Maréchal d’Empire, (C) (★ Strasbourg, paroisse Saint-Laurent, 28.5.1735 † Paris 13.9.1820). Issu d’une famille d’origine saxonne qui, au XVIe s., vint s’établir à Strasbourg et se convertit au catholicisme au XVIIe s.
Fils de Jean Christophe Kellermann, secrétaire de l’approvisionnement en sel et premier échevin de Strasbourg, et de Marie Magdeleine Dürr. ∞ 26.9.1769 à Metz Anne-Marie de Barbé-Marbois, fille de François-Étienne de Barbé-Marbois, conseiller du roi, directeur et trésorier particulier de la Monnaie de Metz. Après quelques études préliminaires, il entra comme cadet au service du régiment de Lowendal et, trois ans après, passa comme enseigne au régiment Royal-Bavière. Lieutenant aux volontaires d’Alsace, il fit avec ce corps la guerre de Sept ans, au cours de laquelle il se signala à Bergen et à Friedberg. Capitaine dans les volontaires du Dauphiné en 1761, puis dans la légion de Conflans-Hussards en 1763. Chargé de mission en Pologne en 1765, il servit dans ce pays avec le corps des volontaires sous Vioménil en 1771 et fut chargé d’organiser la cavalerie dans le palatinat de Cracovie. Nommé lieutenant-colonel à son retour en France en 1772 et puis successivement brigadier en 1784, mestre de camp en second au régiment, colonel général de hussards et maréchal de camp le 9 mars 1788. Commandant du Haut-Rhin et du Bas-Rhin en 1791, il s’acquitta de ces fonctions avec talent, s’occupa activement de l’instruction des troupes et mit en état de défense toutes les places de son commandement. Lieutenant général le 20 mars 1792, commandant le camp de Neukirch, et la division de la Sarre et le camp de Wissembourg le 6juillet 1792. Commandant en chef de l’armée du Centre à la place de Luckner © le 20 août 1792. Quoique subordonné à Dumouriez du 19 septembre au 5 octobre 1792, il fut le véritable vainqueur de Valmy le 20 septembre 1792. Il se mit à la poursuite des Prussiens et libéra Longwy et Verdun. Nommé commandant de l’armée des Alpes le 11 novembre 1792, puis commandant en chef des armées des Alpes et d’Italie à la place de Biron le 20 mai 1793, il fut chargé du siège de Lyon du 8 août au 31 août et chassa l’ennemi de Savoie le 13 septembre Décrété d’arrestation le 12 octobre 1793 et emprisonné à l’Abbaye le 18 octobre 1793 d’où il écrivit à Fouquier-Tinville pour protester de son innocence et rappela qu’il était un républicain jacobin et qu’il avait battu et exterminé un grand nombre de satellites des tyrans coalisés… Il lui fut reproché « d’être un vieil esclave du tyran des Français en conspirant contre le peuple français et de correspondre avec les ennemis intérieurs et extérieurs de la République ». Accusations assez graves pour le conduire à l’échafaud.
Heureusement pour lui, pendant sa détention, la journée du 9 Thermidor vint mettre fin au règne de Robespierre. Passé en jugement en novembre 1794, il fut acquitté à l’unanimité, réintégré dans son grade le 15 janvier 1795 et nommé à nouveau commandant en chef de l’armée des Alpes et d’Italie le 3 mars 1795. Commandant la 7e division militaire le 28 août 1797, admis au traitement de réforme le 21 octobre 1797 et remis en activité, affecté à la réorganisation de la cavalerie le 5 mars 1798, il fut président du comité militaire pour la classification des places de guerre à conserver ou à supprimer. Après le 18 Brumaire, il fut nommé sénateur le 24 décembre 1799, maréchal d’Empire le 19 mai 1804 et obtint la sénatorerie de Colmar le 28 mai 1804. Commandant le 3e corps de réserve sur le Rhin et chargé en même temps de protéger les états de la Confédération du Rhin. Le 20 ao=ût 1807, il reçut le domaine de Johannisberg, sur la rive droite du Rhin, et le titre de duc de Valmy le 3 juin 1808.
Commandant l’armée de réserve en Espagne le 25 novembre 1808, de la réserve de l’armée du Rhin le 14 avril 1809, il obtint le commandement du corps d’observation de l’Elbe à Hanau le 8 mai et des 5e, 25e et 26e divisions militaires le 27 juin 1809. Commandant supérieur des 25e et 26e divisions militaires le 12 avril, commandant le corps d’observation du Rhin le 20 janvier 1813 et commandant supérieur des 2e, 3e et 4e divisions militaires le 17 novembre 1813. Après avoir voté la déchéance de Napoléon Bonaparte et de sa famille le 2 avril 1814, il fut nommé commissaire du roi dans la 3e division à Metz en mai 1814 et après le traité de Paris, le 4 juin 1814, il fut fait pair de France et grand-croix de Saint-Louis le 23 août 1814. Nommé à la même date gouverneur de la 5e division à Strasbourg, où il resta en fonction jusqu’au retour de Napoléon de l’île d’Elbe.
Le 24 mars 1815, il offrit ses services à l’Empereur par l’intermédiaire du maréchal Davout, ministre de la Guerre, « désirant – écrivait-il – vivement être utile dans les circonstances, et donner de nouvelles preuves de zèle et de dévouement… Sa Majesté sait toute l’activité que j’ai mise dans l’organisation des troupes lors des différents commandements qu’elle m’avait confiés. » Napoléon ne lui confia aucun commandement, se contentant de le nommer pair de France le 2 juin 1815. Après la chute définitive de l’Empire, Kellermann se rallia à nouveau aux Bourbons et cessa ses activités militaires. Il retrouva sa place comme pair de France. Comme tel, il fut appelé le 4 décembre 1815 à juger le maréchal Ney, son ancien compagnon d’armes. Il s’en acquitta avec peu d’honneur. En effet, il compta parmi ceux qui vouèrent à des balles françaises le princede la Moskowa. Ce qui est d’autant plus regrettable que, parmi les pairs, il s’est trouvé d’anciens émigrés qui, malgré d’impérieuses raisons d’être rigoureux à l’égard de Ney, n’hésitèrent pas à voter la déportation, voire même à s’abstenir. Dans les dernières volontés, peu de temps avant sa mort, Kellermann voulut que son cœur fût placé au milieu du champ de bataille de Valmy, ce qui fut fait le 3 septembre 1821. Quant à son corps, il fut enterré au Père Lachaise où une tombe monumentale lui fut érigée. Le nom du maréchal Kellermann est inscrit sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile.
Archives nationales, W482 dossier 374 ; Archives historiques de l’Armée, IIe série, dossier 15 ; Chevalier de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français depuis le XIe siècle jusqu’en 1820, VII, Paris, 1820-1823, p. 75 ; Biographie universelle ancienne et moderne XXI, Paris, s.d., p. 493-500 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 16 ; Six, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux… 1792-1814, Paris, I, p. 1 ; Neue Deutsche Biographie, XI, 1977, p. 471 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4445.
† Alphonse Halter (1993)