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GROMER Jean Georges Melchior

Prêtre, archiviste-bibliothécaire et homme politique, (C) (* Saint-Dié 6.1.1879 † Haguenau 1.10.1954). Fils de Sylvestre Gromer, qui opta pour la France en 1871 et s’installa à Saint-Dié comme employé d’une usine textile de Sainte-Marie-aux-Mines, et de Louise Obermoser, originaire de la vallée de Lièpvre. En 1880, les parents de Gromer s’installèrent à Sainte-Marie-aux-Mines, puis à Échery. Gromer fit ses études au collège de Sainte-Marie-aux-Mines, puis au collège épiscopal de Strasbourg. Il entra au Grand Séminaire de Strasbourg en 1899. Il suivit également des cours de philosophie et de philologie romane à l’Université de Strasbourg. Ordonné prêtre en 1903, il fut nommé vicaire à Kaysersberg (1903-1906), puis à Saint-Georges de Haguenau (mai 1906-décembre 1908). Très actif au sein des associations sociales, caritatives et sportives, il fut sa vie durant un alpiniste intrépide. Le 1er janvier 1909, il succéda à l’abbé Hanauer ©, mort peu auparavant, à la direction des archives, de la bibliothèque et du musée de la ville de Haguenau, fonctions qu’il exerça jusqu’à la fin de 1950. Il reprit ses études à l’Université de Strasbourg et soutint, en 1913, une thèse de doctorat, dirigée par Martin Spahn, sur Die Geschichtsschreibung der Stadt Hagenau bis um 1850. Gromer fut à la fois un érudit très productif et un organisateur très efficace. Il publia de nombreux ouvrages et articles historiques. Dès 1910, il assura les fonctions de secrétaire, puis de gérant, de la Société d’histoire et d’archéologie de Haguenau, et dirigea la rédaction de l’annuaire de l’association. En 1938, il devint président de la Fédération historique alsacienne, Elsässische Geschichtswissenschaftliche Vereinigung. Il fut également le premier président, et l’un des fondateurs, de l’Association des archivistes et bibliothécaires municipaux d’Alsace, fondée en 1935. Avec Fritz Kiener ©, il fut à l’origine de la création, le 20 novembre 1936, du Centre de Recherches historiques alsaciennes, financé par les deux Conseils généraux, dont le but était de promouvoir la recherche et la publication des sources de l’histoire de l’Alsace. Gromer fut également très actif en politique. Membre du Centre alsacien-lorrain, il soutint, en 1911, l’idée d’une candidature de Martin Spahn à Haguenau pour l’élection à la seconde Chambre du Landtag. Il fut incorporé sous les drapeaux en mars1915, malgré sa qualité de prêtre. En décembre1919, ses amis le poussèrent à se présenter comme candidat de l’Union populaire républicaine (UPR) aux élections au Conseil général. Il fut conseiller général de Haguenau de 1919 à 1940.De 1920 à 1924, il représenta le Conseil général du Bas-Rhin au Conseil consultatif d’Alsace et de Lorraine. Membre de la Commission départementale du Conseil général dès 1920, il en devint secrétaire en septembre 1922, puis président de novembre 1931 à 1940. À ce titre, il fut à l’origine de nombreuses initiatives du Conseil général:création d’une commission des routes (1928), agrandissement des Archives départementales, mise en place de cours pratiques d’administration pour les fonctionnaires communaux. Membre du Conseil de l’enseignement du Bas-Rhin, il s’intéressa tout particulièrement aux questions scolaires et linguistiques. En mai 1938, il participa à la création du Groupement alsacien de vigilance et d’action économique, dont le but était d’atténuer les conséquences du phénomène de glacis sur l’économie alsacienne. De septembre1939 à mai 1940, il fut, en tant que président de la Commission départementale, un des responsables de l’évacuation et organisa les secours aux Alsaciens évacués. Membre de l’UPR dès sa création, en février 1919, Gromer y fut un des éléments les plus actifs de l’aile autonomisante du parti. Avec J. Keppi © et Charles Moschenross, il organisa remarquablement la section de Haguenau pour en faire une des plus actives d’Alsace. Il fut membre du Comité directeur du parti en 1922, puis d’août 1927 à 1940. Gromer fut un des initiateurs de l’Elsass-Lothringischer Heimatbund (mai 1926) et signataire de son fameux manifeste du 5 juin 1926. Il fut également un des promoteurs et le théoricien de la Volksfront, le front unique des partis alsaciens pour la défense des Heimatrechte et du Volkstum alsacien. Il soutint cette tactique dans de nombreux articles de l’Unterländer Kurier, de l’Elsässer et de la Heimat, jusqu’en 1935/1936. Il parvint avec l’aile autonomisante de l’UPR à imposer cette tactiqueau sein du parti de fin 1928 à 1933/1934. Gromer futmembre du conseil de surveillance de la Sociétéd’édition de Basse-Alsace qui publiait l’Elsässer et l’Unterländer Kurier. Pendant la guerre, il garda ses fonctions à Haguenau. À partir de la fin de l’année 1942, il établit des contacts avec ses anciens collègues des Conseils généraux alsaciens, afin de préparer la transition après l’effondrement allemand qu’il estimait inévitable. S’appuyant sur une loi française de 1872, il proposait que les Conseils généraux assumassent tous les pouvoirs pendant la période transitoire, en attendant le rétablissement de la souveraineté française. Il était en contact avec Keppi © et le« groupe de Colmar » de Rossé ©. Pendant les combats de l’hiver 1944-1945 sur la ligne de la Moder, Gromer, aidé par son fidèle factotum Luttilié, mit à l’abri au Musée les pierres sculptées de l’ancienne Burg impériale qui se trouvaient entre les lignes ennemies dans le jardin de l’ancienmaire X. Nessel ©.

