Fondeur de canons et de statues, (Pr) (★ Zurich 17.12.1635 † Colmar 20.1.1700).
Fils de Hans Balthasar Keller, grand bailli de Laufen, et de Verena Wetzel. Jeanne Ternault, de Douai (?) († Biesheim 30.5.1693). Avec son frère Jean Balthasar, il entra au service de la France en 1654 et fut chargé en 1669 de créer une fonderie de canons. Il reçut, de même que son frère, le titre de commissaire ordinaire des fontes de l’artillerie de France. Louis XIV les naturalisa tous deux en 1674 sans qu’ils eussent à abandonner la bourgeoisie zurichoise. Par la suite, les deux frères établirent des fonderies de canons à Besançon, à Pignerol et sur une île du Rhin face à Brisach. Cette dernière fonderie fut démolie en 1679 pour permettre l’édification de la Ville-Neuve de Brisach, siège du Conseil souverain d’Alsace, qui n’eut qu’une existence éphémère, car, en application du traité de Ryswick signé en 1697, cette ville fut rasée en 1699. Tombé en disgrâce en 1678 sur un rapport de Vauban dans lequel il est dit « que les pièces de Keller ne valent rien et se rompent comme des poteries de terre ». Il s’en défendit sans succès en publiant un mémoire de ce qui s’est passé au fait des fontes de canons « se disant victime d’une cabale ». Après la destruction de la Ville-Neuve de Brisach, il fut nommé en 1700 procureur fiscal de Biesheim avec résidence à Colmar. Avec son frère, il coula de nombreuses statues pour le parc de Versailles et une statue équestre de Louis XIV à Paris. Abjura le calvinisme avant de mourir.
Archives départementales du Haut-Rhin, 1 B 754/244, 1 B 850 (29657), 1 B 950, 956; Fonds Corberon-Bruges, 1 J 61/4 ; Archives historiques de l’Armée, 1A 1461 ; Biographie universelle ancienne et moderne XXI, Paris, s. d., p. 488 ; Dictionnaire historique et biographique de la Suisse IV, Neuchâtel, 1928, p. 339; L. Kammerer, Généalogie de la famille Kammerer, 3e partie, Compléments et corrections, Strasbourg, 1976, p. 2-3, 17 ; A. Étienne-Magnien, « Une fonderie de canons au XVIIe s. : les frères Keller à Douai (1669-1696) », Bibliothèque de l’École des chartes, t. 149, 1991, n° 1, p. 91-105.
† Alphonse Halter (1993)