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JOHAM de MUNDOLSHEIM

Famille de négociants, d’hommes politiques et de militaires, probablement originaire de Saverne. On trouve les premiers membres vers 1450 à Strasbourg. De 1450 à 1522, Conrad et Anselm Joham furent 5 fois mentionnés comme membre du Grand Sénat. De 1556 à 1682, 12 d’entre eux assumèrent les charges des constofler. De 1565 à 1747, 7 remplirent ensemble 67 fois la charge de stettmeistre. De 1682 à 1789, 3 d’entre eux furent 35 fois sénateurs nobles. La famille s’est enrichie rapidement avant 1500. Elle fut anoblie en 1536. Plusieurs Joham jouèrent un rôle important dans la vie politique de Strasbourg au XVIe siècle. Bien que de plus en plus endettés, ils continuèrent aux XVIIe et XVIIIe siècles d’exercer des charges administratives de la ville. Les Joham furent reconnus barons le 6 août 1773 par Louis XV. Mais, en 1786 au plus tard, leur « château » de Mundolsheim – une grande ferme – n’est plus en leur possession (Archives départementales du Bas-Rhin, E 993). Il fut, en 1815, la proie des flammes. Dépossédée de ses biens à la Révolution, la famille Archives départementales du Bas-Rhin s’éteignit en 1820.

Collectanea genealogica, Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Ms 1058 ; B. Hertzog, Chronicon Alsatiae, Strasbourg, 1592, f. 250-251 ; J. D. Schoepflin, L’Alsace illustrée, Strasbourg, 1852, p. 790-791 ; E. Mueller, Le magistrat de Strasbourg, Strasbourg, 1862, p. 161-164 ; Lehr,  L’Alsace noble, 1870, II, p. 254-260 ; Kindler von Knobloch,  Das goldene Buch von Strassburg, 1886, p. 137-138 ; A. Seyboth, Das alte Strassburg, Strasbourg, 1890, p. 24, 27-28, 89, 177, 238, 249, 264, 268, 289 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 860-861, t. II, p. 1095-1096 ; J. Hatt, Liste des membres du Grand Sénat, Strasbourg, 1963, passim ; Ph. Mieg, Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace, 21, 1973, n° 278 ; Th. A. Brady, Aristocratie et régime politique à Strasbourg à l’époque de la Réforme (1520-1555), Strasbourg au cœur religieux du XVIe siècle, Strasbourg, 1977, p. 19-36 ; R. Nussbaum, « Les pierres tombales de la famille Joham de Mundolsheim », Bulletin municipal et officiel de Mundolsheim, 1984, p. 12-14.

  1. Anselm,

négociant (★ vers 1450 † 1512). Fils de Conrad I Joham et de Catharina von Coelln. ∞ I Catharina von Molsheim. ∞ Il Margaretha Breuning, de Haguenau. Anselm avait un négoce important de tissus de luxe, d’épices, de métaux précieux et de verre de Venise. Ses relations commerciales s’étendaient de Nuremberg à Francfort, d’Augsbourg à Venise, où il avait en 1508 un comptoir au Fondaco dei Tedeschi. Entre 1501 et 1507, il était notamment fournisseur de l’Œuvre Notre-Dame. Hertzog le dit chevalier, ce qui est peu probable. Il est certain, par contre, qu’en 1489, il reçut des armoiries de Maximilien Ier.

Reichsadetsakten des Allgemeinen Verwaltungsarchivs, Vienne, VB 5399 (cf. K. F. von Frank, Standeserhebungen und Gnadenakte, II, Schloss Senftenegg, 1970, p. 271 avec lecture erronée de la date 1481 au lieu de 1489) ; B. Hertzog, op. cit., p. 250 ; F.-J. Fuchs, « Anselme et Conrad Joham de Mundolsheim, marchands-banquiers de Strasbourg », Bulletin municipal et officiel de Mundolsheim, 1986, p. 14-17.

