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HABSBOURG, comtes de

Lignage illustre qui apparaît en Argovie au Xesiècle. Il édifia au siècle suivant, près du confluent de l’Aar et de la Reuss, le château de Habsbourg qui lui valut son nom. À la même époque, la famille était également possessionnée en Alsace et dans le Brisgau. C’est avant la deuxième moitié du XIIe siècle que les Habsbourg obtinrent le comté de Haute-Alsace et par conséquent le titre de landgrave de Haute-Alsace. La lignée accumula ensuite quantité de terres et de couronnes; les Habsbourg furent rois des Romains, ducs puis archiducs d’Autriche, empereurs du Saint Empire romain germanique, rois de Bohême et de Hongrie, rois d’Espagne, etc.

Guntram (Gontran) le Riche

(† Xe siècle). Premier membre connu du lignage grâce aux Acta Murensia rédigés au XIIe siècle dans le monastère de Muri en Argovie. Certains historiens ont voulu l’identifier au comte alsacien Guntram, jugé en 952 pour haute trahison par le roi Otton Ier et condamné à la confiscation de tous ses biens. Dans ce cas, les Habsbourg seraient issus des Eberhardiens ©, comtes de Basse-Alsace.

Lanzelin

(† Xe siècle). Fils de Guntram le Riche ©. Connu par les Acta Murensia qui le qualifient de comte d’Altenburg d’après un château de ce nom situé soit près de Brugg en Argovie, soit dans le Klettgau. Il eut pour fils Radbot, Rodolphe Ier et peut-être Werner, évêque de Strasbourg de 1002 à 1028, dont les Acta Murensia font cependant un membre de la famille des ducs de Haute-Lorraine.

Radbot

Comte du Klettgau, pagus situé sur la rive droite du Rhin, à l’ouest de Schaffhouse (1èremoitié du XIe siècle). Fils de Lanzelin ©. ∞ Ita, issue de la famille des ducs de Lorraine. Il partagea avec son frère Rodolphe Ier les possessions patrimoniales et obtint les biens situés en Alsace, tandis que son frère reçut les terres d’Argovie. Avant 1027 éclata une guerre entre les deux frères lorsque Rodolphe Ier exigea que les biens à Muri, qui étaient échus à Radbot, fussent aussi partagés. La mort de Rodolphe Ier sans descendance permit la réunification du patrimoine au profit des fils de Radbot, Otton Ier, Albert Ier et Werner Ier.

Rodolphe Ier

(† avant 1063). Frère de Ratbot ©. Il fonda avec sa femme Cunégonde, avant 1051, le monastère de femmes d’Ottmarsheim, qu’il dota généreusement. Il mourut sans descendance.

Werner Ier

(† 1096). Fils de Ratbot ©. Après la mort précoce de ses deux frères Otton Ier et Albert Ierentre1052 et 1055, il resta seul héritier des biens patrimoniaux. Pendant la querelle des Investitures, il prit parti pour la papauté. Avec l’aide de Giselbert, abbé du monastère de Sankt-Blasien (Bade), il fit réformer l’abbaye de Muri. Il renonça même à son avouerie sur le monastère afin de le libérer de toute emprise séculière. Sa prise de position en faveur de la papauté et sa renonciation à l’avouerie de Muri provoquèrent un conflit avec les comtes de Lenzburg, ses propres neveux. En 1086, les parties conclurent la paix et décidèrent que l’avouerie resterait aux Habsbourg et reviendrait toujours à l’aîné de la maison. De son mariage avec Reginlind, Werner Ier laissa deux fils, Otton II et Albert II.

Otton II

Comte de Habsbourg († 8.11.1111). Fils de Werner Ier©. Proche de l’empereur Henri V, il participa en 1108 à sa campagne contre Coloman, roi de Hongrie. Il fut tué au château de Butenheim, au sud d’Ottmarsheim, par Hesso d’Usenberg.

Werner II

Comte de Habsbourg, landgrave de Haute-Alsace († août 1167). Fils d’Otton II ©. En 1135, il apparaît comme avoué de l’abbaye de Murbach, fonction importante en raison de la richesse des possessions de cet établissement, parmi lesquelles figurait le monastère de Lucerne. Werner II devint avoué de Muri après la mort sans descendance en 1141 de son oncle paternel Albert II. Puissant personnage, il fréquenta à diverses reprises la cour des empereurs Conrad III et Frédéric Ier. Il accompagna ce dernier en Italie en 1154-1155 et en 1167. Il trouva la mort au cours de cette seconde expédition.

