Professeur et littérateur, (Pl) (* Strasbourg30.4.1828 † Strasbourg 17.5.1904). Fils de Jean Gustave Grucker, libraire, et de Sophie Madeleine Pfaehler. Célibataire. Grucker fit ses premières études au Gymnase de Strasbourg entre 1841 et 1846. Bachelier, il s’inscrivit en rhétorique au lycée Louis le Grand (1846-48), puis à la faculté des Lettres de Strasbourg, où il eut pour maîtres en particulier Paul Janet, qui exerça sur lui une influence déterminante, Delcasso, Ch. Cuvier et Bergmann. Licencié en 1850, il préparait à Paris l’agrégation de philosophie quand cette dernière fut supprimée après le coup d’État de 1852. Il passa alors quelques mois auprès de Victor Cousin en qualité de secrétaire, puis il revint au Gymnase de Strasbourg comme professeur de lettres, plus tard de philosophie (1852-1867). En 1863, il passa l’agrégation de philosophie, en 1865 celle de langues vivantes, en 1866 le doctorat ès lettres. Nommé en 1867 professeur de littérature étrangère à l’Université de Poitiers, fut appelé en 1880 à Nancy, où il prit la retraite en 1898. Connaissant parfaitement l’allemand et l’anglais, attiré par le rationalisme du XVIIIe siècle, tempéré par les influences protestantes reçues dans sa jeunesse, Grucker a été de ceux qui ont cru que «le progrès… résulte de la pénétration profonde des esprits, de l’échange pacifique des idées… En enseignant à ses étudiants… à jeter les yeux par-delà les frontières… il avait le sentiment de travailler à l’avènement d’une âme européenne, toujours plus large et plus compréhensive» (Lichtenberger, opus cité).
Parmi ses œuvres principales, on peut citer sa thèse de doctorat: François Hemsterhuis. Sa vie et ses œuvres, Paris, 1866; Histoire des doctrines littéraires et esthétiques en Allemagne: Opitz, Leibniz, Gottsched, les Suisses, Paris-Nancy, 1883; «Le pasteur Oberlin. Discours de réception à l’Académie de Stanislas», Mémoires de l’Académie de Stanislas, Nancy, 1888, p. XXXI-LVI; «La dramaturgie de Lessing. Corneille, Aristote et la tragédie française», Annales de l’Est, t. VII,1893, p. 489-537; «La dramaturgie de Lessing. Les caractères dans la comédie et la tragédie», Annales de l’Est, VIII, 1894, p. 321-350; «La dramaturgie de Lessing. Voltaire et son théâtre», Annales de l’Est, IX,1895, p. 1-41; Histoire des doctrines littéraires et esthétiques en Allemagne (2epartie). Lessing, Paris-Nancy,1896. Une liste complète des écrits d’Émile Grucker se trouve dans l’article d’E. Krantz.
«Éloge funéraire prononcé à Strasbourg le 20 mai 1904par le professeur Lichtenberger, parlant au nom de la faculté des Lettres de Nancy», Journal d’Alsace du 21.5.1904 et Annales de l’Est, Nancy, 1904, p. 488-491; E. Krantz, «Émile Grucker», Annales de l’Est, Nancy, 1904, p. 501-556; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 653 (erreur sur la date de naissance); R. Reuss, Soixante années d’activité scientifique et littéraire…, Paris, 1926, p. 9; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3533; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1985, 1375.
Werner Westphal (1989)