Poète, (I) (★ Waldighoffen 24.12.1892 d. Mulhouse 12.1.1981).
Fils de Jacques Katz, commerçant, et de Fanny Schmoll, originaire de Blotzheim (commerce de textiles). ∞ 1948 à Mulhouse Françoise Boilly, (C), descendante du général Foy © et du peintre Louis Léopold Boilly (1761-1845). D’abord employé de bureau aux usines Emmanuel et Jacques Lang (jacquard et tissus de luxe). En 1914 mobilisé dans l’Armée allemande ; blessé au bras lors de la bataille de Sarrebourg ; opéré à Tübingen ; comme convalescent, affecté au service de la Croix-Rouge à Fribourg-en-Brisgau, occasion pour lui de suivre, en auditeur libre, à l’Université, les cours de langue et littérature alémaniques du professeur Witkop. Au début de 1915, Katz fut envoyé sur le front russe où il fut fait prisonnier en juin de la même année. Rapatrié avec d’autres Alsaciens fin août 1916 ; réquisitionné aux usines d’armements à Saint-Étienne jusqu’à la fin de la guerre. De 1923 à 1926 il a été représentant, essentiellement en France, pour une industrie métallurgique suisse, la société Dideros à Bâle ; de 1926 à 1931 pour une société de machines textiles de Mulhouse (France, Allemagne, Autriche, Hollande, Tchécoslovaquie). La crise économique le fit passer dans l’agro-alimentaire. A partir de février 1931, il fut représentant des produits Ancel à Strasbourg (pâtisserie) et voyagea en Suisse, en Hollande et essentiellement au Maghreb. La Deuxième Guerre mondiale le surprit à Périgueux où il fut mobilisé pour l’Afrique du Nord (au 21e C.O.A.). En 1940, il rejoignit son usine strasbourgeoise, évacuée à Limoges, et passa ainsi les années de guerre en zone libre. Les restrictions qui freinèrent la vente des produits Ancel et le suicide de son patron et ami mirent fin à son activité d’« inspecteur-voyageur ». En 1945, il rentra à Mulhouse et y devint bibliothécaire à la bibliothèque municipale. À partir de 1958, Katz mena à Mulhouse une paisible vie de retraité, entouré de son épouse, de ses amis et de ses livres. Membre du comité régional de l’Exposition internationale de Paris en 1937, membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques français, membre de la Société des écrivains d’Alsace et de Lorraine. Lauréat du Oberrheinischer Kulturpreis en 1966. Invité d’honneur du Hertinger Hebelschoppen en 1968. Grand Bretzel d’or en 1977. On le voit, Katz n’a pas été le poète-paysan qu’on a quelquefois voulu voir en lui. Autodidacte certes, mais passionné de lecture et d’étude. Pour avoir accès dans le texte aux écrivains qu’il admirait, il se perfectionna en français (que lui avait d’abord enseigné sa mère) par des cours du soir et des leçons particulières. Il apprit aussi l’anglais (assez pour transposer Shakespeare, Tennyson, Burns, E. A. Poe ou Kipling en alémanique, cf. Maie üs fremde Sproche, traductions publiées par V. Hell ©). D’incessants voyages ont ouvert à Katz les horizons du monde et ses amitiés furent loin de se limiter au monde industriel et commercial. Il rencontra par exemple Paul Valéry à Limoges. Mentionnons aussi le fameux Cercle d’Altkirch, au « Château » de René Jourdain, cet éclectique amateur d’art, lui-même peintre et poète. Katz y fréquenta le peintre Arthur Schachenmann, Robert Breitwieser ©, Maxime Alexandre ©, J.-P. de Dadelsen ©, Guillevic, Frédéric Hoffet ©, Guillain de Bénouville, « Mademoiselle Bergson », la fille de Henri Bergson, le graveur André Jacquemin, etc. Mais ce sont surtout ses lectures qui ont mis Katz en contact avec la littérature universelle, grecque, française, allemande, anglaise, russe, orientale. Sophocle, Euripide, Platon, Aristophane, Goethe ©, Schiller, Hölderlin, Heine, Rilke, Racine, Balzac, Baudelaire, Péguy, James, Mistral, Tolstoï, Shakespeare, Poe, Hafis, Kalidasa, Rabindranath Tagore, Li Tai Peh ou Thu Fu comptèrent parmi ses favoris. À la librairie du village il avait découvert les œuvres dramatiques de Schiller, lorsque sur l’intervention de sa mère, par l’intermédiaire du curé, le libraire n’eut plus le droit de lui vendre Buffalo Bill. Puis ses camarades, entrés à l’École normale de Colmar, lui rapportèrent leurs livres de littérature et les catalogues des éditions Philipp Reclam. Enfin il eut la révélation des auteurs contemporains à l’intérieur même de la boucherie familiale où un marchand livrait régulièrement un stock de journaux pour l’emballage : les journaux bâlois comportaient une page littéraire.
C’est là aussi qu’il entendit pour la première fois réciter les poèmes de J. P. Hebel par un marchand badois, venu voir son père, et qui offrit par la suite au futur poète tout un volume de l’auteur alémanique, avant que celui-ci ne fasse, à l’âge de 16 ans, la connaissance de Charles Zumstein. Rencontre capitale en ce sens qu’elle révéla au jeune Nathan qu’on peut être poète tout en exerçant un métier. Ces rencontres de hasard et ces lectures décidèrent de la double orientation de l’œuvre littéraire de Katz, à la fois étroitement ancrée dans le Sundgau natal et ouverte sur le monde : des récits villageois authentiquement populaires (‘S Ftosele, D’Gschichte vom e Rolli, Dr Schorschle) et des œuvres qu’on peut appeler « classiques » (on a pu comparer Annete Balthasar à l’Agnes Bernauer de Hebel, cf. Y. Siebert, Recherches germaniques, 1974, n° 4, p. 180-189), en particulier ses poésies.
Das Galgenstüblein. Ein Kampf um die Lebensfreude, Strasbourg-Mulhouse, 1920 (écrit en captivité en Russie) ; Annele Balthasar, E Stick in vier Akte, Thann, 1924 ; Die Stunde des Wunders, Guebwiller, 1930 (en allemand) ; Sundgäu, Dialekt-Gedichter, Colmar, 1930 ; D’Ardwibele, E Spiel iis em Sundgäu, Colmar, 1930, musique de Léon Kaufmann ; Sundgäu, Gedichter, O loos dà Rüef dur d’Gàrte. Näii Sundgäu Gedichter, Colmar, 1958 ; « ‘S Rosele », Contes et récits d’Alsace. Petite anthologie de la poésie alsacienne, III, Strasbourg, 1966 ; « D’Gschichte vom e Rolli, » ibidem, V, Strasbourg, 1970 ; Sundgäu, Paris, 1975.
De nombreux articles dans les journaux locaux et régionaux de part et d’autre du Rhin. Quelques brèves analyses dans des revues. Deux études universitaires : V. Hell, Nathan Katz. Itinéraire spirituel d’un poète alsacien. Poésie populaire : tradition et renouveau, Colmar, 1978 ; Y. Siebert, Nathan Katz, poète du Sundgau, Strasbourg, 1978, avec, p. 258-264, une bibliographie, notamment la liste et les références des articles parus sur le poète.
Yolande Siebert (1993)