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KAMMERER Jean Georges

Libraire, (Pl) (★ Strasbourg 26.3.1774 † Strasbourg 2.7.1845).

Fils de Philippe Jacques Kammerer, cordier, et de sa seconde épouse Suzanne Marie Treuttel, veuve Würtz. ∞ 20.7.1803 à Strasbourg Caroline Schatz ; 2 enfants, morts en bas âge. Kammerer bénéficia non seulement de l’aisance familiale parisienne provenant du commerce de produits coloniaux et d’une librairie célèbre, mais aussi d’une culture bilingue et largement ouverte vers l’Europe (Londres, Leipzig, etc.), comme en témoignent les onze précieux volumes de sa correspondance. Avec la fougue de ses 16 ans, Kammerer vibrait en allemand ou en français, dans son Tagebuch, aux événements révolutionnaires, attendait avec impatience les nouvelles en évoquant ses héros (Socrate, Henri IV), recopiait des textes et les commentait : « 20 mars 1791. La présente situation des 2 départements du Haut et du Bas Rhin me paraît depuis cette semaine extrêmement dangereuse et je n’ai pu me garantir du soupçon d’une contrerévolution de ces départements. » Un romantisme nourri de culture antique et de patriotisme lui inspira une pièce en 5 actes (non éditée ?) intitulée : Palmerius oder die Vaterlandsliebe, ein heroïsches Trauerspiel, dans laquelle Lombards et Romains s’affrontent aux pieds des murailles de Ravenne par discours et chœurs interposés. La correspondance (passive) commerciale avec les familles Drion e Jung, J. Ortlieb de Colmar et Treuttel-Würtz de Paris témoigne d’activités diverses recouvrant la vente de coton, indigo, poivre, cochenille, teintures, jusqu’à la librairie avec « assortiment français », en association avec Jean Daniel Paul Weise. La correspondance familiale révèle certains traits de la personnalité de Kammerer : « ton sang bouillant, lui écrivait son frère, et ton caractère craintif et pessimiste mais aussi ton excellent cœur ». Elle révèle aussi ses convictions religieuses tolérantes. En 1829, Kammerer commentait avec bienveillance la fondation, à Paris, par deux membres de sa famille, d’une « école à enseignements mutuels pour enfants catholiques… et pourtant ils sont tous deux protestants ». Adjoint laïque de l’inspecteur ecclésiastique (d’après une lettre de 1831), receveur à Saint-Thomas puis secrétaire du Consistoire (1835-1845), il prit une part active aux problèmes d’enseignement, de subsides et aux diverses nominations. Kammerer contribua à fonder une société biblique (Bibelgesellschaft) en relation étroite avec la faculté de Théologie et les communautés protestantes parisiennes.

Archives départementales du Bas-Rhin, Archives du Directoire de l’Église de la Confession d’Augsbourg, 2 V 253; Archives départementales du Bas-Rhin, série T, fonds de la Préfecture, X, Imprimerie, librairie 18 (sous Treuttel Würtz) ; Bibliothèque municipale de Strasbourg, Ms 420-421, Tagebuch, 1790-1794; Ms 224, Palmerius oder die Vaterlandsliebe…, 1790 ; Ms 439, Blocade von Strassburg, 1814 ; Ms 418-419, 422, 423, 722, 725, 939, correspondances passives, Copierbucher, 1793-1842. Archives municipales de Strasbourg, Ms 723-724, papiers de famille et Fonds Hoffmann, deux discours nécrologiques du pasteur de Saint-Nicolas et du doyen de la Faculté de Théologie ; La Vie en Alsace, 1935, p. 261, portrait.

Odile Kammerer (1993)