Les Girbaden portent le nom d’un château des comtes de Dabo/Dagsburg, dans l’entourage desquels le premier d’entre eux, Conrad de Girbaden, apparaît en 1197 (Archives départementales du Bas-Rhin, G 1308). Ils ont sûrement, au départ, fait partie de la garnison de Girbaden, comme milites castri ou Burgmannen, sans doute de statut ministériel, bien qu’aucun texte ne le prouve, ni même ne témoigne de relations quelconques entre eux et le château d’après lequel ils se nomment. L’extinction précoce des Dabo (1212/25), et les conflits qui l’ont suivie, facilitent l’émancipation des Girbaden. On les trouve certes dans la vassalité de l’évêque de Strasbourg, successeur des Dabo à Girbaden et dans le Val de Bruche (Regesten der Bischöfe von Strassburg, Innsbruck, 1908, II, 930, 1526) ; mais à la bataille de Hausbergen, si Ulrich de Girbaden est fait prisonnier dans les rangs épiscopaux (Urkundenbuch der Stadt Strassburg, I n° 492), son frère Walter combat dans le camp opposé, comme soudoyer de la ville de Strasbourg (Regesten der Bischöfe von Strassburg, Innsbruck, 1908, Il 1653, 1673). Et surtout, les Girbaden diversifient leurs hommages. Walter acquiert Bernhardswiller en gage d’Empire en 1276 (E. Winkelmann, Acta imperii ined., II, 92) ; les Girbaden sont aussi, dès le XIIIe siècle, vassaux des landgraves de Werd © – d’où leur présence à Erstein, dès 1290 (Archives municipales de Strasbourg, AH 724) – des sires de Fénétrange © (Châtelain) et d’Ettendorf © (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 13.1863, p. 156-57 ; Archives départementales du Bas-Rhin, G 908) et de l’abbaye de Moyenmoutier (H. Belhomme, Historia Mediani monasterii, p. 336, 344) ; au XIVe siècle, ils tiennent 1/3 de Boofzheim en fief des Ochsenstein ©. Dans l’ensemble, leurs fiefs semblent modestes – le plus important étant l’avouerie d’Eckbolsheim, qu’ils tiennent de l’évêque (Archives départementales du Bas-Rhin, H 3079/6) – mais ils sont mal connus, et leurs alleux encore plus. Ce qu’on voit apparaître de leurs biens est médiocre, et dispersé de Xouaxange (près Sarrebourg) à Heiteren (près Neuf-Brisach). Selon Schoepflin (Alsatia illustrata, III. II 294), un Girbaden aurait fondé en 1224 le béguinage d’Eckbolsheim, transféré en 1270 à Strasbourg (Sainte-Marguerite) ; aucune source ne confirme cette affirmation mais Archives départementales du Bas-Rhin, H 3079/11 (1285) peut s’interpréter en ce sens. On ne connait pas de château aux Girbaden, et on ignore où la plupart d’entre eux ont habité. Werner (1290-99) et Rudolf (1319) sont bourgeois de Brisach ; plusieurs Girbaden sont bourgeois forains ou même Constofler de Strasbourg dans la deuxième moitié du XIVe et au début du XVe siècle. Erstein pourrait avoir été la résidence la plus constante du lignage. (Hans-)Ullin y est bailli en 1402 et 1406 (Archives municipales de Strasbourg, Müllenheim 57, 62), et c’est également là que vit son fils Reimbold, dernier du lignage (1418-44 : Archives municipales de Strasbourg, Müllenheim). En 1276, Walter de Girbaden est beau-père du Landvogt Conrad Werner de Hattstatt. A cette exception près, les Girbaden du XIIIe et du début XIVe siècle se marient dans la petite noblesse d’origine ministérielle : Échery, Bilwisheim, Burggraf von Dorlisheim, Schenk von Ehenheim, Murnhard, etc. Erlewin de Girbaden marie sa fille à Rulman Schwarber ©, patricien de Strasbourg (Urkundenbuch der Stadt Strassburg, VII n° 68). Du mariage d’Odilia de Girbaden avec Johann de Müllenheim (avant 1336) descendent les Müllenheim-Girbaden (Familienbuch Müllenheim). Mais au milieu du XIVe siècle, la femme d’Arnold de Girbaden est une roturière d’Erstein (Archives départementales du Bas-Rhin, G 3555/6), et Reimbold épouse avant 1418 la fille de Marx Hüter d’Obernai, bourgeois de Strasbourg (Archives municipales de Strasbourg, Müllenheim 82). Tout en constatant le déclin des Girbaden dans leurs dernières générations, Kindler les considère à l’origine comme des « dynastes » — apparemment parce qu’ils ont quelques vassaux : il cite les Schwarber (en fait Erlewin de Girbaden investit son petit-fils Rulman Schwarber de ses fiefs impériaux et épiscopaux pour lui en faciliter la dévolution : Archives départementales du Bas-Rhin, C 273/65-66) et les Hilsenheim (mais Archives départementales du Bas-Rhin, G 2759/4 n’est pas probant) et omet les chevaliers de Hesse (Châtelain). Peu importe : d’autres familles (Burggraf, Beger, Laubgasse, etc.) ont davantage de vassaux sans pour autant s’élever au-dessus de la petite noblesse. À l’intérieur de celle-ci, les Girbaden – comme la plupart des familles issues de Burgmannen – n’ont jamais occupé qu’un rang très modeste.
Kindler von Knobloch, Das Goldene Buch von Strassburg, p. 92-93, et Oberbadisches Geschlechterbuch I, p. 447 ; V. Châtelain, « Ein Vasallenverzeichnis der Herren von Finstingen aus der Mitte d. 13. Jhs. », Annuaire de la société d’histoire et d’archéologie lorraine 5/2, 1895, p. 31.
Bernhard Metz (1988)