industriel, conseiller général, maire de Guebwiller,(C) (* Buethwiller 27.7.1788 † Guebwiller 19.8.1876). Fils de François Jacques Grün, propriétaire à Thann, et de Madeleine Hartmann. ? 17.11.1819 à Guebwiller Marie Anne Joséphine Callias, fille de Valentin Sébastien Callias, premier suppléant de la justice de paix du canton de Guebwiller, et de Marie Ursule Strobel. Entré très jeune aux ateliers A. Koechlin & Cie de Masevaux, Grün y fit son apprentissage dans la mécanique. Vite remarqué et encouragé, il s’initia aux travaux de construction de machines textiles et étudia avec ardeur. Vers l’âge de vingt ans, il partit s’employer à Paris où il suivit également les cours du soir pour parfaire ses connaissances techniques et étudier les mathématiques. Dès 1811, ses talents lui valurent un poste de direction dans une filature de laine à Paris. En 1814, il perfectionna le filage de la laine cardée. Puis il s’intéressa particulièrement à la filature mécanique du coton dans les numéros fins, procédé développé en Angleterre mais encore pratiquement absent et donc très recherché dans l’industrie textile française. En 1818, lorsque le manufacturier Nicolas Schlumberger © décida de construire une nouvelle et grande filature à Guebwiller, il fit appel à Grün pour diriger la construction des machines. Jusqu’en 1832, Grün resta attaché à cet établissement où il fit fonction de directeur technique et d’ingénieur mécanicien, contribuant grandement au développement de l’atelier de construction de machines qui allait plus tard supplanter la production textile chez N. Schlumberger & Cie. Établi à son compte à Guebwiller à partir de 1832, Grün installa une petite filature de laine peignée sur le canal des moulins, puis créa dans la rue des Chanoines ses ateliers de construction de machines avec une fonderie. Il mit ainsi au point de nouveaux modèles de métiers à filer et devint l’un des fournisseurs de la jeune industrie textile de Roubaix. Primé aux Expositions universelles de Paris en 1844 et 1855, il obtint l’année suivante un brevet pour l’application de métiers semi-automatiques à la filature de la laine. Conseiller municipal de Guebwiller dès le début de la Monarchie de Juillet, Grün fut élu maire de la ville le 12 mars 1850 et resta en fonction jusqu’en 1852. Il fut également, durant toute la Seconde République (1848-1852), le conseiller général du canton de Guebwiller. Employant plus de 300 ouvriers, les établissements F.J. Grün ouvrirent après la guerre de 1870-71 une succursale à Lure, Haute-Saône, qui devint aussi importante que l’entreprise mère et permit de conserver les liens avec le marché français.Cette succursale fut confiée au fils cadet Adolphe (* 1832 † 1895), ingénieur à l’École centrale des arts et manufactures, qui succéda en1876 à son père. Quant à l’aîné François Jacques Valentin (*1824 † 1853), architecte, il exécuta les plans de la tour de l’église Notre-Dame de Guebwiller, édifice qui avait été laissé inachevé depuis sa consécration en 1785.
Archives municipales Guebwiller, EC et F II 3 (dossier sur l’entreprise); Ch. Wetterwald, «La naissance, l’essor et la fin de lamanufacture F.J. Grün de Guebwiller», L’Alsace du24.9.1954; Ch. Wetterwald, Guebwiller à travers son passé, Guebwiller, 1971, p. 134; J.-M. Schmitt, «De lacapitale seigneuriale à la Mulhouse des Vosges. Origines et débuts de l’industrialisation à Guebwiller», Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1982, IV, p. 87-88.
Jean-Marie Schmitt (1989)