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GÜNTZROTT (GÜNTZEROTH, GINTZEROT) Auguste-Christian

Carrossier et collectionneur, (Pl) (* Grossenehrich, Thuringe, 1728 † Strasbourg 26.6.1806). Fils de Gaspard Güntzrott, sellier, et d’Anne Marie John. ∞ I 23.12.1763 à Strasbourg, Saint-Nicolas, Anne-Marie Cullmann (* Strasbourg, Saint-Nicolas, 1.4.1745 † Strasbourg, Saint-Nicolas, 3.9.1771), fille de Jean-Christian Cullmann, sellier (* Weiterswiller 1714 † Strasbourg, 16 messidor an II – 4.7.1794), et d’Anna Maria Wel(t)z(er) (* Bischwiller 1714 † Strasbourg 9 nivôse an VI – 29.12.1797). ∞ II 25.7.1774 à Strasbourg, Temple-Neuf, Marguerite Salomé Huttel (†Strasbourg, Saint-Nicolas, 30.9.1776), fille de Jean Huttel, intendant de la noblesse (†Strasbourg, Temple-Neuf, 21.12.1752) et de Marie-Marguerite Kaeuflin. Maîtrise de sellier le 22 septembre 1763 au sein de la corporation des selliers allemands, puis acquit le droit de bourgeoisie, le 5 décembre 1763. Son atelier, sis à côté du poêle de la Mauresse, au n°5 de la rue du Vieux-Marché aux Poissons, à l’enseigne de Saint-Georges, devint rapidement l’un des plus achalandés de la Ville. Güntzrott eut l’habileté de consacrer son art à la fois à la qualité et au nombre, en fabriquant concurremment chaises, «brouettes» et carrosses. Aussi son entreprise, qui employait de nombreux compagnons, par l’excellence et le choix offerts par sa production, acquit bientôt une réputation européenne. Assez paradoxalement, Güntzrott ne participa jamais au Magistrat ni aux conseils gouvernant la cité, mais il acquit une situation prééminente au sein de sa corporation, dont il fut élu échevin en 1779, 1781, 1784, 1786,1788; juge au tribunal de la tribu en 1784 et1788; président de la corporation en 1775. Cependant, la carrière des honneurs ne suffisait pas à Güntzrott; esprit éclairé s’il en fut, il consacra ses efforts à plusieurs ouvrages de la plus grande valeur historique et documentaire, consacrés aux véhicules et moyens de transports des anciens. D’autre part, loin de se laisser enfermer dans une desséchante spécialisation, il s’adonna également aux arts et aux sciences et possédait en particulier, outre une estimable collection de tableaux et de meubles, un cabinet d’histoire naturelle, «consistant en collections de minéraux, pétrifications, coquillages, poissons de mer, oiseaux empaillés, tant du pays qu’étrangers». Aussi apparaît-il au fond naturel qu’il se consacrât peu à peu à une production de luxe dans son art, jusqu’à la consécration que fut pour lui la commande officielle, par la cour de Prusse, d’un carrosse de cérémonie destiné au couronnement du roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, qui eut lieu le 17 août 1786. De ce fait, parvenait à son terme l’évolution naturelle qui faisait d’un artisan issu du système corporatif municipal, un artiste de cour, véritable fonctionnaire des arts, désormais au service d’une puissance autrement considérable que ne l’était dès lors devenue sa ville. La tourmente révolutionnaire suspendit un moment cette inéluctable évolution, en forçant Güntzrott à revenir à une production plus prosaïque, puisque le 6 janvier 1794, il présenta au Club des Jacobins, un projet «de voiture expresse pour la conduite de plusieurs blessés», après avoir envoyé un petit modèle de cette voiture au ministère de la Guerre. Séduit par le projet, le Club «n’arrêta d’écrire à ce ministre pour qu’il fît examiner ce modèle». Cependant, la disparition même des corporations, en 1791, rendit désormais irrésistible le mouvement qui menait les artisans de premier rang à s’associer à une puissance supérieure qui leur donnât les moyens d’action, que leur ville et un système économique et social révolu ne pouvaient plus leur fournir. Güntzrott allait en être un parfait exemple en devenant, lors de sa création, «par la grâce de Dieu et de Napoléon», le maître-carrossier du nouveau royaume de Bavière, et en réalisant les merveilleux équipages que l’on peut encore admirer de nos jours au «Marstallhof» de Nymphenburg près de Munich.

A. C. Ginzrot, Die Wagen und Fahrwerke von der Antikebis zum XIX. Jahrhundert («nebst Bespannung, Zäumung und Verzierung der Zug-Reit-und Lasttiere»), Munich, 1817.

Archives municipales de Strasbourg, registres paroissiaux et état-civil; archives des corporations de Strasbourg (procès-verbaux de la tribu des Tanneurs); registres de délibérations du conseil municipal de Strasbourg; G. Foessel, Auguste-Chrétien Guntzrott, le carrossier des rois. Corporations et artisans d’Alsace du Moyen Age à la Révolution, CIAL, Strasbourg, 1973.

Georges Foessel (1989)