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GOETZ Gustave Adolphe

Notaire, homme politique, haut fonctionnaire, (Pl) (★ Wissembourg 8.4.1863 † Stuttgart 10.11.1932).

Fils de Charles Guillaume Goetz (★ Brumath), instituteur, et de Madeleine Apffel. ∞ Caroline-Hélène Waringer (★Rostok, Bohême, 23.4.1871). 2 enfants : Guillaume (★ Wissembourg 9.4.1895 ; mort au feu dans l’armée allemande, 1916) ; Hélène (★ Wissembourg 20.5.1896). Goetz fut élevé en Autriche et passa son Abitur à Vienne. Après la mort du père, lafamille regagna l’Alsace. Goetz étudia le droit à Strasbourg. Il embrassa la carrière notariale et occupa les études d’Epfig (1889), Oberbronn (1891), Wissembourg (à partir de 1894). Il prit une part active à la campagne électorale du prince Alexandre de Hohenlohe, député au Reichstag pour Haguenau-Wissembourg, et les grands électeurs de la circonscription de Wissembourg le désignèrent pour succéder au baron Charpentier à la Délégation (Landesausschuss) (1900). Le député de Wissembourg fut l’un des organisateurs les plus actifs du Parti libéral alsacien fondé en 1903 avec les frères Wolf ©, rédacteurs de la Strassburger Zeitung, qui fédérait les groupements libéraux de Strasbourg (avec le député de Strasbourg Riff ©, les professeurs Bresslau © et Van Calker), de Colmar (Roland) et de Saverne (Roeser). Goetz en devint le premier président. Il mit également sur pied un groupe parlementaire libéral à la Délégation, aux contours plus flous. Le vœu sur l’autonomie de l’Alsace-Lorraine que Goetz y fit voter, renouait avec la tradition de l’autonomisme des années des débuts du Pays d’Empire : l’autonomie était conçue dans le cadre de l’Empire allemand et se fondait sur les deux principes conjoints de reconnaissance du statut d’État fédéré dans cet Empire à l’Alsace-Lorraine (l’Alsace-Lorraine devait être dotée de voix délibératives au Bundesrat, Conseil fédéral), et du droit à un Parlement régional (Landtag), élu au suffrage universel. En 1908, Goetz quitta la politique active et entra dans la fonction publique comme directeur des impôts directs d’Alsace-Lorraine, poste quasi gouvernemental. Plus qu’un hommage rendu à l’orientation politique libérale, ce choix fut interprété comme une habile manœuvre du secrétaire d’État Koeller © qui neutralisa là un adversaire de son système de gouvernement, combinant immobilisme et concessions au catholicisme clérical. Goetz occupa de hautes fonctions dans l’Église de la confession d’Augsbourg : il fut membre de son directoire. Sans quitter la vie politique où il exerça une influence fort importante, Goetz n’y joua plus de rôle de premier plan. Il quitta l’Alsace en 1918 : c’est en Allemagne qu’il prit une place très importante dans les associations de l’émigration alsacienne en Allemagne. Il contribua à fonder la Commission des expulsés (Ausschuss der VertriebenenElsäss-Lothringer), puis du Hilfsbund der Vertriebenen Elsäss-Lothringer dès la fin de 1918. Il fit partie de la députation que les émigrés et expulsés d’Alsace-Lorraine envoyèrent à l’Assemblée nationale de Weimar (général Scheuch, Emmel, Donnevert, Dr. Spindier, Gilg, Anrich, Stadler, Scherer, Kausler, Emil Fischer), à la suite de quoi le gouvernement Ebert décida de créer une direction ministérielle au ministère de l’Intérieur, chargée des problèmes des émigrés et expulsés : pensions, aides et secours, etc… qui fut confiée à Goetz. Celui-ci assura ainsi la liaison entre le gouvernement et les associations d’Alsaciens-Lorrains en Allemagne. Au départ, le Hilfsbund se voulait pluripartisan et se fixait pour objectif le vote d’une loi d’indemnisation la plus complète possible. Rudolf Schwander en était alors le premier président. Le Hilfsbund comptait aussi de nombreux