  1. Conrad II,

négociant, (C puis Pl) (★ Strasbourg 1488 † Geispolsheim 1551). Fils d’Anselm © 1 et de Catharina von Molsheim. ∞ Susanna von Mullenheim. Élu en 1521 au Grand Sénat comme membre de la corporation des Tanneurs, membre des XV. Conrad II poursuivit le développement de la grande fortune héritée de son père, ce qui ne l’empêcha pas de jouer un rôle important dans la politique de la ville. On ignore la nature exacte de son commerce qui semble avoir été concentré principalement sur celui de la soie. Conrad correspondit avec des marchands à Francfort et à Florence. Mais on le voit aussi en tractation avec le célèbre banquier Hans Kleberger, « le bon allemand » demeurant à Lyon. Il s’occupa d’aides financières destinées aux protestants français à Lyon et des subsides payés par les États de l’Empire pour financer la guerre de Charles Quint contre la France. On note ses nombreuses ambassades en Suisse et en Allemagne, où il participa aux tentatives de réconciliation des catholiques et des protestants. Conrad était passé à la religion luthérienne à laquelle appartint aussi toute sa descendance jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Il poursuivit l’ascension sociale de sa famille. En 1536, il obtint de Charles Quint des lettres de noblesse pour lui et ses cousins, Bastian et Heinrich I. En 1537, il acheta le fief impérial de Mundolsheim avec Mittelhausbergen et d’autres biens pour 4.000 florins. Dès lors la famille ajouta à son patronyme Joham celui de Mundolsheim. En 1542, l’évêque de Strasbourg investit Conrad du château de Geispolsheim. À Strasbourg, Conrad habitait plusieurs maisons contiguës (rue des Juifs, rue des Charpentiers), en particulier l’une des plus somptueuses demeures patriciennes qui accueillit en 1540 Nicolas Perrenot de Granvelle, vice-chancelier de Charles Quint, de passage à Strasbourg avec ses deux fils. Une des maisons de Conrad fut peinte vers 1543 par Heinrich Vogtherr ©.

Reichsakten des Allgemeinen Verwaltungsarchives, Vienne, VB 5399 et VB 5404 (minutes et copies de la demande d’anoblissement, acte d’anoblissement du 15 novembre 1536, confirmation des armoiries et des lettres de noblesse en 1544) ; Politische Correspondenz der Stadt Strassburg im Zeitalter der Reformation, l-lll, Strasbourg, 1882-1898, passim ; J. Ficker, O. Winckelmann, Handschriftenproben des 16. Jahrhunderts, I, Strasbourg, 1902, p. 13 ; Th. A. Brady jr., Ruling class, Regime and Reformation at Strasbourg. 1520-1555, Leyde, 1978, p. 322-323 ; L. Châtelet-Lange, « Un règlement des villages Mundolsheim et Mittelhausbergen en l’an 1778 », Bulletin municipal et officiel de Mundolsheim, 1984, p. 16 (dates erronées d’obtention des armoiries et de la noblesse) ; F.-J. Fuchs, loc. cit., p. 14-17 ; F. Muller, Heinrich Vogtherr l’Ancien (1490-1556), thèse de doctorat, Strasbourg, 1990, p. 126-127 (lettre de H. V., Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg 162, n° 371).

  1. Heinrich I,

administrateur de l’aumône de la ville, (Pl) (★ 1507 † 26. 5. 1573). Fils de Johann Joham et d’Agnes Ingold. ∞ Susanna Prechter. Anobli avec ses cousins Conrad et Bastian en 1536. Constofler en 1556-1557, 1560-1564, stettmeistre en 1569-1570, 1572-1573, démissionna en 1573, pour raison d’âge et de santé (Archives municipales de Strasbourg IV, 48, pièce 61). De 1563 à 1573, il assuma la charge d’Oberpfleger de l’aumône de la ville (Winckelmann) ; en 1566, on le trouve directeur des bâtiments de la ville (Reuss). En 1566, il signa au nom du magistrat la supplique de la ville à l’empereur visant à obtenir le privilège de conférer les grades et la transformation du Gymnase protestant en Académie (Engel-Fournier).

R. Reuss, Geschichte des Neuhofes bei Strassburg, Strasbourg, 1884, p. 23 ; Ch. Engel, M. Fournier, Les statuts et privilèges des universités françaises depuis leur fondation à 1789, Paris, 1894, n° 2033 ; O. Winckelmann, Das Fürsorgewesen der Stadt Strassburg vor und nach der Reformation bis zum Ausgang des 16. Jahrhunderts, I, Leipzig, 1922, p. 88, note 3 ; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, II, 1981, p. 309.

4. Heinrich II,

ambassadeur de la ville, (Pl) (★ vers 1534 † 8.2.1586). Fils de Heinrich I © 3. ∞ Margaretha Lentzler. Étudiant en droit à Padoue en 1552. Il commença une carrière brillante, d’abord au service du duc de Wurtemberg comme grand bailli de Horbourg, ensuite comme préfet à Montbéliard. En 1581 constofler à Strasbourg, en 1584-1585 stettmeistre. En 1582, la ville de Strasbourg l’envoya en mission diplomatique à Vienne auprès de l’empereur Rodolphe II. De ce séjour nous reste un témoignage manuscrit, quelques vers en latin écrits par Heinrich dans le Liber amicorum de Nicolaus Engelhard. Une note de ce dernier dit de Heinrich qu’il était « vir nobilissimus, varia linguarum cognitione » (Bibliothèque nationale, Paris, Ms lat. 18596, f. 75 v). En 1584, le magistrat de Strasbourg le chargea d’une autre mission auprès des cantons protestants suisses pour demander leur soutien dans la querelle des évêques (Meister). Habita la somptueuse maison « À la Chaîne », 134, Grand-rue. Schoepflin © mentionne son éloge funèbre par Melchior Junius © (qui ne semble pas être conservé).

