Duc de Lorraine († 1070). En 1047, l’empereur Henri III déposa Godefroy le Barbu, duc de Haute-Lorraine, et le remplaça par Adalbert dit de Longwy, comte de Metz. Celui-ci fut tué dès 1048, et c’est son frère Gérard qui lui succéda comme duc. Adalbert et Gérard, petits-cousins de Henri III, étaient fils de Gérard, comte de Metz († vers 1045), lui-même fils d’Adalbert, comte du Soulossois, de Metz et du Saargau († 1033). Le règne de Gérard fut obscur : ses domaines étaient dispersés dans les zones les moins riches de la Lorraine, et la puissance temporelle des évêques, systématiquement favorisée par les empereurs, limitait le pouvoir ducal. Le principal titre de gloire de Gérard est que sa descendance a tenu le duché jusqu’en 1735 ; les historiens l’appellent « maison d’Alsace ». Ce nom vient de ce que Gérard, que les Actes des évêques de Verdun (Monumenta Germaniae Historica SS X 492) nomment « comte de Châtenois » (au Sud de Toul), est appelé « de Alsatia » par le chroniqueur brabançon Sigebert de Gembloux († 1112) (Monumenta Germaniae Historica SS VI 359). Pour Witte, cette dénomination découlerait du fait que Gérard descend du comte Eberhard © du Nordgau, un Étichonide ; mais c’est une erreur, comme l’a montré Hlawitschka, pour qui (p. 147-153), Sigebert a confondu le duc Gérard avec son lointain cousin Gérard d’Eguisheim, frère du pape Léon IX. Cette théorie « paraît douteuse » à Parisse (I 49 n. 172), qui ne discute cependant pas les arguments de son auteur et se rabat sur une explication bien moins plausible : Gérard aurait été nommé « d’Alsace » parce qu’il possédait Bitche et qu’il était parent des Eguisheim ; mais Bitche n’a jamais fait partie de l’Alsace, et un simple cousinage ne saurait donner naissance à un patronyme. Il faut donc, jusqu’à nouvel ordre, donner la préférence à la thèse de Hlawitschka.
H. Witte, « Genealogische Untersuchungen zur Geschichte Lothringens und des Westrich », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie lorraine (Jahrbuch der Gesellschaft für lothringische Geschichte und Altertumskunde) 5/2, 1893, p. 26-107 (en part. 52-60 et 65-70) ; E. Hlawitschka, Die Anfänge des Hauses Habsburg-Lothringen, 1969, p. 79-153 ; M. Parisse, La noblesse lorraine, 1976, I, p. 45-49.
Bernhard Metz (1988)