Pour l’œuvre complète de Gromer, se reporter à L. Sittler, «Ébauche de l’œuvre de Georges Gromer», Études haguenoviennes, 1948, p.281-314. Nous nous contentons de citer les principales œuvres: Les Béguinages à Haguenau d’après des notes inédites de M. Hanauer, Rixheim, 1909; Die Geschichtsschreibung der Stadt Hagenau bis um 1850,Hagenau, 1913; Le plus ancien nécrologe de l’église Saint-Georges à Haguenau. Introduction et textes, Haguenau, 1922; Les boiseries de l’abbaye de Neubourg à l’église Saint-Nicolas à Haguenau, Haguenau,1923; «Pour servir à l’histoire architecturale de l’église Saint-Georges à Haguenau», Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Haguenau, 1927; Kleine Beiträge zur Kenntnis Hagenaus und seiner Umgebung inVergangenheit und Gegenwart, 3 vol., 1930-1939; «Die Sankt-Georgskirche und Pfarrei im geschichtlichen Leben der Stadt Hagenau», Festschrift der Hagenauer Sankt-Georgskirche und-Pfarrei, Haguenau, 1937; Historia Collegii Societatis Jesu Hagenoae, Haguenau,1936; Un essai d’histoire de Haguenau au XVIIIe siècle: le code historique de G. J. Barth, Haguenau, 1938; Ueber die Entwicklung des engeren Stadtgebietes der ehemaligen Reichsstadt Hagenau, Haguenau, 1942; La chronique des Jésuites de Haguenau (1604-1692), Haguenau, 1959.

Archives municipales de Haguenau, papiers Gromer; Répertoire des archives, bibliothèques, musées, organismes officiels, sociétés, comités et revues au service de la recherche historique en Alsace, Strasbourg, 1939; L. Sittler, «Dr.G. Gromer zum 60. Geburtstag», Die Heimat, janvier 1939, p. 13-17; L. Sittler, «Ébauche de l’œuvre de Georges Gromer», Études haguenoviennes, 1948, p. 281-314; A. M. Burg, «Dr. G.Gromer», Almanach Sainte-Odile, 1956, p. 141 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972,p. 306, 327; M. Sturmel, «Das Elsass und die deutsche Widerstandsbewegung in der Sicht eines ehemaligen Abgeordneten der Elsässischen Volkspartei», Landesgeschichte und Zeitgeschichte, 1980, p. 59-128; C.Baechler, Le parti catholique alsacien, 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Paris, 1982; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3513; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1985, 1306; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, p. 168.

Christian Baechler (1989)