Skip to main content

JOURDAIN

 

  1. François Xavier (Alexandre Xavier d’après l’acte de naissance),

conseiller général, industriel, agronome, (C) (★ Neuf-Brisach 6.11.1798 † Rouffach, au château d’Isenbourg, 5.11.1866). Fils de François Xavier Jourdain, entrepreneur des travaux du Rhin, et de Marie Catherine Dupont. ∞ 17.4.1826 à Altkirch Joséphine Zurlinden (★ Altkirch 5.5.1804 † Altkirch 29.1.1864), fille de Jean Baptiste Zurlinden, négociant, et de Marie Madeleine Tschan. Après avoir fréquenté l’École des Arts et Métiers de Châlons de 1812 à 1819, Jourdain travailla quelque temps au service des Ponts et Chaussées à Strasbourg. En 1821, il trouva un emploi aux ateliers de construction Risler et Dixon à Cernay. À partir de 1827, il s’établit à son propre compte à Altkirch, où il créa un atelier de construction pour métiers à tisser et, par la suite, un atelier de tissage mécanique. Ce dernier passa de 20 métiers en janvier 1828 à 650 en 1848. Cet essor fut dû à l’introduction d’une série de perfectionnements techniques : invention d’un métier mécanique (1829), d’un mécanisme à lancer la navette applicable à tous les systèmes de métiers mus par moteur (1836), d’un « cassetrame » (1841), d’un taquet en acier trempé, garni de cuir, guidé par une platine en bronze à rainures (1841). Les deux entreprises se développèrent parallèlement et employaient, en 1848, plus de 500ouvriers parmi lesquels des enfants. L’atelier de construction mécanique fournit des bobinoirs, des ourdissoirs, des machines à parer et des métiers aux principaux établissements des Vosges, du Nord, de Rouen, de Suisse et d’Allemagne. Quant à l’usine à tisser qui, au début, produisait exclusivement du calicot, elle fabriqua par la suite, à côté des articles courants unis et croisés, des tissus fins jaconas et organdis. Actionnaire puis propriétaire (1852) de la filature Hirn et Guth à Mulhouse. Les succès commerciaux permirent à Jourdain d’acquérir aussi une filature à Thann ; la première brûla en 1870, la seconde en 1900. Jourdain profita de son enrichissement pour acquérir environ 350 ha de terres à Altkirch et le domaine du château d’Isenbourg à Rouffach, ancien bien national acheté par son grand-père maternel pour 24.200 livres en 1791. Ce dernier – avec les deux grandes fermes d’Altkirch – constitua alors la principale exploitation agricole et viticole en Alsace. Président du Comice agricole de l’arrondissement de Mulhouse pendant plusieurs années, Jourdain fut élu conseiller général du canton d’Altkirch de 1864 à 1866. Jourdain fut aussi un grand philanthrope : il fit construire un hôpital dans sa ville natale et dota l’École de Châlons, où il avait été étudiant, d’une rente annuelle de 5.000 francs. Il créa une caisse de secours pour les ouvriers malades. Les produits sortis des usines d’Altkirch valurent à Jourdain plusieurs distinctions : médaille d’argent à l’Exposition de 1844, médaille d’or à celle de 1849, médaille d’honneur à Londres en 1851, médaille de 1ère classe à Paris en 1855 pour les organdis et nansouks. À la suite de l’exposition de Londres, le gouvernement français attribua à Jourdain la Légion d’honneur.

Ch. Grad, « Jourdain Alexandre Xavier », Biographies alsaciennes, 3e série, Colmar, 1885-1886, p. 31-34, avec portrait ; Histoire documentaire de l’industrie de Mulhouse, s.l., 1892 ; Ch. Goutzwiller, « À travers le passé », Revue d’Alsace, 1895, p. 163-164 ; B. Lombart, « Note sur la vie et les travaux de X. Jourdain », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1898, p. 109-114 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 864-865 ; R. Specklin, Altkirch, étude de géographie urbaine, Mémoire D.E.S. de Géographie, Strasbourg, 1950, p. 49-52 ; R. Specklin, Altkirch, type de petite ville, Strasbourg, 1951, p. 36-38 ; Nouveau Rhin Français du 23.5.1954 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 17.9.1959 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4351.

