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JUPIN Charles François Victor (LOUVEL Charles François dit)

Musicien, compositeur (★ Chambéry 30 brumaire an XIV = 21.11.1805 † Paris 12.6.1839).

Fils de Pierre Julien Louvel, négociant, et de Jeanne Lansard. ∞ 10.8.1829 à Strasbourg Marie Catherine Élisabeth Kuttner (★ 19.8.1808), fille de Jean Kuttner et de Marie Catherine Chappuy. À Turin, où sa famille s’installa vers 1808, Jupin manifesta des dons précoces pour le violon. Élève de Géorgis, premier violon du théâtre, il se produisit en public à 12 ans dans un concerto de Rode. Emmené à Paris par son père, il entra dans la classe de Baillot au Conservatoire et en sortit avec un premier prix en 1823. Il donna quelques concerts à Paris, notamment au théâtre de l’Odéon, puis, le 2 décembre 1825, quitta la capitale pour « voyager ». Il trouva à Turin une lettre du maire de Strasbourg, F.-X. de Kentzinger ©, qui lui proposait le poste de professeur de l’école gratuite de violon que la Ville fondait pour promouvoir le goût de la musique et pourvoir au recrutement de l’orchestre du Théâtre (29 juillet 1827). Jupin quitta l’Académie philharmonique de Turin, le théâtre du prince de Carignan, et ses élèves, accepta cette proposition (lettre au maire de Strasbourg du 7 août 1827) et signa son contrat le 1er octobre 1827. Parmi les six élèves admis à l’école de violon le 13 novembre 1827, on trouvait Victor Elbel © et Simon Schwaederlé ©, âgés respectivement de 10 et 9 ans et demi. Jupin prit sa tâche à cœur et se fit rapidement apprécier du public comme violon solo. Il fonda, en 1832, une société philharmonique chargée de donner six concerts annuels : inaugurés le 26 novembre 1832, ces concerts prirent fin le 10 mars 1834. Entre temps, des difficultés s’étaient élevées au conseil municipal au sujet de son traitement : un projet d’Académie de musique du 1er décembre 1832 suggérait de payer Jupin sur les fonds qui seraient alloués à celle-ci. On craignit que ce virtuose apprécié ne préférât quitter Strasbourg. Les 102 actionnaires de la Société philharmonique, parmi lesquels C.-M. Berg ©, adressèrent au maire Fr. de Turckheim © une supplique en sa faveur (27 mars 1833). Enfin, le 25 mai 1833, en appelant à la direction du théâtre Hyacinthe Brice (ou Le Brice), le conseil municipal « attacha le sieur Jupin à la direction de l’orchestre du théâtre en lui continuant l’obligation d’une classe gratuite pour former des élèves… ». Le 12 novembre 1834, il créait avec succès son opéra-comique en deux actes composé sur un livret de Scribe, La vengeance italienne ou le Français à Florence. Le 29 avril 1832, il avait été membre suppléant du premier Conseil d’administration de l’Eméritat des artistes musiciens, en compagnie de Pierre Champy © et de C.-M. Berg. Il se fit entendre régulièrement en concert, accompagné à plusieurs reprises par Madame Jupin, pianiste, une fois par le célèbre Kalkenbrenner, de passage à Strasbourg. Mais Brice fit faillite, et la direction du théâtre fut vacante le 30 avril 1836. La même année vit le départ de Jupin pour Paris, où on le réclamait comme second chef d’orchestre à l’Opéra-Comique – au grand dam des mélomanes strasbourgeois. L’école gratuite de violon, première école de musique municipale, fut confiée à Bley, puis à Schwaederlé, jusqu’à ce que la donation Apfell © permît l’ouverture du Conservatoire. Jupin a laissé, en plus de l’opéra-comique cité, un
Thème varié pour violon dédié à son maître Baillot, des Variations concertantes pour piano et violon, un Grand trio pour piano, violon et violoncelle, une Fantaisie pour piano et violon, une Hymne alsacienne composée pour la réunion musicale fondée en 1830 par les amateurs de musique de l’Alsace (Bibliothèque municipale de Strasbourg) et des manuscrits inédits.

Archives municipales de Strasbourg, état-civil, M 291, et E. Martin, Inventaire des archives contemporaines et administratives de la Ville de Strasbourg 1789-1960, IV, Strasbourg, 1961 (notamment I. 288-1581) ; Archives départementales de Savoie, état-civil, E 13 ; Archives municipales de Paris, V2 E 12 065 ; Die Allgemeine Musikalische Musikzeitung, Leipzig, 28.9.1831, n° 39, c. 645, 646 (critique de l’Hymne alsacienne), 18.6.1834, n° 25, c. 421 ; 30.9.1835, n° 39, c. 653, 654, 655 ; 6.5.1835, n° 18, c. 300 (critique de La Vengeance italienne), 301 ; Archives municipales de Strasbourg, Conseil municipal de Strasbourg, procès-verbaux des séances, 1833, 1834 ; Revue d’Alsace, 1836, p. 185 ; J. F. Lobstein, Beiträge zur Geschichte der Musik und des Theaters im Elsass und besonders in Strassburg, Strasbourg, 1840, p. 105, 106, 121 ; C.-M. Berg, Aperçu historique sur l’état de la musique à Strasbourg pendant les cinquante dernières années, Strasbourg, 1840, p. 34, 35, 48, 61 ; Fétis, Biographie universelle des musiciens, IV, 1878, p. 460-461 ; H. Ludwig von Jan, Johann- Georg Kastner, ein elsässischer Tondichter, Theoretiker und Musikforscher. Sein Werden und Wirken, I, Leipzig, 1886, p. 168, 219, 312, 315, 316, 322, 323 ; A. Oberdoerffer, Nouvel aperçu historique sur l’état de la musique en Alsace, 1840-1913, Strasbourg, 1914, p. 62 ; Riemann Musik-Lexikon, Mayence, 1959, p. 891 ; Saisons d’Alsace, La musique et l’Alsace, n° 69, 1979, p. 96 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, 4394.

Jean Happel (1992)