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HAGE

Famille de marchands et d’exploitants de mines strasbourgeois du XVe s., dont les filiations sont difficiles à établir à cause de leur homonymie. Jacob, fils de Frantz Hage, mercier, obtint des lettres d’armoiries en 1434, et mourut peu après; sa veuve entretint en 1436 un étalon et un cheval au profit de la ville de Strasbourg, ce qui laisse supposer que la famille était très fortunée. Un Jacob, fils (?) des précédents, fut membre du Grand Sénat en 1450, 1456 et 1457. Deux autres membres de la famille furent également sénateurs: Frantz représenta les bateliers en 1468,1469, 1474 et 1475, et Jacob les marchands de grains en 1467 et 1468. Frantz Hage avait fondé une société de commerce avec ses deux fils Jacob et Frantz. Pendant l’hiver 1466-1467, il avait acheté 7 Terlin(g) de draps anglais à Utrecht, soit 3360 aunes. Il fit apprêter les draps à Utrecht avant de les embarquer sur deux bateaux en direction de Francfort, où il voulut les vendre pendant la foire de carême 1467. Au passage de Kulenburg près d’Utrecht, les deux bateaux furent arrêtés parce qu’on soupçonnait que les marchandises transportées étaient de Cologne ou appartenaient à des marchands de cette ville. Les deux bateaux appartenaient l’un à un batelier d’Emmerich, l’autre à un batelier de Niederwesel. Les draps purent continuer leur route vers Francfort, après que Frantz Hage eut prêté serment, le 18 avril 1467, devant le magistrat de Strasbourg, que les draps étaient la propriété de son père Jacob l’aîné et de sa famille. Un autre Hage, prénommé Michel, beau-frère de l’altammeistre Heinrich Arg, avait épousé Agnès, veuve de Heinrich Hennike. Par le biais de ce mariage, Michel Hage entra dans les affaires commerciales des Hennike. Après la mort de son épouse en1467, Michel Hage résilia le contrat d’association avec Hans et Heinrich, fils du premier lit d’Agnès Hage. Les Hage participèrent aussi financièrement à l’exploitation de gisements miniers en France. En janvier 1487, Charles VIII, roi de France, accorda à une vingtaine de mineurs, originaires du Rhin supérieur et de Nuremberg, une licence d’exploitation de mines pour une durée de cinquante ans, valable pour tout le royaume là où aucune exploitation n’était encore commencée. Parmi les vingt mineurs figurent Frantz Hage l’aîné et le jeune,Georg, Philipp, Carl et Anstett (Anastase) Hage, ainsi que Hans Joerger l’aîné et le jeune, autres marchands banquiers strasbourgeois du XVe s. On ne connaît malheureusement rien sur la mise de fonds des participants strasbourgeois, ni sur le succès ou l’échec de cette entreprise.

Archives municipales de Strasbourg, KS 4 f° 14 v° et 48 r°; Archives départementales du Bas-Rhin, G 138/7 (1434), 16J 19, 52 J (Fonds Landsberg en cours de classement): 1525, accord entre Philipp H. et ses héritiers; J. Hatt, Liste des membres du Grand Sénat de Strasbourg, 1963, p. 446-447; J. Combes, «La Monnaie de Montpellier et les gisements d’or et d’argent dans les Cévennes méridionales au XVe s.», Actes du 49e congrès de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, organisé à Alès les 22 et 23 mai 1976, p. 151; M. Alioth, Gruppen an der Macht. Zünfte und Patriziat in Strassburg im 14. und 15. Jh. Untersuchungen zu Verfassung, Wirtschaftsgefüge und Sozialstruktur, t. 1, Bâle, 1988, p. 453.

François-Joseph Fuchs (1989)