Famille (C) originaire de la région de Sélestat, illustrée, tant au XVIIIe qu’au XIXe siècle, par des lettrés, des juristes et des administrateurs.
- François Joseph,
administrateur et homme de loi (★ ? août 1727 † Strasbourg 17 pluviôse an II = 5.2.1794). ∞ Anne Lucie Malphilatre (★ Colmar 16.3.1731 † Strasbourg 10 ventôse an IX = 1.3.1803), fille d’Armand Gaston Malphilatre, avocat, puis conseiller au Conseil souverain d’Alsace, bailli de Hattstatt, et de Jeanne Baptiste Faidy. Après des études à la faculté de Droit de Strasbourg où il entra le 29 octobre 1748, il devint avocat et secrétaire-interprète au Conseil souverain d’Alsace. Successivement bailli de Niedernai et de Hochfelden, il fut le dernier syndic du Directoire de la noblesse de Basse-Alsace.
Georges Foessel (1993)
- François Joseph Armand Gaston,
ecclésiastique et diplomate (★ Strasbourg, Saint- Pierre-le-Vieux, 14.9.1757 † Strasbourg 26.12.1838). Fils de 1. Après des études de théologie, il remplit durant quelques mois, en 1782, les fonctions de vicaire à la paroisse Saint-Étienne de Strasbourg. Il fut nommé peu après, par Vergennes, attaché à la légation française de Basse-Saxe à Hambourg, puis secrétaire de la légation près de l’électeur de Trèves. Prédicateur renommé, il prononça en la cathédrale de Strasbourg, en mars 1790, l’homélie accompagnant l’installation de la nouvelle municipalité et qui fut goûtée par tous les partis. Demeuré dans les Allemagnes durant la Révolution, il acquit la confiance des princes à Coblence, qui en firent leur chargé d’affaires durant la campagne de 1792 en France. Après dix années passées à Vienne où il fut chargé de l’éducation du jeune comte Esterhazy, il rentra en France en 1816. Il obtint du roi une pension sur le ministère des Affaires étrangères et fut nommé chanoine honoraire du chapitre royal de Saint-Denis.
Il est l’auteur de : Considérations sur le traité de Bâle, [1795] ; Lettre du général Palafox au général Lefebvre ; Entretiens du Baron de Starck.
Georges Foessel (1993)
- Antoine François Xavier de,
conseiller général, maire de Strasbourg, administrateur (★ Strasbourg, Saint-Pierre-le-Vieux 7.4.1759 † Strasbourg 21.3.1832). Frère de 2. ∞ Philippine de Geiger de Gibelstadt, fille du grand bailli de Hesse-Darmstadt à Woerth. Après avoir commencé des études à Nancy, de janvier 1777 à juin 1780, il les compléta à la faculté de Droit de l’Université de Strasbourg et les termina par une thèse. Il devint très vite, dès avant la Révolution, un spécialiste des problèmes économiques et sociaux et, en tant qu’agent de la Ferme générale à Strasbourg, il mit tout son zèle « à protéger les négociants du département contre l’avidité fiscale des autres préposés ». La confiance de ses concitoyens l’envoya dès lors siéger à la première assemblée départementale du Bas-Rhin. Inscrit dès 1789 sur les rôles de la Garde nationale, il y remplit scrupuleusement ses devoirs, tout en œuvrant au service du contentieux du département. Son action ne l’empêcha pas, au lendemain du 10 août 1792, d’être suspendu en même temps que ses collègues de l’assemblée départementale. Or la fortune de son épouse ne suffisait pas aux besoins de la famille. Ce fut alors que le comte de Metternich, qu’il avait connu alors que celui-ci était étudiant à Strasbourg en 1788-1789, lui proposa le poste de secrétaire particulier pour administrer ses biens dans les pays rhénans et en Bohême. Il accepta immédiatement et partit avec son épouse le 25 avril 1791 pour Coblence, avant de s’établir à Bruxelles, où il accompagnait Metternich nommé plénipotentiaire de l’empereur aux Pays-Bas autrichiens. En 1796, il résidait en Bohême. En dépit de la vente des biens de son épouse comme biens nationaux, il refusa d’entrer au service direct de l’empereur d’Autriche et de demander sa naturalisation. Ayant accompagné Metternich au Congrès de Rastatt à la fin de 1797, il sollicita des représentants français sa radiation de la liste des émigrés. Cependant, si son épouse fut réintégrée dans la nationalité française en juin 1801, ce ne fut qu’en novembre de la même année qu’il put regagner Strasbourg. Reprenant d’emblée ses anciennes voies, il devint avocat auprès de l’administration des douanes, et comme l’a dit Th. Stoeber, « sans trahir sa conscience, il sut défendre à ce poste le commerce contre les exigences fiscales. Au milieu des tentations et des offres les plus séduisantes, il resta un homme intègre, un homme d’honneur et