Évêque, (C) (* Benfeld 30.10.1872 † Bowral, près de Sydney, 12.7.1960). Fils de Laurent Gsell, et de Joséphine Jehl. Les parents s’établirent à Sainte-Croix-aux-Mines où Gsell fréquenta l’école primaire et fut mis, à 12 ans, comme apprenti dans une filature de coton. Un frère de la congrégation des Missionnaires du Sacré-Cœur fit entrer l’adolescent à l’école apostolique à Issoudun (diocèse de Bourges). Il y fit les études secondaires, le noviciat et émit ses vœux de religion. À l’Université Saint-Apollinaire de Rome, il fit des études de philosophie et de théologie, terminées par le doctorat. Il fut ordonné prêtre le 30 mars 1896, à Rome. En 1897, il fut envoyé à Sydney en Australie. Là, il apprit l’anglais, devint professeur au séminaire de confrères australiens et aida encore les prêtres au ministère sacerdotal à Randwick, quartier important de Sydney. Après trois ans, il devint procureur de la Mission de Papouasie, curé des Blancs à l’île Yulé et missionnaire à l’intérieur de cette île, où il fut atteint par la fièvre paludéenne et l’hématurie. Guéri, il fut nommé en 1906 par le Saint-Siège administrateur apostolique du territoire de Port-Darwin. Ayant reçu un renfort de missionnaires, il organisa le centre de la ville comme une paroisse et fit construire une école et un couvent. À partir de 1911, Gsell eut à administrer comme préfet apostolique le Northern Territory, en Australie. Pour son activité missionnaire, Gsell choisit l’île Bathurst, à 80 km au nord-ouest de Darwin ; il y resta de 1911 à 1938, avec le renfort de deux religieux et de religieuses infirmières et éducatrices. Lui-même pratiquait aussi la médecine. La conversion des aborigènes fut difficile. Il réussit à acheter par le troc une première fillette. Quand elle eut l’âge, elle choisit librement un époux, un garçon de la Mission, pour vivre dans la monogamie chrétienne et fut inscrite au registre de la tribu comme femme de Gsell; il en fut de même des cent cinquante qu’il acheta en tout; c’était «l’évêque aux 150 épouses». Cette action de Gsell fut approuvée par le ministre anglais, et, en 1936, le roi George VI lui octroya la décoration de l’ordre de l’Empire britannique. Le pape Pie XII, ancien condisciple de Gsell à Saint-Apollinaire de Rome, lui dit à l’occasion d’une festivité à Bathurst: «Je vous comprends, vous les achetez pour les rendre libres; je bénis votre diocèse et votre travail». Le sacre épiscopal de Mgr Gsell comme évêque de Port-Darwin eut lieu le 5 juin 1938 à l’église Notre-Dame du Sacré-Cœur de Randwick; Mgr Joseph Bach ©, d’Urmatt, yassista. La deuxième Guerre mondiale eut des conséquences en Australie, par suite des bombardements des Japonais. La population du nord fut évacuée à 1500 km au sud, et Gsell dut se réfugier à Alice-Springs dont il développa la station missionnaire. De nouveaux postes de mission et une léproserie furent ouverts avec des Sœurs d’Issoudun. Après 25 années d’absence, Gsell revint une première fois en Alsace, et une seconde fois en 1947. A Rome, il reçut du pape Pie XII en 1948 la permission de se retirer. Il resta cependant encore actif pendant deux ans, en collaboration avec son successeur. Finalement, il revint au couvent des Filles du Sacré-Cœur à Bowral où il mourut.
Archives des Pères d’Issoudun; Mgr Gsell, «Ehemaliger Bischof von Port Darwin in Australien», Honneur et Patrie, 14, 1960, n° 28-29, p. 2; G. Knittel, Évêques missionnaires d’Alsace, Strasbourg, 1965, p. 163-166; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3543; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1985, 1393; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987,p. 171.
Georges Knittel(1989)