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GOLBÉRY Marie Philippe Aimé

Magistrat, historien et homme politique, (C) (★ Colmar 1.5.1786 † Kientzheim 5.6.1854). Fils de Jean-Claude-Nicolas Golbéry ©. ∞ 1812 à Commenchon, Aisne (cérémonie religieuse), Rose Honorine Élisabeth Merlin, fille d’Antoine Christophe Merlin, dit Merlin de Thionville, député de la Moselle à l’Assemblée législative puis à la Convention. Golbéry fit des études secondaires à Coblence, où son père était en fonction, et où il fut notamment l’élève du célèbre publiciste allemand, Jacob Joseph von Görres ©. En 1804, il entra à l’École centrale de Paris pour étudier la jurisprudence, puis retourna à Coblence en 1806 pour y achever ses études de droit. Inscrit au barreau de Colmar en 1808, il se décida bientôt à entrer dans la magistrature. Nommé substitut à Aurich en Hollande en 1810, il devint procureur impérial le 30 novembre 1811 à Stade, Bouches-de-l’Elbe, puis fut rappelé à Aurich le 9 janvier 1812 avec le même titre. Après son mariage, il obtint d’être nommé procureur impérial à Colmar, le 29 janvier 1813, mais les événements politiques le décidèrent à donner sa démission dès 1814. Au début de la Restauration, il se fit inscrire une seconde fois au tableau des avocats de Colmar, puis revint à la Cour royale le 31 mars 1818 en qualité de substitut du procureur général, puis de conseiller le 7 novembre 1820. Entré dans la vie politique lors de l’avènement de la Monarchie de Juillet, il ne la quitta qu’à la chute du régime. Président du collège électoral du Haut-Rhin en 1831, il fut conseiller général du canton de Kaysersberg de 1833 à 1848, secrétaire du Conseil général du Haut-Rhin, député de la circonscription de Colmar de 1834 à 1848 ; esprit libéral, il siégea au centre gauche à la Chambre. De 1821 à 1841, Golbéry présida sans interruption, soit les assises du Haut-Rhin, soit celles du Bas-Rhin. Puis il fut nommé procureur général à la Cour d’appel de Besançon, qu’il quitta en 1847 pour des raisons de santé. Retiré dans sa propriété de Kientzheim, il refusa en 1851 le poste de premier président de la Cour d’appel de Besançon, auquel il venait d’être nommé. Magistrat très estimé, Golbéry doit cependant, avant tout, sa notoriété à sa passion pour l’histoire, la philologie, l’archéologie et l’architecture et aux nombreux travaux qui en résultèrent. Membre de la Société d’Émulation de Colmar dès 1808, il était préoccupé par la sauvegarde des édifices historiques de l’Alsace, dont il dirigeait le recensement suite à l’enquête lancée en 1819. Confirmé l’année suivante en qualité d’inspecteur des monuments anciens du département du Haut- Rhin, il devint en 1821 membre correspondant de la Société des sciences, agriculture et arts de Strasbourg, de la Société d’amélioration pour l’enseignement élémentaire et de la Société royale des antiquaires de France. Premier prix de l’Institut en 1824 pour le meilleur mémoire sur les antiquités nationales, Il entra également en 1826 dans la Société géographique, tut reçu membre correspondant de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) en 1827 et de l’Institut archéologique de Rome en 1831. En 1835, il obtint le titre d’inspecteur divisionnaire des Monuments historiques des départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin, des Ardennes, de la Meurthe,des Vosges et de la Moselle au nom de la Société pour la conservation des Monuments historiques de France (établie à Caen), et devint membre correspondant de la Société de l’histoire de France. Il entra enfin dans des commissions ministérielles, devenant membre du Comité de la langue et de la littérature françaises au ministère de l’Instruction publique, en 1838, membre du Comité des chartes, chroniques et inscriptions au même ministère et la même année, membre de la Commission des monuments historiques au ministère de l’Intérieur en 1879. Il était en outre membre correspondant de l’Institut historique ainsi que des Académies de Toulouse, Metz et Besançon.

Auteur d’une volumineuse correspondance et de nombreux mémoires sur les monuments, il a également collaboré au Journal des Savants, à la Revue encyclopédique de Jullien, au Bulletin de Férussac, au Courrier littéraire publié à Strasbourg, à l’Europe littéraire, à la Revue germanique, à l’Univers religieux, au Moniteur universel, aux Annales de Heidelberg, à la Kritische Zeitschrift de Mitmeier, au Dictionnaire de la conversation, à l’Encyclopédie des gens du monde et à différents recueils de mémoires. Ses principaux ouvrages sont les suivants: Les villes de la Gaule rasées par M.-A. Dulaure et rebâties par P. A. de Golbéry, Paris, 1821; Mémoire sur l’état de la Gaule avant la conquête de ce pays par les Romains, Paris, 1825; Antiquité de l’Alsace, châteaux, églises et autres monuments des départements du Haut et Bas-Rhin, Strasbourg, 1828, en collaboration avec Geoffroy Schweighaeuser ©; des traductions de Virgile, Tibulle, Cicéron, Suétone; de l’Histoire universelle de l’Antiquité de Schlosser, 3 vol., 1828; de l’Histoire romaine de Niebuhr, 7 vol., 1830-1860; Histoire et description de la Suisse et du Tyrol, 1845.

Archives municipales de Colmar, registres paroissiaux ; état-civil de Kientzheim; Matter, Philippe de Golbéry, Revue d’Alsace, 1857, p. 5-19, 49-70, 97-109; Larousse du XIXesiècle, t. 3, p. 816; Ch. Foltz, Souvenirs historiques du vieux Colmar, Colmar, 1887, p. 328-331; Robert, dir., Dictionnaire des Parlementaires français comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les ministres français 1789-1889, p. 204 ; A. Benoît, « Une lettre de M. de Golbéry à propos des élections de Colmar en 1833 », Revue d’Alsace, 1899, p. 411-416; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 621-622; P. Casper, « Neuf lettres inédites de Philippe de Golbéry », Revue d’Alsace, 1912, p. 370-384 ; « Philippe de Golbéry », La France de l’Est du 23.9.1929; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1985, 515 ; J.-Ph. Meyer, « Philippe de Golbéry et l’église romane de Gueberschwihr », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Colmar,1986, p. 62-82.

Une rue de Colmar porte son nom. Portrait au Musée d’Unterlinden.

Jean-Marie Schmitt (1988)