Artiste peintre (XIVe-XVe s.), connu aussi sous le nom de Hans Tieffental d’après le village d’origine, près de Dambach-la-Ville. Ses dates et lieux de naissance et de décès ne sont pas connus. S’il est identique à Hans Moler, propriétaire d’une maison à Sélestat en 1391, il doit être né avant 1371. D’après l’acte de vente de 1423 de la maison qu’il possédait à Bâle, son épouse se prénommait Katharina. Le peintre Johannes de Sletzstat, signalé en 1446 avec son épouse Juntelina, doit être un fils, à moins qu’il s’agisse d’une seconde épouse du premier. La même question se pose au sujet de Hans von Schlettstadt, peintre et membre de la Corporation zum Himmel à Bâle en 1450, sans doute père d’Agnes qui devint manante (Soldnerbürgerin) à Sélestat en 1472. Cette dernière, si notre hypothèse est exacte, serait alors la petite-fille de notre peintre et la mère de l’humaniste Paul Phrygio ©. Quant à Hans von Schlettstadt, orfèvre qui acheta le droit de bourgeoisie à Strasbourg en 1455, il ne peut pas être identique au représentant de la corporation des orfèvres de l’année 1444 : il n’aurait pas pu devenir membre du Magistrat sans être au préalable bourgeois, à moins de renoncer, puis de racheter le droit de bourgeoisie entre 1444 et 1455. Parmi les œuvres de Johann, il y a lieu de citer le saint Jean, commandé en 1408 par les Hospitaliers de Sélestat ; la décoration de la voûte de la chapelle zum elenden Kreuz vor sant Joderstor à Petit-Bâle, d’après le modèle vu ou réalisé à la chartreuse de Dijon, ce qui laisse supposer qu’il aurait appris son métier à Dijon ou environs, hypothèse confirmée par un jugement rendu à Bâle en 1422 au sujet d’un différend avec le peintre Heinrich Gutterolf le jeune, de Francfort ; la restauration du rosz an der Rinbrucken à Bâle, réalisée en 1420 en compensation de la gratuité du droit de bourgeoisie. En 1422, Johann retourna à Sélestat et vendit sa maison in der nuwengassen à Bâle. Il obtint en 1424 l’autorisation de construire une maison à Sélestat auf dem Wafflerhof, face à l’Hôtel de ville, avec pignon sur arcades. À partir de 1433, il habita à Strasbourg dans la maison dite zum Kirschbaum, rue des Orfèvres. En plus des œuvres déjà citées, certains auteurs lui attribuent encore les verrières des chœurs des églises Saint-Georges et Saint-Thiébaut, respectivement à Sélestat et à Thann, le Paradiesgärtlein au Staedelinstitut à Francfort, la Vierge au fraisier au Musée de Soleure, le Doute de Joseph et le Bain de l’Enfant, conservés à l’Œuvre Notre- Dame de Strasbourg.
Schweizerisches Künstlerlexikon 2, 1908, p. 14 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 876-877 (sous Tieffenthal) ; H. Rott, « Oberrheinische Künstler der Spätgotik und Frührenaissance », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, NF 43, 1930, p. 88-90 ; Hans Rott, Quellen und Forschungen zur südwestdeutschen und schweizerischen Kunstgeschichte im 15. und 16. Jahrhundert, III-1, p. 199-202, 323-324, III-2, p. 9-12 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, XXXIII, 1939, p. 142 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986, p. 7346 (abondante bibliographie).
† François-Joseph Fuchs (1992)
