Professeur de clinique obstétricale et gynécologique, (C) (★ Saverne 29.8.1883 † Strasbourg 11.2.1963).
Fils de Charles Alfred Keller et de Joséphine Caroline Grandjean ∞ 18.10.1919 à Haguenau Marie Louise Suzanne Scharenberger. Études médicales à la faculté de Strasbourg de 1901 à 1906, avec une interruption d’une année passée à celle d’Alger (1904-1905) pour se perfectionner dans la langue et la clinique françaises, suivie à son retour d’une formation complémentaire en bactériologie et en anatomie pathologique (1907-1908). Thèse de doctorat soutenue le 21 mai 1908, intitulée Zur Kenntnis der kongenitalen Hautdefekte am Kopfe des Neugeborenen (Étude des lésions cutanées congénitales du nouveau-né), Berlin, 1908. S’étant orienté vers la gynécologie et l’obstétrique, assistant du professeur Fehling ©, Keller effectua un stage au service du professeur Sauerbruch à Zurich (juin 1913-août 1914). Mobilisé durant la Première Guerre mondiale, il fut nommé, dès la réouverture de la faculté de Médecine française, chargé de cours d’accouchements et de gynécologie à la clinique alors dirigée par son ami, le professeur Gustave Schickelé ©. Pérennisé en 1928, il devint directeur de la Maternité et de l’École des sages-femmes la même année. Mobilisé à nouveau lors de la Deuxième Guerre mondiale, il servit comme médecin-chef du Centre hospitalier militaire de Bussang-Le Thillot, avant d’être replié à Clairvivre en Dordogne à l’hôpital des réfugiés, où il participa à la Résistance. Devenu professeur sans chaire en 1941, il succéda au professeur Reeb © à dater du 1er octobre 1941 dans la chaire d’obstétrique et des maladies de femmes de l’Université de Strasbourg (décret du 19 décembre 1941). Ayant pu reprendre à la Libération la direction de la clinique à Strasbourg, il fut à même de réorganiser ce centre d’enseignement, de soins et de recherches. Jusqu’à l’honorariat conféré en 1954, il forma de nombreux élèves français et étrangers ; parmi eux, ses successeurs, les professeurs Ginglinger et Gandar © ont transmis le renom de l’école strasbourgeoise. Matérialisée par plusieurs centaines de publications ou rapports de congrès, l’œuvre scientifique de Keller englobe les principaux domaines de l’obstétrique (notamment : l’accouchement médical, la prévention du prolapsus génital, les troubles de la mécanique obstétricale, l’opération césarienne par une technique personnelle basse transversale, etc.) et de la gynécologie (traitement des tumeurs malignes de l’ovaire, états précancéreux, tuberculose génitale, cancer du col utérin, etc.) ; une part importante revient également à ses recherches originales sur les fonctions endocriniennes dans la grossesse et la lactation. Doué d’une particulière « virtuosité opératoire », il se distinguait aussi bien au laboratoire par sa compétence en anatomie pathologique. Membre des principales sociétés savantes européennes, il fut élu correspondant national pour la division de chirurgie à l’Académie de Médecine le 24 mai 1955. Officier d’Académie (1920), de l’Instruction publique (1938). Chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire (1940), puis officier (1952). Médaille d’argent de l’Assistance publique. Commandeur de l’ordre grand-ducal de la Couronne du Chêne de Luxembourg, chevalier de l’ordre de Léopold de Belgique, etc.
R. Keller, A. Ginglinger, La chirurgie en obstétrique, Paris, 1946.
R. Keller, Titres et travaux scientifiques, Strasbourg, 1928 ; R. Fontaine, Discours prononcé sur la tombe du Pr. Keller le 14 février 1963, s.l.n.d. ; J. Snoeck, « Raymond Keller 1883-1963 », Journal de gynécologie et d’obstétrique, 1963.
Théodore Vetter (1993)