prévôt de Marbach (? v. 1060 † Marbach 24.8.1130). Disciple et successeur immédiat de
Manegold de Lautenbach, l’illustre propagateur de la Réforme grégorienne, dont la date de décès, incertaine, est fixée au 24 mai 1103 d’après le nécrologe de Zwiefalten, Gerung fut sans doute élu par les chanoines réguliers aussitôt après la disparition de Manegold. Tous deux sont considérés comme auteurs des célèbres Constitutions en 153 articles qui régirent non seulement la communauté de Marbach, mais ses nombreuses filiales. À la requête de Gerung, le pape Calixte II (1119-1124) confirma par bulle, le 29 octobre 1119, la protection accordée par ses prédécesseurs Urbain II et Pascal II. Dans le codex Guta-Sintram de Marbach-Schwarzenthan conservé au Grand Séminaire de Strasbourg (1154), l’une des peintures en pleine page est consacrée à l’octroi de ces privilèges. Deux portraits en pied représentent Calixte II et Gerung, bien qu’en fait la bulle en question ait été promulguée à Reims et que les deux prélats ne se soient jamais rencontrés. Par ailleurs la bulle ainsi octroyée est d’au moins trois décennies antérieure à la confection du manuscrit. Cette année 1119, Rodolphe, évêque de Bâle, vint consacrer le 15 novembre le maître-autel de l’église de Marbach et le plaça sous le vocable de tous les saints. Une bulle d’Honorius II (1124-1130) renouvela encore protection et privilèges de Marbach à la demande du vieux prévôt, sous le gouvernement duquel la communauté augustine de Haute-Alsace commençait à se répandre à Schwarzenthann (1117) et à Oelenberg en Alsace, à Undenstorf en Bavière (1111) et à Backnang dans le Wurtemberg, et à Interlach en Suisse (1130).
Ph. A. Grandidier, Oeuvres historiques inédites, t. 3, Colmar, 1865, p. 121-128 ; J. Walter, « Les miniatures du Codex Guta-Sintram », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, 4, 1925, p. 1-40 ; Fr. A. Goehlinger, Histoire de l’abbaye de Marbach, Colmar. 1954, p. 12 et 85 ; M. Barth, “Handbuch der elsässischen Kirchen im Mittelalter”, Archives de l’Église d’Alsace, t. 27, 1960, col. 787-788, 1265.
Gérard Cames (1988)
