Polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, inspecteur général des Ponts et Chaussées, ministre des travaux publics (★ Sélestat 11.3.1812 † Boisset-lès-Montrond, Loire, 5.8.1884). Fils de François Nicolas Ignace Graeff, notaire à Barr, et de Rosine Antoinette Mathieu. Originaire d’une famille (C) dont plusieurs générations occupèrent au XVIIe s. à Obernai la fonction de receveur du couvent de Niedermunster. ? 22.3.1852 à Strasbourg Marie Pauline Tortel (★ Strasbourg 7.12.1826), fille de Jean-Pierre Paul Tortel, colonel d’artillerie, natif de Belfort, et de Louise Henriette Hoffmann de Strasbourg. Deux enfants, dont Auguste Stanislas Paul (★ Saverne 19.12.1852 † Versailles 20.6.1936), polytechnicien, colonel d’artillerie. Auguste fit ses études secondaires au collège de Sélestat, où il eut encore comme professeur de mathématiques Jean-Baptiste Schwilgué ©. Il poursuivit ses études à Strasbourg et fut admis en 1832 à l’École Polytechnique, puis à l’école des Ponts et Chaussées. À sa sortie en 1838, il reçut en charge l’arrondissement de Saverne en qualité d’aspirant ingénieur. Nommé ingénieur ordinaire de 2eclasse le 7 mai 1840, il resta attaché au même arrondissement jusqu’à sa nomination au grade d’ingénieur en chef. Entre temps, il fut chargé des travaux de construction du canal de la Marne au Rhin et des travaux d’établissements d’un des plus difficiles segments du chemin de fer de Paris à Strasbourg avec les trois tunnels de Saverne. Sa nomination d’ingénieur de 1èreclasse date du 16 mai 1847. Ces importants travaux lui valurent la croix de la Légion d’honneur. Nommé le 1er janvier 1856 ingénieur en chef de seconde classe, Auguste fut appelé au service du département de la Loire, où entre autres entreprises, il construisit le barrage du Gouffre d’Enfer sur le Furens et assura la distribution d’eau potable de la ville de Saint-Étienne. Le1er mai 1863, il fut nommé ingénieur en chef de 1èreclasse. Ces éminents services lui ouvrirent le Conseil général des Ponts et Chaussées auquel il fut nommé le 1er juin 1869. Le 5 mars 1875, il devint inspecteur général de 1ère classe et en 1879 il fut nommé vice-président du Conseil général des Ponts et Chaussées. Il exerça ainsi durant quatre années les fonctions de premier ingénieur de France. Le maréchal de Mac-Mahon lui confia le 23 novembre 1877 le ministère des Travaux publics dans l’éphémère cabinet présidé par le général de Rocheboüet. Appelé par le cardinal archevêque de Paris à faire partie de la commission des travaux de construction de la basilique du Sacré-Cœur (1876-1910), A. Graeff proposa, en raison du sol incertain de la butte Montmartre, des fondations renforcées qui furent exécutées malgré l’opposition de l’architecte Paul Abadie. Le pape, auquel cette décision fut signalée, demanda à A. Graeff de venir à Rome pour discuter avec deux autres ingénieurs, un Anglais et un Autrichien, sur la possibilité de déplacer la voûte de la basilique du Latran. Avec ses deux collègues il vota contre les ingénieurs romains et rien ne fut changé à Saint-Jean de Latran. Ordre de la Légion d’honneur: chevalier 7 août 1850, officier 14 août 1861. Commandeur de l’ordre de Pie IX.
Il a laissé des mémoires et publications sur l’art de l’ingénieur.
État-civil de Sélestat, Saverne, Boisset-lès-Montrond ; M. Delocre, La vie et les travaux de M. Auguste Graeff, Paris, 1887 (avec bibliographie détaillée); Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, 4e série, p. 19 avec portrait; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1984, 890; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3438 ; J. Hurstel, « Un ministre alsacien oublié, Auguste Graeff (1812-1884), inspecteur général des Ponts et Chaussées et ministre des Travaux publics », Réalités alsaciennes, 1985, n° 1, p. 18.
Maurice Kubler (1988)