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HERZ Hugues (dit Hugo)

Architecte des bâtiments de France du Haut-Rhin, (Pl) (★ Rotterdam, Pays-Bas, 27 mars 1926 † Mulhouse, 16 mars 2014).

Fils de Peter Herz (★ Etting, Moselle, 5 janvier 1880 † Saint-Pierre, Bas-Rhin, 4 novembre 1964), professeur d’histoire, d’allemand et de musique établi en Hollande en 1910, et de Sophia (Fie) de Lange (★ Kralingen, Pays-Bas, 6 août 1893 † Dambach-la-Ville, 26 novembre 1946), issue d’une famille de musiciens. ∞ 21 décembre 1964 Hannie Boelen, fille de Jacobus Theodorus Boelen (★ Amsterdam, Pays-Bas, 12 décembre 1876 † Maarn, Pays-Bas, 29 mai 1946), fondateur de l’association « Hendrick de Keyser » – une association pour la conservation des monuments historiques en Hollande –, vice-président de l’association France-Hollande, membre de l’Alliance française, et de Bertha Wilhelmina van Rappard (★ Tiel, Pays-Bas, 30 janvier 1902 † Sélestat, 12 novembre 1976) (N.B. 30 juillet 1952 Peter Herz ∞ Bertha Wilhelmina van Rappard).

Hugues Herz passe son enfance aux Pays-Bas, où il suit son futur beau-père, Jacobus Theodorus Boelen, sur les chantiers de restauration de monuments historiques, et où il fait ses études primaires et commence ses études secondaires. Les autorités allemandes ayant contraint son père mosellan à rentrer le 22 août 1942 en Alsace-Lorraine annexée, il poursuit ses études secondaires au collège de Sélestat. Incorporé de force dans la Kriegsmarine, une maladie lui évite d’embarquer sur le Tirpitz. Après la capitulation allemande, il s’engage quelques mois dans la Military police anglaise, puis il rentre en Alsace en décembre 1945. Les années d’après-guerre sont très difficiles pour Herz, en raison de sa méconnaissance de la langue française, qu’il doit apprendre, et du décès de sa mère, qui le contraint à travailler dans la menuiserie Masson à Mareil-Marly (Yvelines) pour aider son père et son frère (20 avril 1948 – 14 septembre 1948). En septembre 1948, il retourne une année en classe de Terminale au collège de Sélestat. Titulaire de l’Abitur allemand, il est finalement dispensé du baccalauréat français. En outre, il acquiert la nationalité française par décret du 19 octobre 1951. Admis à l’école régionale d’architecture de Strasbourg le 1er octobre 1949, il intègre la seconde classe le 25 juillet 1951, et passe en première classe le 9 mars 1955. Il suit les cours de Charles-Gustave Stoskopf ©, François Herrenschmidt ©, Louis Madeline et Gérard Sacquin. Il obtient des médailles en perspective (27 mars 1953) et en dessin d’ornement (9 mars 1955). De 1956 à 1961, Herz effectue plusieurs stages chez Bertrand Monnet ©, architecte en chef des monuments historiques d’Alsace, pendant lesquels il travaille sur les projets du premier Palais de l’Europe, du Centre de recherches des macromolécules à Strasbourg, de constructions scolaires en Lorraine, et de la villa de Bertrand Monnet à Vaux-sur-Mer (Charente-Maritime). Il voyage dans la plupart des pays d’Europe, en particulier dans les pays nordiques, pour étudier l’urbanisme et les immeubles-tours encore peu répandus en France. Ses recherches dans les centres de restauration à Paris, à Bruxelles, à Amsterdam et en Allemagne l’amènent à étudier, pour son diplôme d’architecte, un « Centre d’étude et de restauration d’œuvres d’art », qu’il présente le 25 avril 1961, et pour lequel il obtient la mention assez bien. Architecte DPLG le 15 juin 1961, il s’inscrit à l’Ordre des architectes le 3 octobre 1961. Bertrand Monnet lui ayant proposé de prendre la succession de Charles-Henri Arnhold ©, décédé, comme architecte des bâtiments de France du Haut-Rhin, Herz occupe ce poste de 1961 jusqu’à son départ à la retraite en 1991. Fait unique en France, il a en même temps la charge de deux agences pour les monuments historiques et les bâtiments civils du département, l’une à Colmar et l’autre à Mulhouse.  Admis au concours d’architecte des bâtiments de France le 17 novembre 1964, il est titularisé le 1er novembre 1965. Inspecteur des édifices cultuels du Haut-Rhin, il est membre de la commission diocésaine d’art sacré de l’évêché de Strasbourg. Il est aussi rapporteur de la commission départementale des sites, perspectives et paysages du Haut-Rhin. Parallèlement aux activités du service, il prête son concours aux chantiers de restauration de Bertrand Monnet, aux collégiales Saint-Martin à Colmar et Saint-Thiébaut à Thann, aux églises de Sigolsheim et de Feldbach, aux remparts et à l’église de Neuf-Brisach, etc. Il participe à l’élaboration du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé de Colmar et contrôle la réhabilitation de l’îlot des Tanneurs et de la Petite Venise. Au titre de l’entretien des monuments historiques, il s’occupe des travaux dans les ruines des châteaux-forts de Ferrette, Landskron, Saint-Ulrich et Hagueneck, à la chapelle Saint-Wolfgang à Kaysersberg, au Tribunal de grande instance de Colmar, et dans les bâtiments civils du Haut-Rhin. Il promeut les fouilles archéologiques dans le sous-sol et dans les maçonneries démolies, ce qui permet de mieux connaître l’origine de l’architecture du Haut-Rhin (collégiale Saint-Martin de Colmar,  église Saint-Léger de Guebwiller). Sous la direction du préfet de la Région Alsace, Jean Sicurani ©, il participe à l’élaboration de la brochure N’abîmons pas l’Alsace (1968). Il est conseiller technique de l’association du Mémorial du Linge (1969). Il est élu vice-président du syndicat des architectes du Haut-Rhin le 14 juin 1971, puis président. Il organise le colloque de Kaysersberg sur « l’architecture dans le paysage haut-rhinois » qui porte sur l’ensemble des problèmes posés par la protection des sites et l’intégration de l’architecture moderne dans le département (4 mars 1974). Il donne des cours à l’école pratique de l’administration et participe à l’organisation des concours du CAP de Colmar et Mulhouse. Il fait quelques travaux privés comme la restauration des hôtels de ville de Kaysersberg et de Turckheim, l’aménagement du musée postal de Riquewihr, et la restauration de l’église de Huningue. A partir de 1974, l’importance croissante de ses tâches administratives l’oblige à renoncer aux travaux privés, à l’exception de l’achèvement de sa maison à Zellenberg. Avec son épouse, il organise plusieurs expositions sur la Hollande à Colmar (« Amsterdam 700 ans » en 1975, « de Stijl 1917-1931 » en 1980). A ces moments de loisirs, il pratique également le violoncelle et la peinture. Membre de l’Union franco-britannique des architectes. Membre du Lions club international, président de la section de Colmar. Membre de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Alsace, section Arts. Chevalier de l’Ordre national du mérite (1981).

