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KIRCHNER Victor Robert

Ingénieur général des Ponts et Chaussées, (Pr) (★ Bruxelles 8.10.1894 † Hérimoncourt, Doubs, 28.2.1991).

Fils de Rodolphe Waldemar Kirchner (★ Strasbourg 20.8.1856 † Nice, Alpes-Maritimes, 19.6.1943), conservateur des titres au Crédit Lyonnais à Bruxelles, et d’Emma Émilie Hélène Schneider (★ Mulhouse 15.6.1867 † Nice 31.12.1948). ∞ 26.5.1922 à Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine, Jenny Barbe Angèle Gilles (★ Neuilly-sur-Seine 10.10.1899 † Hérimoncourt 13.3.1989), fille de négociant ; 6 enfants. Issu d’une famille protestante ayant quitté après 1815 le Palatinat jusqu’alors français. Études primaires et secondaires à l’Athénée royal d’Ixelles, près de Bruxelles. Baccalauréat, puis mathématiques spéciales au lycée Louis-le-Grand à Paris. Engagé volontaire le 19 août 1914. Campagne contre l’Allemagne jusqu’au 17 mars 1919 terminée comme lieutenant d’artillerie. Deux citations. Croix de Guerre. Blessé en 1915 lors de la retraite du Vardar (campagne des Dardanelles). Par la suite : chef de bataillon du Génie (1939). École polytechnique (1919- 1920). Ingénieur des Ponts et Chaussées (1er novembre 1920). Chargé en 1922 de l’arrondissement de Mulhouse du Service de la navigation de Strasbourg, poste couvrant notamment le canal du Rhône au Rhin de Strasbourg à Belfort, y compris ses embranchements. Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées le 16 août 1937. Chargé du Service de la navigation de Lyon avec compétence sur le Rhône, de la frontière suisse à la mer, sur le canal du Rhône au Rhin en aval de Belfort, y compris ses embranchements, sur le Doubs et sur la Saône. Directeur régional de la navigation. Exerça, au titre d’ingénieur général de la 27e circonscription d’inspection générale des Ponts et Chaussées (Nord de la France), de 1954 à 1963 le contrôle statutaire du Port autonome de Strasbourg, au nom du ministre des Travaux publics et des Transports. Nommé membre du conseil d’administration du Port autonome de Strasbourg en 1964 pour une durée de 6 ans. La carrière de Kirchner a été consacrée en totalité aux voies de navigation intérieure. Durant le premier tiers de cette carrière, il eut à connaître en particulier la réorganisation des trafics par eau entre le bassin rhodanien et le réseau alsacien séparé du réseau intérieur pendant l’Annexion, ainsi que l’organisation du halage mécanique sur berge le long du canal du Rhône au Rhin. Cette même période fut aussi celle de la construction du bief de Kembs du Grand Canal d’Alsace. Plus fécond encore fut le second tiers de la carrière de Kirchner, qui « régna » véritablement en grand maître sur les voies d’eau de son service. Le Rhône en particulier était son domaine de prédilection : il en connaissait absolument tous les aspects techniques, administratifs, économiques et culturels. Insigne honneur pour un membre de l’administration, il était titulaire de la patente de pilote du Rhône, qui était alors encore à courant libre. Il eut à connaître durant cette période de grands projets d’aménagement du Rhône par la Compagnie nationale du Rhône et la réalisation des premières chutes. Pendant l’Occupation, il eut une attitude exemplaire. Les réquisitions de bateaux fluviaux par les autorités militaires d’occupation étaient systématiquement freinées par ses actions retardatrices, avec le concours des équipages et des compagnies. Ayant obtenu que son service ne fût pas coupé en deux par la ligne de démarcation (un service d’annonce de crues dans un bassin fluvial doit être centralisé), il disposait d’une autorisation permanente pour la franchir, ce qu’il mit à profit pour acheminer d’une zone à l’autre courrier, documents, argent, postes de radio, etc. De nombreux jeunes gens, notamment des juifs, furent soustraits grâce à lui au Service de travail obligatoire, voire acheminés vers la Suisse. Ses contacts suivis avec l’Armée secrète du Vercors lui valurent en particulier de sérieux ennuis avec la Gestapo. Au port de Strasbourg, Kirchner apporta le fruit de sa solide expérience fluviale. Ses conseils en matières réglementaire et domaniale furent particulièrement écoutés durant cette période de forte expansion du domaine portuaire tant à Strasbourg que sur différents sites rhénans de la région. Conseiller presbytéral de l’Église réformée de Lyon (1952-1958). Chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire (1931), puis officier (1949). Commandeur de l’ordre du Mérite agricole.

Nombreux articles et études dans les revues spécialisées françaises et étrangères, en particulier dans la Revue de la navigation du Rhin : sur le canal du Rhône au Rhin (10 août 1923), sur l’écluse et le canal de Huningue (septembre 1934), sur le Rhône, voie de pénétration vers la Suisse (25 juin 1951), sur l’aménagement de la dérivation de Donzère-Mondragon (25 juillet 1952).

Robert Weirich (1993)