membres du Parti démocrate, bien implanté dans le sud de l’Allemagne, et dont les liens avec les libéraux et démocratesalsaciens remontaient à l’avant-guerre. Mais trèsvite, dès le vote du traité de Versailles, Schwanderquitta la présidence, pour être remplacé par le Lorrain Donnevert, avec pour secrétaire général l’ancien conseiller municipal de Colmar, Gilg : le Hilfsbund fut alors dirigé par des animateurs (alsaciens ou vieux-allemands alors immigrés en Alsace-Lorraine), qui avant 1914 avaient, pour la plupart, fait profession ouverte de nationalisme allemand et participé aux campagnes de presse et mouvements œuvrant dans ce sens. À l’été 1919, Goetz participa également à la fondation de l’Institut scientifique des Alsaciens-Lorrains dans l’Empire (Wissenschaftliches Institut der Elsäss-Lothringerim Reich) qui s’installait auprès de l’Université de Francfort, et fut présidé par le professeur de théologie catholique Ehrhard, mais dont l’âme fut le secrétaire général Wolfram © ancien directeur de la Bibliothèque universitaire de Strasbourg. Goetz en fut le trésorier et le pourvoyeur de subventions en provenance de différentes collectivités territoriales et ministères de Länder ou du Reich allemands. Goetz développa alors une double politique : celle de l’insertion des associations des émigrés alsaciens dans l’activité des autres associations d’émigrés en Allemagne ou d’Allemands dans l’émigration (Schutzbund, Verein des Deutschtumsim Ausland) ; il se situait parmi les partisans des orientations pangermanistes et revanchardes de ces associations et non pas parmi ceux qui prônaient pour elles une politique de simple défense et de promotion des intérêts culturels de l’Allemagne. Par ailleurs, il fut le partisan d’une intervention ouverte de l’Association d’émigrés en Alsace et Moselle françaises, et défendit cette politique auprès du gouvernement du Reich. Le modèle auquel il se référait et qu’il voulait reproduire à partir de l’Allemagne fut de toute évidence celui qui avait lié l’opinion publique alsacienne protestataire aux milieux alsaciens de France, pendant l’annexion de 1870 à 1918. Il voulait, pour ce faire, s’appuyer en Allemagne sur des associations alsaciennes, dont les directions seraient confiées à d’authentiques Alsaciens, et non pas à des Allemands immigrés en Alsace pendant la période de l’annexion à l’Allemagne et expulsés en 1918. Goetz demanda à disposer de sommes importantes au ministère des Affaires étrangères allemand pour intervenir dans les élections législatives de 1924 : celui-ci refusa. Mais le ministère changea de politique après Locarno : c’est un jeune protégé de Goetz, Robert Ernst © qui fut chargé de distribuer les sommes accordées par le ministère des Affaires étrangères allemand à différents journaux et organisations d’Alsace. En janvier 1924, la direction pour l’Alsace-Lorraine du ministère de l’Intérieur fut supprimée, et Goetz placé en disponibilité, puis en retraite à partir de 1928. Il continua à déployer une grande activité : il assura la présidence du Schutzbundjusqu’en 1931, où il employait Robert Ernst et Wilhelm Kapp, à qui il fit ultérieurement donner une chaire de journalisme à l’Université de Fribourg. Il fut de même président de l’Alt-Elsass-Lothringische Vereinigung, fondée par Ernst.

Archives départementales du Bas-Rhin ; “DasParteiwesen”, dans Haegy, DasElsass von 1870-1932, Colmar, Alsatia, t. 2, Colmar, 1933 ; Igersheim, p. 96, 103-105 ; I. Grünewald, Die Elsass-Lothringerim Reich 1918-1933, Francfort, 1983 ; L. Strauss, notice R. Ernst, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, X, 1987, p. 844-847.

Iconographie : photographie dans Elsass-Lothringen. Heimatstimmen du 25.11.1932.

François Igersheim (1988)