Conseiller général, médecin, (C) (★ Sigolsheim 23.2.1803 † Colmar 21.1.1867).
Fils de Pierre Paul Jaenger, médecin et maire d’Eguisheim, et d’Anne Marie Saltzmann. Célibataire. Études secondaires au collège de Thann. Études médicales aux facultés de Médecine de Strasbourg et de Paris. Reçu docteur en médecine en 1827 à Paris avec une thèse : La respiration dans la série des animaux. Le docteur Jaenger s’établit d’abord à Eguisheim pour seconder son père, puis à Rouffach et enfin à Colmar. Il se spécialisa en gynécologie et après la mort, en 1842, du docteur Morel, fondateur et directeur de l’école départementale d’accouchement, il fut nommé professeur et directeur de cette école. Sa renommée médicale s’étendit rapidement et rayonna des deux côtés du Rhin. De bonne heure, Jaenger avait compris que les ressources de la vieille thérapeutique n’étaient pas suffisantes, et il se voua à la doctrine de Hahnemann, créateur de l’homéopathie. Mais il n’était pas exclusif et il faisait appel à l’allopathie. Si l’optimisme de Jaenger le disposait à croire que la nature, mieux connue, fournirait au médecin le moyen de combattre plus efficacement la maladie, il l’amena aussi de bonne heure à chercher à savoir si une réforme du corps social ne le guérirait pas des maux qui l’affligent. Il adhéra aux idées nouvelles du socialisme qui commençaient à se répandre et se laissa séduire d’abord par les doctrines de Saint-Simon. Il fut l’un des promoteurs des conférences que Jules Lechevalier fit à Strasbourg en 1831. Il se fit ensuite fouriériste ; Jaenger n’allait pas tarder à devenir le chef reconnu des phalanstériens du Haut-Rhin. Il crut pouvoir, avec l’appui du gouvernement, poser sa candidature dans le Haut-Rhin, lors des élections de 1839, contre Philippe de Golbéry ©, conseiller à la Cour de Colmar, député depuis 1834. Golbéry fut réélu au premier tour.
Aux élections du 19 avril 1848 à la Constituante, Jaenger figura sur la liste socialiste. Il arriva en vingtième position avec 15.000 voix, alors qu’il n’y avait que douze élus. Entretemps toutefois, Jaenger avait été élu conseiller général du canton de Wintzenheim et il y siégea jusqu’en 1852. En 1850, il créa une banque agricole à Eguisheim. Jaenger fut l’un des plus ardents protestataires contre l’intervention de la France en Italie et accepta la direction de la manifestation, ce qui le conduisit sur les bancs de la cour d’assises de Besançon, où, défendu par I. Chauffour ©, il bénéficia d’un verdict de non-culpabilité. Le coup d’État de Napoléon III en 1851 acheva de le détacher de la politique active, et il ne vécut dès lors plus que pour l’étude, ses malades et ses amis. Il était l’un des promoteurs les plus actifs de la Société de secours et de prévoyance des médecins du Haut-Rhin (1828), et l’un des fondateurs de la Société médicale du Haut-Rhin. À partir de 1845, il siégea au Jury médical du Haut-Rhin. Quoique adepte chaleureux de la libre pensée, le docteur Jaenger était néanmoins le médecin attitré du collège libre de Colmar.
Jaenger est l’auteur de Mémoire sur le libre-échange, 1847 ; Le principe social nouveau, 1848.Études sur la seconde vie, 1862, à la suite du livre d’Hippolyte Renaud, Destinées de l’homme dans les deux mondes.
Le Glaneur du Haut-Rhin du 3.2.1867 ; A. Nefftzer, « Dr Pierre-Paul Jaenger », Le Temps du 31.1.1867 ; X. Mossmann, « Jaenger, Pierre-Paul », Biographies alsaciennes, V, Colmar, 1889-1890 ; C. Goutzwiller, « À travers le passé », Revue d’Alsace, 1897 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909 , p. 848 ; Dr. P. Havé, Sages-femmes et École d’accouchement à Colmar, Colmar, 1934, p. 30 ; M.-M. Kahan-Rabeck, « La propagande fouriériste en Alsace », L’Alsace française du 10.1.1938, p. 1-6 et du 10.2.1938, p. 29-31 ; P. Leuilliot, « Un centenaire, le Dr Pierre-Paul Jaenger », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1968, p. 101-117 ; E. Dietemann, Documents sur l’histoire de l’homéopathie : trois biographies exemplaires : Théodore Boeckll, Paul Curie, Pierre-Paul Jaenger, Thèse de médecine dactylographiée, Strasbourg, 1972 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4307 ; Maitron, dir., Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, II, p. 369 ; Dictionnaire de biographie française, XVIII, 1989, 369.
Henri Fleck (1992)