A. Meister, Der Strassburger Kapitelstreit. 1582-1583, Strasbourg, 1899, p. 112 ; G. Knod, « Oberrheinische Studenten im 16. und 17. Jahrhundert auf der Universität Padua, » Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, XV, 1900, p. 233, XVII, 1902, p. 620 ; E. G. Léonard, « Le « liber amicorum » du strasbourgeois Nicolas Engelhard (1573-1612) », Bibliothèque de l’École des Chartes, 1936, p. 121 et note 3 ; J. D. Schoepflin, L’Alsace illustrée, rééd., IV, Strasbourg, 1974, p. 791.

  1. Jean Philippe,

stettmeistre, (Pl) (★ 16. ou 21.3.1644 † 1707). Fils de Philipp Conrad Joham et de Susanna Catharina Volmar von Bernshoffen. ∞ Marie Félicité Wurmser, de Vendenheim. Après avoir fait sa scolarité au Gymnase protestant, il fut étudiant en droit entre 1661 et 1663, voyageant en même temps en Suisse, en France, en Flandres, en Hollande et en Allemagne. De retour à Strasbourg, il siégea de 1668 à 1677 sept fois comme constofler et fut nommé de 1680 à 1707 dix-huit fois stettmeistre. Son éloge funèbre rédigé par D. Pfeffinger, recteur de l’Université, nous apprend qu’il aimait la musique et qu’il était réputé « très grand mécène », sans préciser malheureusement en quoi. Parmi ses nombreuses charges administratives, la plus importante et la plus honorifique fut d’avoir été nommé dès 1679 chancelier de l’Université. Jusqu’en 1681, il habita l’ancienne résidence des Antonins, rue de l’Arc-en-Ciel, ensuite une vaste maison rue des Veaux (aujourd’hui détruite).

Archives municipales de Strasbourg, KS 550, f. 484 et s. (vente de la maison Kalbsgasse aux Joham) ; D. Pfeffinger, Programme funèbre, Strasbourg, 1707 (Archives municipales de Strasbourg) ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 860.

  1. Frédéric Ferdinand,

capitaine d’infanterie, (Pl) (★ 9.6.1715 † Mundolsheim 2.10.1765). Fils de Philippe Ferdinand Joham et de Léonore Sidonie de Fleckenstein. Après des études au Gymnase, il choisit une carrière militaire comme ses frères après lui, devint capitaine d’infanterie au régiment Lamarque et chevalier de l’ordre du Mérite militaire (créé par Louis XV en faveur des protestants qui ne pouvaient pas être admis dans l’ordre de Saint-Louis). Après avoir abandonné la carrière militaire, il vécut retiré chez sa mère à Mundolsheim, constamment poursuivi pour dettes. Jusqu’à sa mort, il entretint une liaison avec Mme Boecklin de Boecklinsau, de Rust, ce qui explique sans doute le fait que Frédéric. Ferdinand Joham resta le dernier descendant mâle de la branche aînée des Joham. Il fut sans doute le père de François Joseph Boecklin © dit Baleine, qui connut une existence digne de celle de Caspar Hauser.

Mémoire pour le sieur François-Joseph, réclamant le nom et l’état de Boecklin de Boecklinsau, par Monsieur Loyson, avocat général, Paris, 1789 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 860.

Il existe un portrait peint de Frédéric Ferdinand dans la collection de la famille Roeder von Diersburg à Diersburg, Bade.

  1. Léopold Ferdinand,

capitaine, (Pl puis C) (★ Boofzheim 1749 † Strasbourg 16.10.1820). Fils de Philippe Conrad Joham et de Françoise Charlotte de Berstett. Capitaine au régiment de Deux-Ponts. D’après son acte de décès, il avait été chevalier de l’ordre de Saint-Louis, ce qui suppose une conversion au catholicisme. E. Muller le dit pourtant chevalier du Mérite militaire. En 1787, mentionné comme député de la noblesse à l’assemblée du district de Sélestat. Le 6 août 1773, le roi de France lui accorda comme à toute sa famille le titre de baron. À la Révolution, il émigra ainsi que son frère Philippe Jacques († 1792), et obtint un poste de chambellan à la cour de Bavière. En 1815, il revint à Strasbourg, apparemment sans avoir récupéré ses biens.

E. Muller, Le magistrat de Strasbourg, Strasbourg, 1862, p. 164.

Liliane Châtelet-Lange (1992)