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GIPHANIUS (GYPHANIUS) Hubert (Obrecht von Giffen)

Professeur de droit (? Giffen, Pays-Bas, 1534 † Prague 26.7.1609). ? fin 1573 à Strasbourg Anne Marguerite Marbach († fin 1575 ou début 1576), fille du théologien Jean Marbach © adversaire de Jean Sturm ©. ? II à Altorf, RFA, Justina Oelhafen von Schöllenbach ; 1 fils : Jean de Giffen ©. Après des études à Louvain, Bourges et Paris, Giphanius fut fait docteur en droit à Orléans en 1567. En 1570, il est appelé à Strasbourg où il enseignera d’abord l’éthique et la politique selon Aristote puis, à partir de 1572, le droit. Partisan de la doctrine des humanistes il n’eut plus recours aux auteurs du « droit savant » médiéval. Il n’adhéra pas pour autant aux thèses des extrémistes de la nouvelle école : il défendit l’œuvre de Justinien et même de Tribonien, appréciait la ratio ordinis Institutionum et résolut les soidisantes antinomies que ses prédécesseurs avaient cru y apercevoir. Parallèlement à l’enseignement du droit il déploya, comme plusieurs de ses collègues et prédécesseurs depuis Sébastien Brant © une intense et lucrative activité d’éditeur qu’il avait débuté encore étudiant par un texte de Lucrèce (1566). À Strasbourg il est en relation d’affaires suivie avec l’imprimeur Théodore Rihel © pour lequel il présente et préface de nombreux ouvrages littéraires L’Iliade d’Homère, notamment, fut un succès de librairie. Mais en ce domaine il y eut aussi des déboires, entre 1573 et 1577. Un litige avec son collègue historien Michel Beuther © à propos d’un texte politique compromettant ce dernier lui valut même une incarcération de plusieurs mois. Après le décès de son épouse Giphanius, qui avait mauvais caractère et une solide réputation d’avarice, s’enlisa dans une pénible affaire de remboursement de dot l’opposant à son beau-père Marbach. En 1583, il quitta Strasbourg pour Altorf où il se remaria et enseigna avec grand succès ; sa
réputation sera celle de « plus important juriste des pays germaniques ». Il fit venir près de lui le célèbre Hugues Doneau (Donellus), mais se brouilla bientôt avec lui et à Altorf les étudiants Donellistes s’opposeront aux Giphanistes. Après un nouveau séjour en prison (pour dette) Giphanius se convertit au catholicisme et, en 1590, se rendit à l’Université des Jésuites d’Ingolstadt. De nouveaux démêlés avec des Jésuites cette fois, l’engagèrent enfin à rejoindre en 1599 la cour aulique (Reichshofrat) de Prague où il enseigna jusqu’à sa mort. Les treize années strasbourgeoises de Giphanius ont grandement contribué à la réputation de l’Académie. Il a été le représentant éminent d’une variété de mos Gallicus qui fera l’originalité de Strasbourg et à laquelle on restera longtemps fidèle. Elle combinait trois tendances : la systématisation philosophique, le recours critique à l’histoire et l’application du droit ainsi élaboré à la pratique coutumière et administrative. À sa mort son fils Jean refusa de faire publier les œuvres inédites de Giphanius, arguant du fait qu’il pourrait en résulter un dommage pour l’église catholique.

La liste des œuvres figure dans Stintzing-Landsberg, Geschichte der deutschen Rechtswissenschaft, I, 1880, p. 667 ; Mollat, 1885 (édition de 37 lettres) ; Un manuscrit de son commentaire de la Politique d’Aristote Lib. I, 443 feuillets, Ms 163 Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg; A. Schindling, Humanistische Hochschule und freie Reichsstadt, Gymnasium u. Akademie in Strassburg, 1538-1621, Wiesbaden, 1977, p. 245, 268, 302 ; H. E. Troje, « Die europaïsche Rechtsliteratur unter dem Einfluss des Humanismus », Jus Commune, Bd 3, Frankfurt, 1970, p. 33-63. Eléments biographiques dans Rud. von Stintzing, Hugo Donne in Altdorf, 1869. Allgemeine deutsche Biographie, Neue Deutsche Biographie, Dictionnaire de biographie française.

Marcel Thomann (1988)