Abbé de Murbach († 30.5.1489). Vraisemblablement issu de la famille noble de Griessen ou Griesheim, près de Waldshut, et non de Griesprès de Haguenau, Achatius était membre du chapitre de Murbach à la mort de Barthélemy d’Andlau © en juillet 1476. Il fut élu à la tête de l’abbaye en dépit des intrigues de l’abbé de Munster Hugo von Laubgassen qui avait assuré l’intérim, et reçut l’investiture spirituelle en novembre. Son abbatiat fut marqué par une politique de repli et de reconstruction. La communauté monastique, que Barthel von Andlau avait tenté de réformer en imposant la vie commune, fut pourvue de nouveaux revenus (1478). L’abbé fonda la chapellenie de Saint-Nicolas de Bitschwiller-lès-Thann (1477) et renouvela sa protection sur le couvent des dominicaines d’Engelpforten, ramené à l’observance en 1465 (1480 et1485). L’administration du temporel bénéficia de l’appui de l’empereur Frédéric III dont un diplôme de 1480 avait permis la création de foires et de marchés à Uffholtz et Saint-Amarin. Elle se traduisit notamment par la concession des mines de fer de Bitschwiller et Willer-sur-Thur à un bourgeois de Cernay, Peter Schuldheiss, moyennant un dixième de la production (1479), et par de meilleures relations avec les bourgeois de Guebwiller dont le Conseil associait désormais deux membres du chapitre abbatial ainsi que deux gentilshommes (1483). En 1488, Murbach prit part à une coalition de villes et de seigneurs hostiles aux tribunaux véhémiques. En matière féodale, l’abbé chercha à renforcer ses liens avec les sires de Ribeaupierre auxquels il accorda l’expectative sur le fief d’Engwiller, tenu par Jacob von Lichtenberg © (1478). Il fut contraint de renoncer à ce projet, du fait de l’intervention du comte Simon Wecker de Deux-Ponts, qui dépensa deux mille florins pour rester maître de ce village (1480). Des fiefs abbatiaux furent attribués à son frère Rudolf von Griessen et à son cousin Sigfrid (1482). Contrairement à ses prédécesseurs, Achatius de Griessen laissa un bon souvenir dans les territoires abbatiaux. Ses sujets manifestèrent leur affection lors de sa guérison, à la suite d’une grave maladie, en 1483, en faisant sonner les cloches des églises et en organisant une procession.
Archives départementales du Haut-Rhin, Notes inédites sur les abbés de Murbach de A.Heitzler; A. Gatrio, Abtei Murbach in Elsass, t. 2, Strasbourg, 1895; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 2 (Achace de Griesheim); G.Bischoff, Recherches sur la puissance temporelle de l’abbaye de Murbach (1299-1525), Strasbourg, 1975.
Georges Bischoff (1989)