Pharmacien, homme de lettres, (Pl) (? Montbéliard 6.7.1859 † Strasbourg 18.6.1934).
Fils de Charles Frédéric Gérock, bachelier en théologie, professeur d’histoire au collège de Bouxwiller, directeur du collège de Montbéliard, (thèse : Alcoranus prophetici muneris Christi laudator ; Versuch einer Darstellung der Christologie des Koran), et de Charlotte Wilhelmine Heitz, fille de Frédéric Charles Heitz ©, imprimeur, éditeur. ? Marguerite Freydinger, fille d’Adolphe Freydinger, pasteur de la paroisse Saint-Nicolas à Strasbourg. Après avoir été élève chez plusieurs pharmaciens alsaciens, Gérock obtint son diplôme de pharmacien à l’Institut de pharmacie de Strasbourg et devint l’assistant de son directeur, Flückiger © de 1884 à 1893. Très attaché à ce maître qu’il vénérait et dont il se sentait redevable de sa forte formation scientifique, il renonça à l’enseignement quand celui-ci prit sa retraite prématurément. Il créa en 1893 la pharmacie du Lys au Neudorf, mais la céda en 1910. Il publia, surtout dans le Journal de Pharmacie d’Alsace-Lorraine dont il a été rédacteur en chef, de nombreux articles scientifiques sur les travaux menés à l’institut sur les drogues végétales en particulier, et sur les problèmes de la pharmacie. Mais dès cette époque il s’intéressa aux recherches étymologiques, à la toponymie, la géographie, la cartographie, l’histoire de l’Alsace écrivant aussi bien en français qu’en allemand. Francophile ardent et patriote alsacien, il fut l’un des artisans de l’érection à Munster du monument Kirschleger. Libéré des contraintes de son officine, il devint un des meilleurs connaisseurs de la Bibliothèque universitaire et régionale spécialement de la section Alsace-Lorraine. Il fut longtemps vice-président de l’Association philomatique et membre, entre autres sociétés savantes, de la Société pour la conservation des monuments historiques. Sa compétence lui fit confier le soin d’organiser une exposition cartographique d’Alsace-Lorraine lors du Congrès des géographes allemands en 1918. La victoire française lui permit de continuer ses études et ses publications qu’il considérait comme allant dans le sens de la réadaptation de l’Alsace redevenue française. Nommé à la section alsatique de la Bibliothèque universitaire qu’il connaissait si bien, il réalisa le catalogue des documents de la collection Heitz et collabora à la publication du catalogue des alsatiques. Il mit son immense érudition en matière de chimie, botanique, géologie, géographie, linguistique, archéologie, histoire de l’art et histoire locale à la disposition des étudiants, et des professeurs, alsaciens, français de « l’intérieur », et même étrangers. Tout en publiant de très nombreux articles dans ces domaines dans les diverses revues des sociétés savantes, il se sentait un devoir de vulgarisateur ; il a collaboré au Journal d’Alsace Lorraine et au Journal de l’Est. Même les problèmes économiques ne lui étaient pas étrangers, souvent abordés sous l’angle historique ou en relation avec l’environnement. Il prit position dans les problèmes brûlants de l’époque et mit en garde ses concitoyens contre la survivance d’un certain état d’esprit en Allemagne et la montée du nazisme. Il collabora aux quatre premiers volumes de la Bibliographie alsacienne et à la Bibliographie d’histoire coloniale. Il a participé à de nombreux comités : Comité directeur du Service de la carte géographique d’Alsace et de Lorraine, Commission de surveillance du Musée zoologique de Strasbourg, Comité départemental d’études d’histoire économique de la Révolution française. Commission départementale des monuments naturels et des sites du département du Bas- Rhin. Chevalier de la Légion d’honneur, officier d’Académie. Journal de Pharmacie d’Alsace-Lorraine, août, 1934, p. 264-270 ; Revue d’Alsace, n° 537-538, 1935, notice biographique et liste des travaux de J.-E. Gérock (par B. Georgin, son gendre, proviseur au lycée Fustel de Coulanges). P. Duquénois, « Le centenaire de la naissance de J.-E. Gérock », Bulletin de la Société de Pharmacie de Strasbourg, t. III, 1960, p. 44-47 (avec portrait).
André Georgin (1988)