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JUIF Pierre Bernard, en religion dom Bernardin

Religieux cistercien, (C) (★ Oberlarg, Haut-Rhin, 29.8.1751 † Oberlarg 16.1.1836).

Fils de Jean-Nicolas Juif, médecin qui donnait des soins à l’abbaye de Lucelle, et d’Anne-Marie Raval. Après des études au collège des Jésuites à Porrentruy, il entra au noviciat de Lucelle en 1770. Reçu à la profession en 1771, il fut ordonné prêtre le 31 décembre 1775, puis desservit les paroisses conventuelles de Lucelle (1775), Pfastatt (1780), Attenschwiller (1785), Blotzheim (1790). S’il prêta le serment prescrit le 6 février 1791, bientôt Juif se démarqua de l’Église constitutionnelle au point que le curé de Huningue, Ehrhart, demandait le 18 février 1792 son remplacement à Blotzheim, sans succès. En septembre 1792, il célébra son dernier baptême puis il « se déporta », se rendant d’abord à Bâle le 17 par Bourgfelden où son passeport fut visé, puis au couvent de Wettingen, abbaye cistercienne, filiale de Salem dans l’Argovie. Rentré à Blotzheim début 1793, il y signa son premier baptême le 13 janvier. Il repartit à l’été 1793 et fut porté sur la liste des émigrés du 27 août. Rentré le 15 mars 1795, en qualité de « chef de mission », il baptisa à Magstatt-le-Bas, Rouffach, Oberhergheim, Ottmarsheim, Bantzenheim, Zimmersheim (avril à août), Rixheim, Michelbach-le-Haut (mai à septembre 1796). En 1797, il fonctionna à Bartenheim et à Blotzheim. Il se déporta à nouveau le 25 septembre 1797 et sortit par Bourg-Libre avec un passeport délivré à Huningue. Réfugié à Wyhlen près de Rheinfelden, il rentra en janvier 1798, fonctionnant successivement à Michelbach-le-Bas (janvier), Blotzheim, Kembs (septembre), Dietwiller (octobre) ; il retournait parfois à Wyhlen. Le 2 mars 1799, on le retrouve chez le curé Wolf à Bendorf ; le 3 mai, il est de retour à Blotzheim où il continua sa vie de missionnaire. Le 20 mai 1800, il célébra un mariage à Suarce et fit promesse de soumission. Le provicaire général Didner l’engagea le 9 octobre 1800 à se conformer à ses instructions en faisant donner acte de ses réserves par des témoins. En mars 1801, il fut frappé de déportation pour avoir prêché la rétractation publique, mais il fut bientôt amnistié le 17 décembre 1802 et nommé curé de Landser en 1803. À la suite de son intervention et de celles de dom Barth et de dom Noblat, le tabernacle des capucins de Delémont, acquis par la paroisse de Blotzheim, fut transféré à Courtavon. Curé de Blotzheim de 1807 à 1823, il ne cessa de prêcher contre les prêtres constitutionnels, essuyant les foudres de Mgr Saurine ©, ce qui provoqua ses interventions auprès de Caprara, légat du pape à Paris. De 1823 à 1830, il desservit encore la cure de Ferrette, puis il entra le 1er juin 1830 comme novice à la Trappe d’Oelenberg pour peu de temps. Il n’y resta que quelques mois, avant de se retirer dans son village natal. En 1903 un monument le représentant a été inauguré au cimetière d’Oberlarg.

J. Joachim, Dictionnaire du clergé séculier du Haut-Rhin pendant la Révolution, Ms 972, Bibliothèque municipale de Colmar ; C. Sipp, B. Juif, Saint-Louis, 1897 ; B. Muller, B. Juif, Rixheim, 1898 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 866-867 ; P. Stintzi, P. Bernardin Juif, ein Apostel des Sundgaues, Rixheim, 1949 ; F. L’Huillier, Recherches sur l’Alsace napoléonienne, Strasbourg, 1947, p. 71, 101, 593 ; R. Epp, Le mouvement ultramontain dans l’Église catholique en Alsace au XIXe siècle, Strasbourg, 1973, p. 40, 44-45, 47-48 ; Cl. Muller, « Effectifs et recrutement des trappistes de l’Oelenberg (1825-1874) », Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1983, p. 179-196 ; Kammerer, Répertoire du clergé d’Alsace sous l’Ancien Régime 1648-1792, p. 163, n° 2537a ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4358 ; Cl. Muller, Dieu est catholique et alsacien. La vitalité du diocèse de Strasbourg au XIXe siècle, Strasbourg, 1987, p. 442 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, p. 223 ; Cl. Muller, Les Cisterciens d’Alsace dans la tourmente révolutionnaire, Wetteren, 1988, n° 42.

Claude Muller (1992)