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GUSTENHOVER (GUSTENHOFFER, GOSSENHAUER) Philippe

Orfèvre et alchimiste, (Pl) (* Offenburg? † Strasbourg avant 1607). Issu d’une des familles protestantes les plus en vue d’Offenbourg, il quitta cette ville à la suite de la Contre-Réforme et s’établit à Strasbourg. Selon le scénario habituel des histoires d’alchimistes, il aurait reçu vers 1600 de la part d’un étranger un peu de poudre rouge ainsi qu’une recette permettant d’en faire de l’or. Mais l’affaire s’ébruita. L’empereur Rodolphe II, vivement intéressé par les recherches des alchimistes, fut mis au courant. Il fit procéder à une enquête. Au cours d’un interrogatoire par le syndic Hartlieb, le secrétaire Jundt et le conseiller Kollöffel, Gustenhover aurait réussi à transformer des balles de plomb en or. L’empereur dépêcha un envoyé pour chercher chez Gustenhover ce qu’il croyait être la pierre philosophale ou le grand élixir. Mais il n’obtint rien de lui. Alors il le fit arrêter. En 1602, il fut emmené à Prague et incarcéré à la Tour Blanche. Ayant réussi à s’évader, il se cacha chez Michel Theurer, devenu membre du conseil des XV, tout en étant également l’un des chefs du mouvement schwenckfeldien à Strasbourg.Mais celui-ci mourut l’année suivante. Sur ordre de l’empereur, Gustenhover fut encore emprisonné durant plus d’un an à Strasbourg. Mais il ne fut pas extradé. La ville tergiversa pendant deux ans, étant elle aussi intéressée par les résultats auxquels pouvait éventuellement arriver un faiseur d’or. Pendant ce temps, Gustenhover correspondit avec le roi de France Henri IV et chercha à le faire intervenir. À la fin de la guerre des évêques, en 1603, il fut livré à l’empereur à Prague. Il y continua son jeu et rentra en grâce auprès de Rodolphe II. Mais il s’enfuit de nouveau. Pris au pays de Wurtemberg, il y mourut en prison. En 1607 son frère fut exécuté à Strasbourg pour avoir projeté un attentat contre l’ammeistre régent.

J.-J. Heilmann, Theatrum chemicum, Strasbourg, t. VI,1661; Ph. A. Grandidier, Nouvelles œuvres inédites, 1898, t. II, p. 224; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 669; Histoire de Strasbourg, éd. par G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, t. II,1981, p. 531.

Marc Lienhard (1989)