselin, fut écuyer (armiger) et deux fois membre du Conseil. Les Knobloch s’étaient multipliés au cours du XIVe siècle, c’est pourquoi certaines branches adoptèrent des surnoms, tirés de l’aspect physique du fondateur, de sa fonction ou de sa résidence. Il y eut ainsi des Knobloch Langhenselin, descendants de Johann senior, des Klein Knobloch, issus de son frère, dont l’un, Reimbold Klein Knobloch, fut chevalier en 1347, des Knobloch Lohnherr (maître des travaux), zum Wagener, zum Gulden, etc. C’est autour de 1400 que le lignage connut son maximum d’influence à Strasbourg. Plusieurs de ses membres étaient entrés dans la noblesse. Ils détenaient de vastes possessions en Basse Alsace et en Bade, des fiefs de l’Empire, des ducs d’Autriche, des comtes palatins, des margraves de Bade, du landgrave de Basse Alsace et de l’évêque de Strasbourg, sans parler des maisons dans la ville. Ils étaient alliés à presque toutes les familles nobles de la région.

Trois Knobloch furent stettmeistre de Strasbourg, Johann Knobloch Langhenselin en 1390 et 1397, Claus Knobloch zum Gulden, chevalier, en 1400 († 1420, d’après sa pierre tombale à Niederhaslach) et Wilhelm Knobloch en 1402, 1410 et 1414. Plusieurs Knobloch et surtout des filles assumèrent des dignités ecclésiastiques, ainsi Anton Knobloch à la commanderie Saint-Jean à Dorlisheim (1414) et Heilka Knobloch, à Sainte-Agnès (1426, 1434). Vers 1500, Agnes Knobloch est signalée comme ayant passé « plus de 82 ans » de sa vie dans son couvent (Sainte-Marguerite ?). Certains firent des pèlerinages en Terre Sainte et l’un d’eux fit apposer ses armoiries dans l’église du couvent de Sainte-Catherine au pied du Sinaï. La position sociale du lignage fut sérieusement affaiblie en 1419 par l’émigration patricienne, à laquelle participèrent les Knobloch : on n’en trouve plus qu’un seul en 1444 à Strasbourg, Hanns, dans le relevé de la bourgeoisie. Les émigrés s’installèrent en Basse Alsace et en Bade. Ainsi Berthold Knobloch Langhans († 1451), qui avait acheté une partie de la vallée de la Bruche avec Schirmeck et son château, qu’on retrouve en 1430 à Mutzig. Il eut deux fils, l’un Wilhelm, écuyer, l’autre Reinhart, abbé de Marmoutier de 1463 à 1478, et une fille, Barbara, abbesse d’Andlau de 1479 à 1493. Cependant, certains membres du lignage revinrent à Strasbourg. Le petit-fils du stettmeistre Claus Knobloch zum Gulden, Caspar († 1497), souscrivit en 1482 le dernier Schwörbrief strasbourgeois et fut dix fois au Conseil de 1476 à 1496. Le fils de celui-ci, Hans Jacob († 1545-1546), burgrave de Strasbourg, membre du poêle de la Meule en 1497, eut une carrière brillante comme conseiller de Charles Quint, qui l’envoya en mission auprès du duc Antoine de Lorraine, puis de Ferdinand et des ducs d’Autriche. Le lignage s’éteignit en 1560 en ligne masculine avec son fils Nicolas Knobloch von Fegersheim et en ligne féminine avec la fille de ce dernier, Apollonia (1587). L’un et l’autre furent inhumés au Gloeckelsberg. Le nom de Knobloch se retrouve dans plusieurs villes rhénanes, de Worms à la Suisse, sans lien de parenté avec le lignage noble strasbourgeois. Ainsi un Heinrich Knobloch était en 1410 et 1423 greffier de justice à Haguenau et son fils Caspar marchand de draps ; en 1509, un maçon Heinrich Knobloch était maître d’œuvre à Sélestat ; dans la seconde moitié du XVe siècle vivait à Endingen, Bade, Paul Knobloch, maître d’école, apprécié comme calligraphe et peintre : la bibliothèque de la commanderie de St-Jean de Strasbourg possédait un manuscrit peint par lui. Un pelletier d’Augsbourg, Pantrion Knobloch, reçut en 1504 le droit de bourgeoisie strasbourgeois ; son fils adhéra à la corporation zum Fryburg et ses deux petits-fils, Polydor et Melchior, obtinrent de l’empereur le droit d’adopter, avec modifications, les armoiries de l’ancien lignage éteint de Strasbourg, d’autant plus que Melchior, dès 1551, est signalé comme armiger Argentinensis. Melchior fut élu échevin de Haguenau en 1578 et il le resta jusqu’à sa mort (1592). Selon la Constitution, il fut de ce fait au moins deux fois stettmeistre régent pendant trois mois. Mais ce second lignage Knobloch s’éteignit dès la fin du siècle.

Kindler von Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg, 1886 ; A. Hanauer, J. Klélé, Das alte Statutenbuch der Stadt Hagenau, Haguenau, 1900, p. 89 ; J. Kindler von Knobloch, Oberbadisches Geschlechterbuch, II, Heidelberg, 1905, p. 314-324 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 49 ; Hans Rott, Quellen und Forschungen zur südwestdeutschen und schweizerischen Kunstgeschichte im 15. und 16. Jahrhundert, Stuttgart, III, 1936-1938, p. 302-336 ; Ph. Dollinger, « Patriciat noble et patriciat bourgeois à Strasbourg au XIVe s. », Revue d’Alsace, 90, 1951, p. 66 ; J. Hatt, Liste des membres du Grand Sénat…, Strasbourg, 1963, p. 471-472 ; Th. A. Brady, Ruling class, Regime and Reformation at Strasbourg 1520-1555, Leyde, 1978, p. 439 ; M. Alioth, Gruppen an der Macht : Zünfte und Patriziat in Strassburg im 14. und 15. Jh., Bâle, 1988, en part. I, p. 194 et 221, II, p. 529-532, 538, 541, 556 et 570 ; L. Châtelet-Lange, « Le voyage en Terre Sainte d’un Alsacien en 1561-1562 », Bulletin municipal officiel de Mundolsheim, 1989, p. 12.

† Philippe Dollinger (1993)