Potier d’étain et chroniqueur, (Pr) (* Obernai 4.5.1596 † Bâle? 1656? 1657?). Fils d’Augustin Gu?ntzer, potier d’étain à Colmar, puis à Obernai, et d’Agnès Gross, fille d’aubergiste et de potier d’étain à Obernai (Pr). ∞ 29.6.1623 à Colmar Marie Goecklin (ou Göckler), veuve d’un membre du Magistrat et vigneron colmarien; 3 enfants. Né dans une famille de neuf enfants, il est mis en pension à Baccarat (1608-1610) pour y apprendre le français et passe à Obernai une enfance laborieuse et austère, marquée par une éducation sévère. Bien que calvinistes, les Gu?ntzer sont rattachés à la paroisse luthérienne Saint-Jean d’Oberlinden à Obernai. De par leur situation sociale, ils n’ont cessé de tisser des liens avec les familles les plus considérées d’Obernai (les Korn, les Haas, les Streicher), de Colmar (les Birr et les Sandherr), de Riquewihr et de Sainte-Marie-aux-Mines, la famille étant, selon toute probabilité, originaire du val de Villé. Après trois années d’apprentissage auprès de son père (1612-1615), Gu?ntzer est destiné à être engagé comme compagnon à Strasbourg. En fait, il entame une série de pérégrinations professionnelles (lors d’un premier voyage, 1615-1619) et autres (lors d’un second voyage en 1620-1621) qui le conduisent à visiter une grande partie de l’Europe (Allemagne, France, Suisse, Italie, Pays-Bas, Provinces-Unies, Danemark, Angleterre) au prix de 4000 lieues (soit quelques 30 000 km) parcourues en cinq ans et demi. Auteur d’une autobiographie, intitulée Kleines Biechlin von meinem gantzen Leben et interrompue en 1657, qui, au-delà du récit de voyage, porte témoignage sur son époque et finira par lui conférer davantage de notoriété que son activité de potier d’étain. La deuxième partie de sa vie est assombrie par les tribulations liées aux persécutions religieuses et aux événements de la guerre de Trente Ans. En effet, calviniste convaincu, Gu?ntzer se trouve successivement en butte à l’intolérance des «papistes» et des luthériens, sa propre vie offrant un bel exemple de constance dans la foi. Dès 1628, l’occupation de Colmar par les troupes impériales et la restauration du catholicisme dans la ville conduisent la famille à se réfugier à Strasbourg. Il est témoin de la guerre de Trente Ans, avec son cortège de chertés, de famines et d’épidémies, et assiste en 1632 à la prise d’Obernai, de Sélestat et de Colmar par les Suédois. En 1653, un deuxième exil attend Gu?ntzer, à Bâle cette fois-ci, ville réformée, où il exerce, pour survivre, les métiers les plus divers (dont ceux de pâtissier confiseur et de marchand ambulant). Nous perdons sa trace entre 1656 et 1657, sans que nous puissions établir de façon certaine la date et le lieu de son décès.
Sur l’autobiographie d’Augustin Gu?ntzer: Augustin Gu?ntzer’s merkwu?rdige Lebensgeschichte. Ein Kulturbild aus dem Jahrhundert des 30.jährigen Krieges. Erklärt von ihm selbst, Barmer Bu?cherschatz, vol. 3-4, Barmen, 1896, d’après une copie de l’original conservé à la Bibliothèque de l’Université de Bâle sous la cote HV 165; Kleines Biechlin von meinem gantzen Leben. Die Autobiographie eines Elsässer Kannengiessers aus dem 17. Jahrhundert, édité et commenté par F.Brandie et D. Sieber, collection Selbstzeugnisse der Neuzeit, Köln, 2002; comptes rendus de J.-M.Boehler à paraître dans Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach-Barr-Obernai, ainsi que dans la revue Francia, Obernai et Paris, 2004 et de G. Bischoff dans la Revue d’Alsace, 2004. Sur la famille Gu?ntzer et la vie d’Augustin Gu?ntzer: Ph. Mieg, «Les tribulations d’Augustin Gu?ntzer, bourgeois de Colmar, durant la guerre de Trente Ans», Annuaire Société historique et littéraire de Colmar, 1958, p. 48-65; Ph. Mieg, «Notes biographiques et généalogiques sur les Gu?ntzer de Colmar, deSélestat et de Riquewihr», Annuaire de Colmar, Société d’histoire et d’archéologie de Colmar et environs, 1974/1975, p. 159-179 et plus particulièrement p. 167; Ph. Mieg, Chr. Wolff, «Tableaugénéalogique Gu?ntzer. Atlas des familles alsaciennes», supplément au Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace 1983; Chr. Wolff, notice Gu?ntzer, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, 14, 1989, p.1334; A. Ostertag, «L’horizon d’Augustin Gu?ntzer au XVIIesiècle» et «Destins de femmes au XVIIesiècle», Le Paysan du Haut-Rhin, 1985, 3 et 5. Sur l’activité de potiers des Gu?ntzer: A. Riff, «Deux artisans alsaciens au XVIIe siècle. Les fondeurs d’étain Isaac Faust et Augustin Gu?ntzer», Archives alsaciennes d’histoire de l’Art, 1924, p. 49-53; A. Riff, Les étains strasbourgeois du XVIe au XIXe siècle, Colmar, 1925, rééd. 1977, p. 72-73; P. Ernst, «A propos de potiers d’étain d’Obernai et de Colmar», Les Vosges, 4, 1981/4, p. 4-8; idem, «Le plat d’étain d’Augustin Gu?ntzer», Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach-Barr-Obernai, 19, 1985, p. 159-164; P. Ernst, M.-A.Hickel, «Les potiers d’étain de Barr», Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach-Barr-Obernai, 24, 1990, p. 123-130; Chr. Muller, «Deux dessins d’Augustin Gu?ntzer représentant Obernai», Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach-Barr-Obernai, 17, 1983, p. 131-138.
Jean-Michel Boehler (2010)