 

Auteur de « La restauration et la revitalisation de Colmar », dans Restauration et vie des ensembles monumentaux, Actes du séminaire franco-polonais organisé par la section française de l’ICOMOS, Nancy – Pont-à-Mousson, 4, 5, 6 décembre 1980 (= Les cahiers de la section française de l’ICOMOS), 1981, p. 111-115. « Riquewihr », dans Congrès archéologique de France, 136e session, 1978, Haute-Alsace, Paris, 1982, p. 330-339. « L’agence des bâtiments de France, service départemental de l’architecture du Haut-Rhin », dans Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, XXIX, 1986, p. 157-161.

 

Nicolas LEFORT (mai 2014)

Sources :

Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, 80/29/2. Curriculum vitae, août 1983. 80/11/14. Dossier personnel. Dernières Nouvelles d’Alsace, édition de Colmar, 3 mars 2007. Entretien avec Hugues Herz à Colmar le 2 juin 2008. Témoignage de Hugues Herz sur sa jeunesse pendant la guerre dans MENGUS (Nicolas) et HUGEL (André), Entre deux fronts, Les incorporés de force alsaciens dans la Waffen-SS, volume 1, Paris-Sarreguemines, éditions Pierron, 2007, p. 49-53. Notices biographiques dans LEFORT (Nicolas), Patrimoine régional, administration nationale, La conservation des monuments historiques en Alsace de 1914 à 1964, thèse de doctorat en histoire, volume 1, Strasbourg, 2013, p. 756-757, et dans STORNE (Franck), « Dictionnaire des élèves et des enseignants de l’école d’architecture de Strasbourg », dans CHATELET (Anne-Marie) et STORNE (Franck), dir., Des Beaux-Arts à l’Université, Enseigner l’architecture à Strasbourg, volume 1, Histoire et mémoires, Paris, éditions Recherches / école nationale supérieure d’architecture de Strasbourg, 2013, p. 297-298.