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KILLIAN Charles

Botaniste, (Pl) (★ Saverne 18.2.1887 † Recife, Brésil, 26.1.1957).

Fils d’Émile Killian (★ Bouxwiller 10.9.1851 † Saverne 12.4.1929), médecin, et d’Albertine Klein, de Strasbourg. ∞ 9.8.1919 à Strasbourg Laure Hurst, fille de Jean Hurst et d’Émilie Ferch ; 1 fils. Killian a été orienté vers la botanique par son parent Émile Walter ©, fondateur du jardin botanique du col de Saverne. Études secondaires à Strasbourg et supérieures aux universités de Strasbourg, Berlin où il acquit les techniques dont la qualité et la précision marquèrent toute sa carrière, et Fribourg-en-Brisgau où il soutint une thèse de doctorat en philosophie des sciences naturelles en 1911. Intégra en juillet 1913 l’Institut de Botanique de Strasbourg au titre d’assistant de pathologie végétale. Chargé de cours à compter du 1er décembre 1918, et enfin, maître de conférences à la même faculté, le 1er août 1919. Il fut appelé à la faculté des Sciences d’Alger et nommé, le 1er novembre 1926, maître de conférences de botanique agricole. Le 20 juin 1928, il soutint en Sorbonne une thèse de doctorat ès sciences. De retour en Algérie, il fut nommé successivement professeur sans chaire (1929), professeur titulaire (1933) et enfin premier titulaire de la chaire de botanique agricole et expérimentale (1945-1956). La faculté des Sciences d’Alger lui conféra l’honorariat le 1er août 1956. De nombreuses études de mycologie, algologie, bactériologie et de génétique végétale, en allemand et en français, marquèrent sa première époque et trouvèrent bonne place dans les traités (l’Encyclopédie biologique de Lechevalier entre autres). Mais c’est en Algérie que ses travaux, dans le cadre de la mise en valeur des steppes et des zones présahariennes, prirent leur pleine signification. Il s’intéressa particulièrement aux espèces fourragères et alfatières des hauts plateaux algériens. Il observa, par tests floristiques, plantes indicatrices, le comportement des végétaux sur les terres « mises en défense et restauration » dans la zone côtière du Tell. Délaissant délibérément l’étude et l’inventaire classique de la flore, Killian tira de sa formation première les éléments et moyens pour entreprendre l’étude biologique précise, sur le terrain du phénomène alors peu connu de la désertification. Sa biculture linguistique et surtout scientifique lui offrit l’avantage rare d’apporter aux confins même du désert la haute technicité allemande. Ainsi utilisa-t-il, dans des conditions toujours très difficiles, un matériel très perfectionné (balances de haute précision abritées du vent et du sable, photomètres ultra-sensibles, anémomètres, hygromètres, appareils cryométriques…). Il put ainsi s’engager dans la voie nouvelle de l’écologie botanique et de la pédologie expérimentales. La microbiologie saharienne comme test suprême et infaillible de ces recherches en constitue la pièce maîtresse et indiscutablement une œuvre de pionnier (découverte de microorganismes propagateurs d’eau). À une époque où la photographie au microscope n’existait pas, il faut souligner la qualité extraordinaire de précision de ces dessins de microorganismes et de végétaux où il s’est usé les yeux. Partant des travaux du laboratoire de biologie saharienne, installé par ses soins, « à bout de bras », dans le Sud Oranais et fréquenté par des compétences internationales, puis des enquêtes effectuées aux cours de longues et difficiles expéditions sahariennes (Hoggar, Tibesti) et en Afrique occidentale (Sahel, Fouta-Djallon, Niger), Killian généralisa ses observations et fut le premier à affirmer la possibilité de mise en valeur des zones présahariennes et de régénération biologique de la steppe : l’aridité n’est qu’apparente dans les premières, la vie microbienne se réfugiant sous la croûte desséchée, les processus vitaux sont parfaitement contrôlables dans la seconde. Quand on pense que ce type de terres constitue le quart des surfaces émergées, on perçoit l’importance de tels travaux et la solution qu’ils peuvent apporter aux problèmes de la croissance démographique et de la faim dans le monde. S’il fut assez peu compris de l’administration française, les grandes organisations de l’UNESCO (l’Institut de la zone aride, la Food and Agricultural Organisation) considéraient Killian comme le représentant le plus qualifié pour les problèmes sahariens. C’est l’Allemagne qui lui donne le meilleur : après une intervention directe au laboratoire saharien de Killian, avec une camionnette-laboratoire et le matériel le plus perfectionné de l’époque, une équipe de chercheurs universitaires allemands apporta à Killian la plus haute de ses distinctions, la parution dans le monumental Handbuch der Planzenphysiologie d’un long article de synthèse de 30 années de recherches. Nommé membre correspondant de l’Académie des Sciences qui lui décerna le prix Montagné en 1935. Le gouvernement brésilien l’honora en attribuant son nom à deux plantes.

La liste non-exhaustive de ses publications figure dans R. Garrigues, « Charles Killian », Bulletin de la Société d’histoire naturelle de l’Afrique du Nord 48, mars-avril 1957, p. 197-205.

Archives familiales ; Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. 244, n° 23, 1957, p. 2753-2757 ; R. Garrigues, loc. cit., p. 192-205, portrait.

Yves Killian (1993)