Skip to main content

GREITER (GREYTHER, GRITTER) Mathias

Musicien, compositeur, (C, Pl, C) (★ Aichach, Bavière, vers 1490 † Strasbourg 20.12.1550). ∞ 8.9.1524 Elisabeth Hans, fille de Herrmann Hans. Greiter. fut l’un des meilleurs compositeurs de son époque et l’un des principaux musiciens de la Réforme. Il était moine dans un cloître strasbourgeois, chantre à la cathédrale et déjà connu comme compositeur de chansons polyphoniques lorsque la Réforme prit son essor à Strasbourg. Il adhéra aux idées nouvelles, se maria et reçut le droit de bourgeoisie (8 octobre 1524), s’inscrivant à la corporation de l’Échasse. Dès lors, c’est comme mélodiste et comme auteur de traductions de psaumes qu’il servit la Réforme strasbourgeoise, celle-ci accordant au chant des psaumes à l’unisson une place essentielle dans le culte et dans la piété. Il contribua aux premiers recueils de cantiques strasbourgeois (Teutsch Kirchenampt, 1524; Strassburger Kirchenampt, 1525) avec des mélodies de psaumes telles que «AchGott, wie lang vergissest mein!» (Psaume 13), «Es seindt doch selig aile die» (Psaume 119); «Hülff Herr Gott dem deinen Knecht» (Psaume 119, 2e partie) et des mélodies liturgiques telles que «Alleluja loben den Herren», «Ich glaub in Gott», «Glory sei Gott in der Höhe», «Kyrie eleison erbarmdich». Il n’eut pas trop de ses charges de diacre dans différentes paroisses de la ville (Saint-Thomas, Saint-Martin, Saint-Étienne, Saint-Pierre-le-Vieux) pour nourrir sa nombreuse famille, tout en conservant son service de chantre à la cathédrale. Le 3 avril 1542, il fut nommé professeur de musique au Gymnase, dans lequel la musique tenait une place éminente. Pour ses élèves, il publia en 1542 un manuel de musique, Elementale musicum juventuti accommodum, qui fut réédité en 1544. Des écarts de conduite lui valurent de perdre ses fonctions et la plupart de ses revenus (1546). Il dut à l’intervention du landgrave de Hesse de donner à nouveau une leçon de chant hebdomadaire au Gymnase. Lorsque la cathédrale fut rendue au culte catholique à la suite de l’Intérim d’Augsbourg, il revint dans le giron de l’Église romaine, et reprit son poste de maître de musique à la cathédrale le 13 janvier 1550. Il mourut de la peste la même année. La plupart des mélodies qu’il a composées pour les églises protestantes de Strasbourg sont devenues le bien commun des Églises de la Réforme. Dès 1539, Calvin © lui emprunta celle du psaume 119, qu’il adapta au psaume 36 («En moy le secret pensement») et que Théodore de Bèze reprit à son compte en 1568 pour le psaume 68 («Que Dieu se montre seulement»); de même, la mélodie de Greiter pour le psaume 51 («O Herr Gott begnade mich») fut reprise pour le psaume 91 du psautier huguenot. C’est sur cette dernière mélodie que Johann Kotter ©, l’organiste alsacien de Fribourg, composa vers 1530 l’un des deux premiers préludes de choral pour orgue connus. Par ses chansons profanes à 4 voix, Greiter occupe une place à part entière dans le mouvement musical de son temps : parues dans des anthologies comme celles de Schoeffer et Apiarius, Strasbourg, 1536 («Ein seitzam neüwe abentheür», «Mit deiner Zucht herzliebste Frucht») ou de Gregor Faber, Bâle 1553 («Passibus ambiguis», sur un texte d’Ovide), ou conservées en manuscrit («Ich stund an einem Morgen», «Elslin, liepstes Elslin myn» écrite dans le style de la «fatrasie» ou du «quodlibet») elles témoignent d’un art confirmé du contrepoint et d’un sens privilégié de l’harmonie.

E. Wagner, Aktenmaterial zu einer Geschichte der protestantischen Kirchenmusik in Strassburg von 1524 bis 1684, I, p. 281-359 (exemplaire Archives municipales de Strasbourg); Fétis, Biographie universelle des musiciens, IV, 1878, p.98; J. Ficker, O. Winckelmann, Handschriftenproben des sechzehnten Jahrhunderts, t. Il, Strasbourg, 1905, pl. 66; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 645; Vogeleis, Quellen und Bausteine zu einer Geschichte der Musikund des Theaters im Elsass, Strasbourg, 1911, p. 189, 192, 210, 213, 215, 234, 240, 247, 255 ; Th. Gerold, «L’enseignement de la musique et du chant au Gymnase protestant sous le rectorat de Jean Sturm», Quatrième centenaire du Gymnase protestant de Strasbourg 1538-1938, Strasbourg, 1939, p. 219-229; Livre de bourgeoisie de la Ville de Strasbourg, Strasbourg, 1954, t. 2, p. 700, n° 747 ; Die Musik in Geschichte und Gegenwart, t. 5, 1956, col. 799-802 ; Muller, Anthologie des compositeurs de musique d’Alsace, Strasbourg, 1970, p. 59; The New Grove Dictionary of music and musicians, t. 7, 1980,p. 700-701 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3478; M. Honegger, Dictionnaire de la musique, Paris, 1986, p. 504.

Jean Happel (1988)