Négociant, banquier, industriel, (I) (★ Seppois-le-Bas vers 1780 d. Paris 5.2.1858).
Né et élevé sous les noms de Gilot (Schiele) Jacob, il choisit en 1808 à Mulhouse de s’appeler désormais Jacques Javal. ? Schiffera Abraham, devenue en 1808 Julie Blumenthal, de Bouxwiller, arrière-grande-tante de l’écrivain André Maurois. Ancêtre de Louise Weiss ©. Formé à Mulhouse dans le milieu industriel, il se rendit à Paris, où, avec un frère, il fonda en 1819 une banque, doublée d’une manufacture de toiles peintes à Saint-Denis. Esprit innovateur et hardi, il parvint à importer en fraude d’Angleterre les nouvelles machines de Watt, à planche plate pour l’impression à plusieurs couleurs, à guillocher, et un atelier de gravure. Avec les frères Jacques et Martin Laffitte, il arma en 1822 un navire, le Héros, qui le premier en France fut chargé de vendre en Australie, aux îles Sandwich, en Chine et en Californie espagnole ses mousselines et calicots. Grande médaille d’or à l’exposition de 1827, il fonda la même année avec Caillard et Laffitte encore, la Compagnie des messageries, dont il resta l’animateur. Toujours avec Laffitte et d’autres banquiers parisiens, il allait réaliser en 1824 une grande Société commanditaire de l’industrie, projet que Charles X fit capoter parce qu’il était entre les mains d’opposants politiques, mais qui anticipait le futur Crédit mobilier. Javal avait en effet montré dès 1822 ses tendances libérales, sinon républicaines. En Alsace même, il fut après 1815 l’un des principaux fournisseurs des troupes alliées d’occupation et l’un des grands créanciers des agriculteurs. Puis il soutint financièrement pour une bonne part les filatures et le tissage fondés à Munster en 1820 par Hartmann © et à Thann en 1822 par Mertzdorff ©. Enfin il apporta un appui sans faille à Nicolas Koechlin © pour la défense des chemins de fer en France et la construction de la ligne de Strasbourg à Bâle. Retiré dans son domaine de Grandchamp, près de Saint-Germain-en-Laye, il y vécut en philanthrope et en mécène. Président du Consistoire israélite de Paris. Chevalier de la Légion d’honneur.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 849 ; P. Leuilliot, L’Alsace au début du XIXe s., Paris, 3 vol., 1959-1960 (voir index et surtout II, p. 422) ; Chr. Wolff, « L’ascendance de Louise Weiss (1893-1983) », Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace, 69, 1985, p. 410-412 ; Dictionnaire de biographie française, XVIII, 1991, 549-550.
Christian Wolff (1992)