sortit de cette administration les mains pures. » Son action l’amena même, le 28 août 1808, à être nommé par décret impérial membre du Conseil d’arrondissement de Strasbourg. Mais son heure de gloire survint au lendemain des Cent-Jours, où ses sentiments de fidélité envers les Bourbons et la cause royale le firent choisir pour présider aux destinées de sa ville natale. Lors de son installation à la mairie, le 16 octobre 1815, cérémonie à laquelle participèrent toutes les autorités civiles, religieuses et militaires, il déclara dans son allocution « prendre l’engagement solennel selon lequel ses concitoyens trouveraient en lui les sentiments d’un père ». Or ce fut bien là l’esprit dans lequel, au cours de trois mandats successifs, de 1815 à 1830, il administra Strasbourg. Cet ancien émigré, ami de Metternich, ne fut jamais sectaire et fit souvent preuve d’une grande sollicitude envers ses adversaires politiques, comme il le montra en intervenant avec succès en faveur du maréchal de camp Antoine Gruyer ©, emprisonné à la citadelle de Strasbourg. Sa modération lui valut à bien des reprises l’animosité des Ultras et en particulier du préfet Malouet ©, qui le traita de « royaliste en pantoufles » et de « royaliste du coin du feu ». Meilleur juge que lui, Th. Stoeber reconnut que « par sa fermeté inébranlable, (il) sut garantir ses administrés des réactions royalistes » et que ce fut bien grâce à lui que « le sang n’avait pas coulé à Strasbourg ». Son anoblissement, ainsi que celui de ses trois frères, à la date du 17 août 1816, et son entrée au Conseil général du Bas-Rhin la même année, montrèrent assez en quelle estime le tenait le gouvernement des Bourbons. Il se consacra durant toute sa magistrature, par l’action comme par la plume, à venir en aide aux plus démunis de ses concitoyens. C’est ainsi que lors de la disette de 1817, ce fut sous son impulsion que furent prises les mesures qui soulagèrent les misères des Strasbourgeois les plus nécessiteux, telles l’instauration d’un « atelier de travail » et par la suite la construction d’une imposante halle aux blés, renouant ainsi avec la politique frumentaire de l’ancienne Ville libre. De même consacra-t-il bien des efforts à la lutte contre la mendicité, qu’il étudia avec une particulière perspicacité dans son ouvrage Des moyens de remédier à la mendicité à Strasbourg (Strasbourg, 1830), dénonçant en particulier le laxisme des autorités des villes de « l’Intérieur », à cause duquel la ville de Strasbourg se voyait surchargée d’un nombre considérable de vagabonds étrangers à la région. En même temps, s’il présida à la fin des travaux du nouveau théâtre, inauguré en 1821, comme indispensable au lustre de sa cité, il lutta surtout en faveur de la relance de son négoce et prôna, pour lui faire retrouver son ancienne prospérité, à la fois des institutions appropriées aux conditions locales, le retour du transit et la cessation du monopole des tabacs. Par ailleurs, son admiration pour Strasbourg à l’époque où, comme il déclara lui-même, « sa ville natale jouait un rôle parmi les États libres et indépendants », le poussa à rédiger ses deux œuvres les plus marquantes, à savoir les deux volumes de ses Documents historiques tirés des Archives de la Ville de Strasbourg (Strasbourg, 1818-1819) et celui de Strasbourg et l’Alsace, ou choses mémorables des vieux temps (Strasbourg, 1824). Pourtant, ce magistrat intègre, cultivé et dévoué, qui réalisa tout ce qu’une période de marasme économique et de difficultés politiques lui permettait, allait connaître l’ingratitude de ses concitoyens. Forcé de démissionner le 3 août 1830, par la Révolution triomphante, il allait se voir obligé de se défendre contre les calomnies de ses adversaires, dans son ultime ouvrage consacré à la Vérité sur quelques faits d’administration municipale (Strasbourg, 1831). Sa mort survint l’année suivante, sans que le Conseil municipal du moment ne lui rendît un quelconque hommage. Officier de la Légion d’honneur. Chevalier de l’ordre de l’Éperon d’or.
Georges Foessel (1993)
- Jean Baptiste de,
magistrat (★ Strasbourg, Saint-Pierre-le-Vieux, 17.6.1767 † Strasbourg 8.12.1845). Frère de 3. Célibataire. Après des études de droit commencées à l’Université de Strasbourg le 7 novembre 1785, il fut vice-président du tribunal civil de Strasbourg de 1815 à 1824, puis président du même tribunal, de 1825 à 1840. Chevalier de la Légion d’honneur. Chevalier de l’ordre de Saint-Louis.
