Skip to main content

JOHANNOT Joseph Jean

Député, président de l’administration centrale du Haut-Rhin, industriel et homme d’affaires, (Pr) (★ Genève 30.6.1748 † Echandens, canton de Vaud, Suisse, 15.1.1829).

Fils de Jean Daniel Johannot, négociant à Genève, et de Louise Élisabeth de la Combe. ∞ I 1772 à Genève Jeanne Élisabeth Mayon. ∞ Il v. 1784 à Bruxelles (?) Marie Charlotte Aquiton. Issu d’une famille huguenote originaire d’Ambert et réfugiée en Suisse et en Allemagne, Johannot fonda en 1775 à Genève une maison de commerce de toiles sous la raison Johannot, La Caussade & Fritz. La prospérité de ses affaires permit à Johannot d’acquérir la seigneurie d’Echandens et d’entrer au Conseil des Deux-Cents de Genève, où il siégea avec les adversaires du gouvernement oligarchique. Exilé à Bruxelles après l’échec de la révolution genevoise, il devint l’un des partenaires de la puissante firme Senn, Bidermann & Cie qui y possédait une maison de négoce de toiles imprimées, et qui lui confia la gérance de la manufacture qu’elle exploitait à Wesserling. Johannot arriva ainsi en Alsace en 1787 et s’employa aussitôt à poursuivre le développement de ce qui était alors la plus importante entreprise textile de la province. Ses antécédents politiques valurent à Johannot la considération d’une grande partie de la population de la vallée de Saint-Amarin, alors en procès contre les prétentions foncières du prince-abbé de Murbach et en butte aux tracasseries des agents seigneuriaux. Cette population, dont une partie importante avait été rendue disponible comme main-d’œuvre industrielle du fait de la réaction seigneuriale, se souleva le 26 juillet 1789, et Johannot fut pressé de prendre la tête de l’insurrection. Celle-ci fut rapidement réprimée après avoir sévi dans la région de Thann et jusqu’à Guebwiller, mais Johannot devait rester le chef « révolutionnaire » des habitants de la vallée de Saint-Amarin qui en firent le commandant de leur garde nationale, et l’envoyèrent à Paris pour représenter cette région à la fête de la Fédération. En 1790, Johannot prêta lui-même aux maires des communautés de la vallée basse de Saint-Amarin une somme de 3.000 livres pour leur permettre de faire face aux dépenses occasionnées par le procès contre le prince-abbé et le chapitre de Murbach au sujet des forêts et pâturages. En mai 1791, Johannot fut reçu à la Société des Amis de la Constitution de Colmar, puis désigné comme commissaire chargé d’organiser les bataillons de volontaires dans le Haut-Rhin. En 1792, il entra au directoire du département, dont il devint rapidement le président. Placé ainsi à la tête de l’administration centrale du Haut-Rhin, il lui imprima une allure plus radicale, conforme à ses prises de position révolutionnaires à Genève puis à Saint-Amarin. Le 5 septembre 1792, il fut élu député du Haut-Rhin à la Convention, où il se signala par ses compétences en matière financière et ne tarda pas à faire partie de la Direction des approvisionnements puis du Comité des finances. Tout en restant l’un des principaux associés du groupe Bidermann, Johannot se démit alors de la gérance de la manufacture de Wesserling, qu’il fit confier à Jean-Henri Bourcart ©. Entré au Conseil des Anciens en 1795, il résigna son mandat le 20 mai 1797 et ne revint plus en Alsace. S’étant retiré de la nouvelle firme Gros, Davillier, Roman & Cie exploitant la manufacture de Wesserling, Johannot fonda sa propre maison de commerce à Paris sous la raison Johannot, Jacquet, Senn & Cie puis Johannot, Jacquet & Carié, et devint partenaire d’une maison de banque parisienne. Ayant acquis par ailleurs le prieuré du Jardy à Vaucresson, Hauts-de-Seine, il y installa une fabrique de cordes et exploita un domaine agricole modèle. Ainsi, tout en poursuivant ses activités financières et commerciales à Paris, Johannot devint président de la Société d’agriculture de Seine-et-Oise, conseiller général et maire de Vaucresson, Hauts-de-Seine. Contraint de regagner la Suisse sous la Restauration, ayant voté la mort de Louis XVI en 1793, il s’établit dans son domaine d’Echandens. Autorisé plus tard à revenir en France, Johannot ne devait cependant plus quitter sa retraite.

J.-A. Galiffe, Notice généalogique sur les familles genevoises depuis les premiers temps jusqu’à nos jours, Genève, 1829-1836 et 1887-1895 ; A. Véron-Réville, Histoire de la Révolution française dans le Haut-Rhin 1789-1795, Paris-Colmar, 1865, p. 281 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 861-862 ; A. Kuscinski, Dictionnaire des Conventionnels, Paris, 1917, p. 350 ; M. Godet, H. Türler et V. Attinger, Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, IV, Neuchâtel, 1921-1934, p. 285 ; E. Chapuisat, « Jean Johannot, Genevois, député à la Convention et au Conseil des Anciens », Revue internationale d’histoire politique et constitutionnelle, octobre-décembre 1956, p. 228-305 ; R. Burnand, « Les Johannot d’Echandens », Revue d’histoire vaudoise LXVI, 1958, p. 177-189 ; J. F. Robinet, Dictionnaire historique et biographique de la Révolution et de l’Empire 1789-1815, Paris, réimpr., 1975 ; J.-M. Schmitt, « Jacobins alsaciens à l’ombre des manufactures », Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, 1979-1980, p. 49-59 ; idem, Aux origines de la Révolution industrielle en Alsace, Strasbourg, 1980, surtout p. 277-284, et indication des sources d’archives dans les notes 12 à 25, p. 293-294 ; Dictionnaire de biographie française, XVIII, 1991, 705-706.

Jean-Marie Schmitt (1992)