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HAERTER François Henri

Pasteur, fondateur d’œuvres, (Pl) (* Strasbourg 1.8.1797 † Strasbourg 5.8.1874). Fils de François Haerter, confiseur, et de Louise Rhein. ∞ I 18.8.1823 à Strasbourg Élise Henriette Kampmann (1799-1828), fille de Frédéric Geoffroy Kampmann, trésorier municipal de Strasbourg. ∞ II 23.3.1830 à Strasbourg Frédérique Dorothée Rausch (1799-1842), fille de Jean Lebrecht Rausch, commerçant, et petite-fille de Jean Geoffroy Henri Rausch, conseiller aulique du landgrave de Hesse-Darmstadt et guillotiné en 1793. Études au Gymnase de Strasbourg, puis au Séminaire de théologie (1816-1821). Voyages à Paris et en Allemagne (1821-1822). Ordonné pasteur le 3 novembre 1822. Il fut pasteur à Ittenheim (1823-1829) où il s’imposa comme prédicateur et accorda ses soins à l’école villageoise, puis à Strasbourg Temple-Neuf (1829-1874). Les débuts furent difficiles: il passa par une longue crise intérieure, liée en partie à la mort de sa première femme. En 1831, il acquit la certitude de sa vocation et en témoigna dans une prédication qui exerça un profond impact, tout en suscitant une vive opposition dans les milieux rationalistes du protestantisme. Désormais, il incarna le Réveil piétiste en Alsace. Sa prédication très simple prônait la repentance et incitait les auditeurs à «consacrer leurs cœurs au Christ et leurs mains aux prochains». Il s’opposait au rationalisme en soulignant la perdition de l’homme, la divinité du Christ, la prière et l’autorité de la Parole de Dieu. Il se distinguait aussi des luthériens orthodoxes en insistant sur la vie religieuse personnelle plutôt que sur l’Église, sur le royaume de Dieu plutôt que sur la fidélité doctrinale. De nature ascétique, marqué par des deuils familiaux (dont ses deux épouses) et l’expérience personnelle de la maladie, il prêchait la rupture avec le monde. Mais son influence, au-delà de son activité paroissiale, s’exerçait surtout par la création et l’animation d’un certain nombre d’institutions diaconales et d’évangélisation, dont la plupart subsistent de nos jours. En 1834, il contribua à la création de la Société évangélique qui organisa des réunions de prière et d’édification en-dehors des heures des cultes officiels dans une salle, devenue chapelle, située rue de l’Ail, à Strasbourg, mais en évitant les tendances séparatistes. La société devint très active au service de la mission intérieure par l’édition et la diffusion de bibles, de brochures et de traités religieux, le colportage, l’ouverture de salles de lecture et de bibliothèques. Haerter joua également un rôle prépondérant dans la fondation (1842) et l’organisation de l’établissement des Diaconesses. Haerter collabora activement à d’autres oeuvres encore: Société biblique, Société de mission évangélique de Strasbourg, Société du sou protestant, Union chrétienne des jeunes gens, orphelinat du Neuhof. Il participa également aux comités des missions de Bâle et de Paris, de la fondation Blessig, de la Société de bienfaisance des pauvres honteux de Strasbourg, de la Société des amis des pauvres. En 1871 encore, il contribua à la fondation du Bon Pasteur, collège féminin protestant. Durant quatre décennies, Haerter a été l’animateur en Alsace du courant piétiste et revivaliste répandu à travers l’Europe protestante. Il a eu le mérite de demeurer fermement attaché à l’Église luthérienne, malgré la réserve manifestée à son égard par le directoire et la faculté de Théologie, dominés parle courant libéral. Sa dure polémique avec Horning © ne l’entraîna jamais à la dissidence. Il était également très ouvert à la collaboration et la communion avec les réformés (calvinistes, «unionisme»). Il était très apprécié comme pasteur: sa prédication était forte, sa catéchèse convaincante. Il incarne le renouveau spirituel et la vitalité diaconale du protestantisme alsacien au XIXe siècle. Ses écrits imprimés sont essentiellement des prédications. Il a édité un Catéchisme qui connut de nombreuses éditions en allemand et en français, et la Confession d’Augsbourg avec commentaire (1838).

Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, 1887-1888, vol. 4, n° 42 (avec portrait); J.Hackenschmidt, Bilder aus dem Leben von Franz Heinrich Härter, Strasbourg, 1888; E. Roehrich, Le pasteur H. F. Haerter, Paris, 1889; M. Reichard, Franz Härter. Ein Lebensbild aus dem Elsass, Strasbourg, 1897; G.Haerter, Zur hundertjährigen Geburtstags-Feier vonFranz Härter, Strasbourg, 1897; T. Todt, Franz Haerter, der Strassburger Diakonissenpfarrer, Berlin, 1901; D.Metz, F. H. Haerter (1797-1874), mémoire de licence, Strasbourg, 1964, dactyl. contenant la liste des écrits imprimés; F.W. Bautz,  Biographisch-bibliographisches Kirchenlexikon, t.II, 1977, col. 447-453; R. Voeltzel, Service du Seigneur: la vie et les œuvres du pasteur François Haerter 1797-1874, Strasbourg, 1983; Encyclopédie de l’Alsace, VI,1984, p. 3642; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 182-183; Dictionnaire de biographie française, XVII, 1986, 487.

Bernard Vogler (1989)