Fondatrice des Sœurs de la Charité (Barmherzige Schwestern) de Munich, (C) (★ Sélestat 31.7.1780 † Munich 25.1.1845).
Fille d’Ignace Jorth (★ Sélestat 5.2.1755 † 27.3.1823), baquetier, et d’Anne Marie Bauer († 4.11.1784). À l’hôpital civil de Sélestat, la jeune fille connut les Sœurs de la Charité établies là depuis 1778. Après les troubles révolutionnaires, elle fut admise au postulat à la maison-mère, en l’hôpital de Saverne, y reçut l’habit religieux le 26 avril 1808 et fit sa profession religieuse le 13 novembre 1809. Dès le 26 octobre 1811, elle fut nommée supérieure de l’hôpital de Haguenau, chargée de la formation des postulantes, trop à l’étroit à Saverne. Après la bataille de Leipzig (1813), elle dut faire face à une misère indescriptible : ériger plusieurs lazarets et soigner les victimes des épidémies qui emportèrent aussi plusieurs de ses jeunes religieuses. En 1823, elle fut nommée supérieure aux Hospices Civils de Strasbourg. Elle s’efforça d’apporter des améliorations concrètes au sort des 450 malades, des 500 pensionnaires et des 160 orphelins. En 1832, elle se rendit à Munich afin d’affermir l’implantation des religieuses. Un contrat stipulait que les sœurs devaient prendre en charge l’administration interne de l’hôpital : soin des malades, cuisine, buanderie et provisions. Les réformes proposées par Sœur Ignatia furent vite couronnées de succès : la situation financière se rétablit, les salles des malades devinrent plus habitables, la qualité et les horaires des repas s’améliorèrent. En même temps, elle travailla aux fondements de la congrégation et obtint la nomination d’un supérieur ecclésiastique. En mai 1835, les statuts de la congrégation, établis en conformité avec ceux des Sœurs de la Charité de Strasbourg, furent approuvés par le gouvernement royal. Cet acte érigeait la filiale de Munich en congrégation autonome autorisée à établir des communautés dans d’autres villes de Bavière. Sœur Ignatia en devint la première supérieure générale et une maison-mère fut construite, attenante à l’hôpital général. Dans les dix années suivantes, elle présida à l’ouverture de 16 filiales, et aida les sœurs à surmonter les difficultés des débuts. Par l’envoi de sœurs ou par la formation de jeunes filles originaires de ces villes, elle fut à l’origine de la fondation de nouvelles congrégations à Innsbruck, à Graz et à Salzbourg, ces deux dernières aujourd’hui rattachées aux Filles de la Charité de Paris.
E. C. Scherer, « Schwester Ignatia Jorth und die Einführung der Barmherzigen Schwestern in Bayern. Zur Jahrhundertfeier der Barmherzigen Schwestern aus dem Mutterhause zu München am 10. März 1932 », Lebensbilder elsässischer Katholiken, V, Guebwiller, 1932 ; Cl. Muller, Dieu est catholique et alsacien. La vitalité du diocèse de Strasbourg, Strasbourg, 1986 (index).
Sœur Caritas et Sœur M. Antoinette Waechter (1992)