† François-Joseph Fuchs (1992)

  1. Camille Napoléon,

manufacturier (★ Altkirch 15.12.1830 † Altkirch 23.3.1889). Fils de Xavier Jourdain © 1. ∞ Constance Adélaïde Perrard, d’Arbois, Jura († Altkirch 1871), fille de Narcisse Perrard et d’Octavie Vuillaume. Chef de l’entreprise familiale de 1866 à 1870, sous la raison sociale Les Héritiers de X. Jourdain, avec son frère Léon © 3, puis, de 1866 à 1889, sous le nom de Filature et Tissage X. Jourdain, à Altkirch et à Thann. Conseiller municipal d’Altkirch à la fin du Second Empire. Son fils Joseph Octave Aimé (★ Altkirch 1863 † Altkirch 1909), conseiller municipal à Altkirch (v. 1902-1909), participa au développement de la manufacture familiale.

Archives départementales du Haut-Rhin, 2 M 33 ; Altkircher Kreisblatt n° 12 du 23.3.1889 ; Histoire documentaire de l’industrie de Mulhouse, s.l., 1902.

Patrick Madenspacher (1992)

  1. Eugène Napoléon, dit Léon,

manufacturier (★ Altkirch 1.5.1838 † Altkirch 12.5.1909). Fils de Xavier Jourdain © 1. ∞ Blanche Marguerite de Chatillon. Fit des études au collège d’Altkirch, puis voyagea afin de parfaire ses connaissances industrielles et commerciales. Chef de l’entreprise familiale avec son frère de 1866 à 1889, puis seul de 1889 à 1899. Membre de la Société industrielle de Mulhouse (1876-1909).

L’Industriel Alsacien n » 110 du 13.5.1909 ; Altkircher Kreisblatt n° 20 du 15.5.1909 ; Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1910, p. 24 (Séances générales mensuelles).

Patrick Madenspacher (1992)

  1. Léon Maurice François Xavier,

manufacturier (★ Altkirch 9.3.1868 † Altkirch 4.4.1910). Fils de Léon Jourdain © 3. Célibataire. Étudia au lycée de Belfort et à Louis-Le-Grand, Paris. Licencié en droit, avocat à la Cour d’Appel de Paris. Succéda à son père à la tête de la maison familiale, transformée en société anonyme (1899), ainsi qu’au conseil de surveillance du Comptoir d’escompte de Mulhouse. Président du conseil d’administration des établissements d’impression Koechlin Frères (1904). Membre de la Société industrielle de Mulhouse depuis 1903. S’occupa de la fondation faite par son aïeul en faveur de l’École des Arts et Métiers de Châlons.

L’Industriel Alsacien n° 77 du 5.4.1910 ; Altkircher Kreisblatt n° 27 du 6.4.1910 ; Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1910, p. 24-25 (Séances générales mensuelles).

Patrick Madenspacher (1992)

  1. Paul Léon,

homme politique, (C) (★ Altkirch 28.10.1878 † Paris 26.3.1946). Fils de Léon Jourdain © 3. ∞ Marie-Madeleine Dupont © 6 (1886-1934). Quitta l’Alsace allemande pour faire ses études et son service militaire en France. Sorti 1er du concours de l’École supérieure de commerce de Lyon en 1902, il travailla d’abord dans l’industrie de la soie à Lyon, jusqu’au jour où la mort de son frère Maurice © 4 en 1910 le rappela à Altkirch pour diriger les établissements de filature et tissage fondés en 1827 par son grand-père. Quand éclata la Guerre de 1914-1918, il essaya, mais en vain, de gagner la France. Arrêté par les Allemands, il fut libéré quelques jours plus tard lors de la première offensive des troupes françaises. Le gouvernement français le nomma adjoint à l’ambassade de France à Berne en septembre 1914, fonction qu’il occupa jusqu’à la fin de la guerre. Le 14 novembre 1918, il fut nommé administrateur militaire des territoires d’Altkirch et de Dannemarie et fut élu, en 1920, maire de sa ville natale, qu’il administra jusqu’en 1940. Élu député du Haut-Rhin le 16 novembre 1919 avec 60.009 voix sur 96.952 suffrages exprimés. Ministre du Travail dans le cabinet de Clemenceau le 2 décembre 1919, il conserva ses fonctions dans le cabinet Millerand, puis dans celui de Leygues. Comme ministre, il défendit le projet de la Caisse autonome de retraite des ouvriers mineurs, puis le projet de loi relatif aux pensions pour les victimes d’accidents de travail. À partir de 1921, il intervint dans les débats à propos de toute une série de projets de loi portant sur l’adoption du régime social en Alsace-Lorraine, sur les retraites, l’aménagement de l’assurance-maladie, d’invalidité et d’accidents. Président de la commission d’assurance et de prévoyance sociale, il eut à cœur de mener à bien les travaux qui firent aboutir en avril 1924 le premier projet de loi sur les assurances sociales, élaboré lors de son passage au ministère du Travail. Réélu député le 11 mai 1924, il retrouva ses fonctions de ministre du Travail, et consacra l’essentiel de son activité aux trois commissions dont il avait été membre : en particulier à celle d’Alsace-Lorraine. Ministre des Pensions dans les trois cabinets de Briand, de novembre 1925 à juillet 1926, il présenta un projet relatif aux pensions d’invalidité. Élu sénateur le 9 janvier 1927, il devint membre de la commission des affaires étrangères. Réélu sénateur au second tour le 20 décembre 1935, il se consacra essentiellement aux affaires étrangères et aux travaux publics. Le 11 janvier 1940, le Sénat le porta à la vice-présidence et le 10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Visitant l’Alsace en 1919, Poincaré lui décerna la croix de la Légion d’honneur.

