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JUDENBRETER

Lignage de patriciens strasbourgeois du XIVe siècle, originaire de la région de Kehl et Renchen, Bade. L’une de ses branches se fixa à Strasbourg autour de 1300. Le membre le plus illustre en fut Rudolf († 1342). Il est signalé en 1324 comme bourgeois de Strasbourg et fondateur, avec sa femme Gerhilde, de Sarrebourg, d’un béguinage au Vieux-Marché-aux-Vins pour dix jeunes filles faisant partie du tiers-ordre franciscain. Ce béguinage porta le nom de son fondateur jusqu’au début du XVIe siècle. Rudolf joua un grand rôle dans la « révolution » de 1332, déclenchée par le conflit entre les Zorn © et les Mullenheim ©. Élu stettmeistre à vie avec son collègue Rulmann Swarber ©, il assura l’alliance entre le patriciat bourgeois et les gens de métier pour ruiner la toute-puissance de la noblesse. Il fit entrer au Conseil vingt-cinq artisans (un par corporation) et reconnut à leur chef, l’ammeistre, des pouvoirs égaux et même supérieurs à ceux des stettmeistres. Sous son gouvernement eut lieu (1334), pour la première fois, le « jour du serment » (Schwoertag) où, devant la cathédrale, l’assemblée des bourgeois jura désormais, chaque année, jusqu’en 1789, l’obéissance à ses magistrats. À la même époque, d’autres membres du lignage, parents de Rudolf, figuraient au Conseil parmi les patriciens, ainsi Hugo entre 1336 et 1347, Heintz en 1352 et 1372, Albert en 1335 et stettmeistre en 1350 et 1354. Le lignage paraît s’être éteint dès la fin du XIVe siècle ; il est douteux que le mercenaire Obrecht Judenbreter (1390) et Georg Judenbreter, qui acheta le droit de bourgeoisie strasbourgeois en 1469, s’y rattachent.

Lehr, L’Alsace noble, 1870, III, 1870, p. 404, 410 ; Kindler von Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg, 1886, p. 138-139 ; Urkundenbuch der Stadt Strassburg, IV-VII, 1888-1900 ; J. Hatt, Liste des membres du Grand Sénat de Strasbourg, Strasbourg, 1963, passim ; M. Alioth, Gruppen an der Macht. Zünfte und Patriziat in Strassburg im 14. und 15. Jahrhundert, Bâle, 1988, 2 vol.

† Philippe Dollinger (1992)