Musicien, publiciste, pédagogue, (Pl) (★ Erckartswiller 3.12.1820 † Colmar 7.10.1898).
Fils de Philippe Kern (1786-1836), cultivateur, et de Sophie Mugler. ∞ I 20.9.1860 à Colmar Christine Adélaïde Sophie Rebert (★ Colmar 29.5.1842 † 22.7.1864), fille de Daniel Rebert, traiteur, et de Christine Adelaïde Sophie Hummel. ∞ II 31.8.1878 à Colmar Marie Salomé Obrecht (★ Horbourg 8.1.1835 † avant 1898), fille de Michel Obrecht, propriétaire, et de Marie Salomé Zimmerlin. Élève à l’École normale d’instituteurs de Strasbourg, que dirigeait alors Vivien, Kern fut nommé en 1841, à 21 ans, directeur de l’école protestante de Schiltigheim, forte de 120 élèves. Passionné de piano, d’orgue, de composition, il chanta dans un quatuor vocal, à l’Académie de chant, à la Chorale (aux côtés d’Émile Küss ©, le futur maire de Strasbourg) ; il dirigea une fanfare, composa des romances, publia des chants populaires alsaciens. Cette activité brillante et féconde lui valut d’être appelé en 1853 par Vivien, alors inspecteur d’Académie à Colmar, dans cette ville pour y réorganiser l’École normale d’instituteurs et y diriger l’école annexe. En 1856, après le départ de Vivien pour Lyon, Kern se vit écarté, contre toute attente, de la direction de l’École normale de Colmar qu’il avait mise en place. Il quitta l’enseignement et se consacra entièrement à la musique. Le 1er janvier 1856, il devint l’organiste attitré de la paroisse protestante de Colmar et le resta pendant 35 ans. Il déploya alors en faveur de sa ville d’adoption une activité culturelle prodigieuse, relançant la vie musicale par la fondation de la Société de chant sacré, de la Société chorale, de l’Harmonie, de la Société philharmonique. Il fut aussi professeur de chant au lycée de Colmar. De 1858 à 1860, il fut directeur du Glaneur du Haut-Rhin. En 1862, il acquit le magasin de musique de Jean Macé © et y adjoignit un rayon d’instruments de musique, tout en le transférant, dès 1865, place de l’Ancienne Douane. Il organisa d’innombrables concerts et fêtes populaires : en particulier du 8 mai au 10 mai 1858, un grand festival de chant choral. En 1860, pour le concours agricole de Colmar, il lança son Moniteur du Concours régional de Colmar, gazette spécialisée dans les questions agricoles. Survint la guerre de 1870 : il s’inscrivit dans la garde civique ; il fut désigné par les Prussiens comme otage chargé d’accompagner les convois ferroviaires jusqu’à Bollwiller. Entré en 1856 à la loge maçonnique colmarienne La Fidélité, il fut vénérable de la loge zur Treue de 1892 à 1894. Ami du maire de Colmar Camille Schlumberger ©, il fut vice-président en 1883 de la Société d’émulation et d’embellissement de la Ville ; en 1884, il devint président de cette société, appelée désormais Société d’embellissement de la ville de Colmar, laquelle contribua, par des squares, des promenades publiques, des fontaines, des statues, au visage actuel de la cité. Il fit appel à Bartholdi ©, son ami, pour les fontaines surmontées des statues de Roesselmann © et de Schwendi ©, ainsi que pour le monument de Gustave Adolphe Hirn ©. Il déploya également une intense activité d’écrivain, publiant d’innombrables articles et études dans le Journal d’Alsace, dans les Affiches de Strasbourg, dans l’Express de Mulhouse, faisant paraître des études sur des localités alsaciennes : Ensisheim, Hohlandsberg, Kientzheim, Kaysersberg, Lichtenberg, Herrenstein, ou sur des grandes familles : Boecklin de Boecklinsau ©, Falkenstein, d’Ochsenstein, Fleckenstein © de Rosen et Truchsess. Ses forces déclinant, il dut, vers 1890, renoncer à la plupart de ses fonctions, revendit son magasin de musique et s’installa à Horbourg, d’où il ne tarda pas à revenir à Colmar où il continua à composer des chants pour les écoles et des chants religieux pour l’Église de la Confession d’Augsbourg. Le 21 avril 1926, la municipalité de Colmar, reconnaissante, fit apposer une plaque de marbre à sa mémoire sur la maison John (XVIe s.) qu’il avait habitée, 2 place du Marché-aux-Fruits, de 1853 à 1894.
Sammlung deutscher Volkslieder welche im Elsass gesungen werden, Strasbourg, 1856 ; 62 chants à 2 et à 3 voix pour les écoles de Colmar, Colmar, 1857 ; Henri Lebert, Colmar, 1884 ; Geschichte des Colmarer Verschönerungsvereins in 2 Theilen : 1. Geschichte des Vereins, 2. Lazarus Schwendi und die Entstehung des Schwendibrunnens, Colmar, 1896 ; Die Armagnaken im Elsass, Strasbourg, 1898, 63 p. ; Die Schlachten bei Sempach und St. Jakob, Strasbourg, 1898 ; Die Todtentänze zu Basel, Kientzheim, Luzern, Strasbourg, 1900, 135 p. ; Bilder aus der Geschichte des Elsass. Geschichtliche Skizzen über Daniel Specklin, Hohlandsberg, Kientzheim, Kaysersberg, Lichtenberg, Leopold der Fromme 1351-1386, Kleber (9. März 1753-14. Juni 1800), collection d’articles, Strasbourg, 1900.
Archives municipales de Colmar, Archives familiales ; F. Harroy, « Georges Kern (1820-1898) », Affiches de Strasbourg du 10.12.1898 (portrait) ; Kern Georges 1820-1898. Notice biographique, Strasbourg, 1898 ; G. Merkling, Lebensbilder elsässischer Komponisten. Georges Kern, Strasbourg, 1910 ; A. Oberdoerffer, Nouvel aperçu historique sur l’état de la musique en Alsace en général et à Strasbourg en particulier de 1830 à 1913, Strasbourg, 1914, p. 41-43 ; « Un homme de bien : Georges Kern », Journal d’Alsace-Lorraine du 16.4.1926 ; A. Scherlen, Perles d’Alsace, II, Colmar, 1929 ; R. Spaeth, « Visages d’autrefois. Georges Kern », L’Alsace du 26.10.1950 ; J. Betz, « Autour de Georges Kern à l’occasion du 60e anniversaire de sa mort », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1958, p. 137-145 ; G. Kern, « Ma vie (1ère partie : 1820-1855) », Témoignages sur l’École normale de Strasbourg et les instituteurs alsaciens (Jusqu’en 1870) (textes de G. Kern, B. Lévy et L. Ross), Strasbourg, 1960, p. 11-44 (ill.) ; A. Wollbrett, « G. Kern : Souvenirs d’Erckartswiller », Cahier de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 81, 1973, p. 23-26.
Jean Happel (1993)