Albert III

Comte de Habsbourg, landgrave de Haute-Alsace († 25.11.1199). Fils de Werner II ©. ∞ Ita, fille de Rodolphe, dernier comte de Pfullendorf. Pour avoir renoncé à la succession de son beau-père dont les biens revinrent à l’empereur, il obtint en dédommagement une partie de l’héritage des comtes de Lenzburg, lignée parente éteinte en 1172-1173: les pouvoirs comtaux du Zürichgau sur la rive droite de la Limmat et du lac de Zurich, l’avouerie de Sâckingen, quelques biens à Willisau et Sempach, les biens des seigneurs de Biederthal, au sud-ouest de Bâle.

Rodolphe II

Comte de Habsbourg, landgrave de Haute-Alsace(† avril 1232). Fils d’Albert III ©. ∞ Agnès, fille du comte de Staufen. Il fut mêlé aux combats opposant en Allemagne partisans d’Otton de Brunswick et Philippe de Souabe pour la succession au trône impérial. Après avoir soutenu Philippe, il se rallia à Otton en 1200 et lui prêta hommage. En septembre 1212, il rejoignit le parti du roi Frédéric lorsque celui-ci vint à Bâle. À Haguenau, la même année, il se porta caution pour une dette que le roi avait contractée auprès du duc de Lorraine. Fidèle du roi Frédéric II, il l’accompagna dans une campagne dans le Brabant en 1213, le suivit dans trois de ses voyages en Italie, en 1222 à Capoue lors de l’entrevue de Frédéric II et du pape Honorius III, en 1226 lors des premiers combats contre les Lombards, et en 1230 lors de la réconciliation de l’empereur avec le pape Grégoire IX. Ces relations privilégiées trouvèrent une expression plus personnelle dans lerôle de parrain qu’accepta de remplir Frédéric II auprès du petit-fils du comte, Rodolphe IV, futur roi. À la mort en 1218 de Berthold, dernier duc de Zaehringen, Rodolphe II reçut de Frédéric II l’avouerie impériale d’Uri, mais la perdit dès 1231, en vertu de la lettre de franchise que le roi Henri accorda au pays d’Uri. Rodolphe II obtint comme dédommagement le comté deFrickgau. À sa mort, le comte laissait à ses fils Albert IV et Rodolphe III des biens considérablement augmentés.

Albert IV

Comte de Habsbourg, landgrave de Haute-Alsace († 1239 ou 1240). Fils de Rodolphe II ©. ∞ avant 1217 Heilwig de Kibourg. Il prit part en 1228, aux côtés de l’évêque de Strasbourg, au conflit pour la succession des comtes de Dabo opposant l’évêque et la ville de Strasbourg d’une part, et les comtes de Ferrette et leurs alliés d’autre part, et remporta en juin une victoire à Blodelsheim. Après la mort de son père, il partagea avec son frère Rodolphe III les biens patrimoniaux, une première fois vers 1232-1234, puis en 1238. Albert IV hérita du comté d’Argovie, du comté de Frickgau, des avoueries de Muri et Säckingen et des alleux d’Alsace. Rodolphe III obtint les possessions du Zürichgau avec probablement la dignité comtale, Sempach, la seigneurie de Willisau, Laufenburg, et un domaine près de Lucerne. Le landgraviat de la Haute-Alsace, l’avouerie de Murbach restèrent propriétés communes mais parla suite revinrent aux successeurs d’Albert IV. Rodolphe III, marié à Gertrude de Regensberg, donna naissance à la branche cadette des Habsbourg-Laufenbourg. Albert IV, chef de la branche aînée, mourut en Terre Sainte, laissant trois fils, Rodolphe IV © futur roi, Albert V et Hartmann. Le second († 1.1.1256) devint chanoine de Strasbourg et de Bâle et soutint la papauté dans ses luttes contre l’empereur. Hartmann († entre 1247et 1255) participa aux guerres de Lombardie dans les rangs de l’Empereur.

A. Schulte, Geschichte der Habsburger in den erstendrei Jahrhunderten, Innsbruck, 1887; O. Redlich, Rudolf von Habsburg, Innsbruck, 1903,p. 5-21; Regesta Habsburgica, sous la direction d’O. Redlich, t. 1, 1905, p. 1-56; Regesten der Bischöfe von Strassburg, sous la direction de H. Bloch et P. Wentzcke, t. I, 1908, p. 260-272; H. Bloch, «Über die Herkunft des Bischofs Werner I. von Strassburg und die Quellen zur ältesten Geschichte der Habsburger», Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, XXIII, 1908, p. 640-681; D. Schwennicke, Europäische Stammtafeln, NF 1, Marburg, 1980, pl. 12; A. Heitzler et Ch. Wilsdorf, «Murbach», Helvetia Sacra, Berne, III-1,1986, p. 872-895.

Marie-Ange Duvignacq et Christian Wilsdorf (1989)