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GOSCHLER Isidore

Prêtre, professeur, (I puis C) (★ Strasbourg 5.7.1804 † Paris 15.6.1866). Fils de Matthieu Goschler, négociant, et de Sarah Picard. Né dans une famille israélite strasbourgeoise, Goschler fit ses humanités au collège royal de sa ville natale. De 1822 à 1824, il étudia le droit à l’Université de Strasbourg et obtint le grade de « certifié ». Simultanément, il suivit des cours particuliers de philosophie auprès de Louis Bautain ©, en compagnie de Jules Lewel, Théodore Ratisbonne © et G.A. M. Carl. ©. Sous l’influence du « philosophe de Strasbourg », Goschler se convertit au catholicisme et reçut le baptême le 2 juin 1827 ; à son prénom de l’état-civil, il ajouta ceux de Marie Eugène Louis. Comme Bautain, il étudia la médecine à Strasbourg et soutint, en 1828, une thèse intitulée Du matérialisme en médecine (Strasbourg, 1828). Se sentant appelé au sacerdoce, il fut admis à la Petite Sorbonne de Molsheim, où il étudia la théologie en 1828 et 1829. Après avoir enseigné la philosophie au collège royal de Besançon (1829-1830), Goschler fut ordonné prêtre le 18 décembre 1830 par Mgr. J.F.M. Lepappe de Trévern © et s’agrégea aux « Messieurs de Saint-Louis ». Son ordinaire lui confia la chaire de philosophie au petit séminaire de Strasbourg que dirigeaient alors les disciples de Bautain. Ces derniers se heurtèrent bientôt à une partie du clergé diocésain formé au rationalisme scolastique alors que l’école de Bautain professait plutôt un fidéisme teinté de traditionalisme,niant la puissance de la raison. L’évêque prit position en faveur des défenseurs de la raison, condamna Bautain et ses disciples et leur retira la direction du petit séminaire, en 1834. Goschler s’éloigna momentanément d’Alsace et accepta un poste de professeur au séminaire d’École (Doubs) ; en 1835, il revint à Strasbourg où il enseigna jusqu’en 1839, aux côtés de Bautain, au pensionnat de la Toussaint, fondé par ce dernier. Simultanément, il reprit ses études qu’il couronna par un doctorat ès-lettres (1839) comprenant une thèse française (Du panthéisme) et une thèse latine (De Psalmorum, poésie et philosophie). Entre-temps, le conflit fut porté en cour de Rome. Le pape refusa de condamner les disciples de Bautain, ne voulant pas donner satisfaction à Mgr. Lepappe de Trévern, jugé trop gallican. Une solution fut bientôt trouvée. Le 8 septembre 1840 Bautain et ses amis signèrent un formulaire doctrinal présenté par le nouvel évêque coadjuteur de Strasbourg, Mgr. André Raess © qui leur rendit les pouvoirs canoniques. Néanmoins, Goschler préféra quitter le diocèse et suivre son maître qui fonda un collège à Juilly, Seine-et-Marne ; il en devint censeur (1842-1844) puis directeur (1844-1846). Pendant huit ans (1847-1855) Goschler assuma également la fonction de directeur du collège Stanislas, à Paris. Pendant les dernières années de sa vie, il traduisit plusieurs ouvrages de l’allemand en français: Histoire universelle de l’Église, d’Alzog, La Révélation biblique, de Henneberg, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, de Wetzer et de Welte, 26 vol., et Mozart, vie d’un artiste chrétien au 18esiècle.

Archives municipales de Strasbourg. N 309, 1588, 1804, 3; Archives de l’évêché de Strasbourg, reg. 21, p. 57, 63, 65, 76 ; reg. 45, p. 163; L. Bautain, Philosophie du christianisme. Correspondance religieuse…, 2 vol., Paris, Strasbourg, 1835; P. Roustan, Die katholischen Priester Theodor Ratisbonne, Isidor Goschlerund Julius Lewel, Strasbourg, 1835; S. Bloch, Überdie Bekehrungs-Geschichten der Herren T. Ratisbonne, J. Goschlerund J. Lewel, Strasbourg, 1835; Huguet, Célèbres conversions contemporaines, Paris, Bruxelles, 1869; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 629 ; R. Epp, Le mouvement ultramontain dans l’Église catholique en Alsace au XIXe siècle (1802-1870), Lille, Paris, 1975, t. 1, p. 256-260; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3412; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1985, 638.

Jean-Paul Blatz (1988)