Annuaire statistique, historique et administratif du département du Bas-Rhin, 1799-1870 ; L. Spach, Moderne Culturzustände im Elsass, I, Strasbourg, 1873, passim ; Knod, Die alten Matrikeln der Universität Strassburg, 1621 bis 1793, III, p. 166 (index) ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 20-22 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 130, 150, 201, 230 et 236 ; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, IV, 1982, p. 772 (index) ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4450 ; Kammerer, Répertoire du clergé d’Alsace sous l’Ancien Régime 1648-1792, I, p. 169, n° 2632.
Georges Foessel (1993)
- Charles Louis de,
maréchal de camp (★ Strasbourg, Saint-Pierre-le-Vieux, 13.12.1770 † en Autriche 1844). Frère de 4. ∞ Jeanne Louise Schwartz de Hohen († Paris 19.1.1860). Émigré, il entra en 1791 dans les gardes du roi, puis passa capitaine au régiment allemand de Wittgenstein à l’armée des princes en 1792 et servit ensuite dans les hussards de Rohan à l’armée anglaise. Capitaine en 1804 au 60e régiment d’infanterie anglais au service duquel il fut nommé lieutenant-colonel en 1814. Démissionna du service britannique en décembre 1814 pour entrer en France, où il fut employé à l’État-Major général de la Guerre. Lors du retour de Napoléon de l’île d’Elbe, il accompagna Louis XVIII à Gand. Après les Cent-Jours, aide de camp du comte d’Artois qui l’attacha à son cabinet quand il devint roi et le nomma maréchal de camp le 30 juillet 1823. Après les événements de juillet 1830, il fut mis à la réforme en demi-solde et quitta la France pour l’Autriche pour rester au service de Charles X en exil. Mais comme il ne pouvait pas rester à la charge de ce dernier, il accepta le 26 septembre 1833 le grade de général major dans l’Armée autrichienne et d’attaché au prince de Wasa. En conséquence, pour avoir pris du service à l’étranger sans l’autorisation de Louis-Philippe, il fut rayé des contrôles de l’Armée comme ayant perdu sa qualité de Français le 20 décembre 1833.
Archives historiques de l’Armée. IIe série, dossier 2475 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 2 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4450.
Maurice Kubler (1993)
- Alexandre de,
sous-préfet de Sélestat, chef de division au ministère des Finances (★ Koenigswert, Bohême, 27.2.1798 † Strasbourg 10.6.1879). Fils de 3. ∞ 26.9.1835 Marie Joséphine Julie de Münck (★ Nordhouse 7.5.1816), fille de Marie Xavier Louis de Münck et de Marie Ursule Reibel, de Nordhouse ; un fils mort en bas âge. Pourvu d’un diplôme de licencié en droit, Kentzinger commença une carrière administrative comme secrétaire général de la Haute-Loire. Le 11 décembre 1825, il fut nommé sous-préfet de Sélestat en remplacement de Thadée Roesch ©. Sa présence à Sélestat a été marquée par le voyage du roi Charles X en Alsace. Le 10 septembre 1828, Kentzinger, entouré des maires des cantons environnants, l’accueillit à Saint-Ludan, premier relais en partant de Strasbourg et eut l’honneur de complimenter Sa Majesté à l’entrée de l’arrondissement de Sélestat. Il accompagna le roi après sa courte station à l’Hôtel de ville jusqu’à l’arc de triomphe élevé sur les limites des deux départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, où il prit congé du roi et offrit à Sa Majesté le dernier hommage de respect et de fidélité de ses administrés. Comme son père, Kentzinger fut « l’homme des Bourbons ». C’est à cette époque que l’ancienne rue de l’Empereur (actuelle rue de Verdun) prit passagèrement le nom de rue des Bourbons. Au lendemain de la Révolution de 1830, le 14 août, Kentzinger fut remplacé par A. Blanchard © et se trouva alors sans emploi. Sous la Monarchie de Juillet,
le ministre des Finances G. Humann © le fit entrer dans son ministère, où il occupa durant plusieurs années le poste de chef de division. Chevalier de la Légion d’honneur.
P.-J. Fargès-Méricourt, Relation du voyage de Sa Majesté Charles X en Alsace, Strasbourg-Paris, 1829 ; Lehr, L’Alsace noble, 1870, II, p. 273 et 387 ; Journal d’Alsace du 13.6.1879 ; Affiches de Strasbourg du 14.6.1879 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 177.
Maurice Kubler (1993)