Archives municipales Altkirch ; Jolly, dir., Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, VI, 1970, p. 2036-2037.

† Alphonse Halter (1992)

  1. Marie-Madeleine,

responsable d’œuvres sociales et charitables (★ Celles-sur-Plaine 5.11.1886 † Altkirch 3.10.1934). Fille de Paul Dupont (★ Thionville 1846 † Altkirch 1925), administrateur puis président du conseil de surveillance des établissements X. Jourdain, et de Mathilde Da Cruz. Épouse de Paul-Léon Jourdain © 5. À l’occasion des combats qui se déroulèrent au début août 1914, elle organisa dans l’usine de son époux une ambulance où furent soignés des soldats blessés. Suivit son mari à Berne, où elle développa une activité inlassable en faveur des Français prisonniers dans des camps allemands. Contribua avec l’épouse du général Pageot, attaché militaire à l’ambassade de France à Berne, au transfert des grands blessés de guerre français en direction de la France ou à leur internement en Suisse. Après l’Armistice, elle aida les évacués sundgauviens et, en 1919, elle regroupa autour d’elle des dames de bonne volonté pour venir en aide aux plus démunis. Elle créa un service où les habitants des villages sundgauviens dévastés pouvaient s’approvisionner en vêtements, objets ménagers, nourriture et outils de travail. Elle fut aussi à l’origine de baraquements de première nécessité à Enschingen et Ammertzwiller, villages particulièrement ravagés, ainsi que de lieux d’hébergement pour les petits enfants des susdites localités – car il y avait partout des grenades et des projectiles –, où on leur enseignait les premiers rudiments de français. Elle fut à l’origine du dispensaire d’hygiène sociale d’Altkirch (1925) qui servait aussi de bureau pour les malades pulmonaires (le docteur Specklin © y donnait des consultations), du préventorium de Seppois-le-Bas (1926) ; elle soutint le Père Riedinger dans son œuvre « les Violettes » qui s’occupait de jeunes filles, souvent orphelines (1934)… Elle présida le comité de secours et d’assistance d’Altkirch (vers 1923) et donna l’impulsion à la réalisation d’un comité identique à Dannemarie ; elle présida aussi le Comité de S.B.M. des œuvres antituberculeuses de l’arrondissement d’Altkirch (1926), la Croix Rouge de l’arrondissement d’Altkirch (1931- 1934) et le Centre de puériculture d’Altkirch. Présidente d’honneur du Comité d’arrondissement pour la vente du timbre antituberculeux (1926-1931), membre du Comité de patronage du cours complémentaire pour jeunes filles à Altkirch (1925) et du comité de la section cantonale d’Altkirch des « Pupilles de la Nation » (1925). Médaille de la Reconnaissance française (1921), chevalier de la Légion d’honneur (1931).

Journal du Sundgau, 1923 (n° 16, 18), 1925 (n° 25, 41, 45, 50, 52), 1926 (n° 51, 89), 1931 (n° 82, 97), 1934 (n° 12, 58, 71), 1935 (n° 53).

Patrick Madenspacher (1992) (notices 2, 3, 4 et 6).