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GÉRARD Conrad Alexandre

Préteur royal de Strasbourg, (C) (★ Masevaux 12.12.1729 † Paris 16.4.1790).

Fils de Claude Gérard, procureur fiscal des villes et seigneuries de Masevaux et Rougemont, de souche lorraine, protégé des comtes de Rosen, et de Marie-Françoise Wetzel, de Burnhaupt-le-Bas. ∞ 16.11.1768 à Paris Saint-Eustache Marie-Nicole Grossart de Virly (1750-1811), une fille. Études au collège des Jésuites de Colmar, immatriculé à l’Université de Strasbourg le 3 mai 1747 ; thèse du 13 février 1749 De ballivis (Des Baillis), dédiée à la famille de Rosen, liée aux Broglie, Choiseul et Grammont. Entré dans les services diplomatiques en 1753, secrétaire de légation du baron de Zuckmantel (Mannheim) ; secrétaire d’ambassade à la cour de Vienne en 1761, il devint en 1766 premier commis du ministre des Affaires étrangères et reçut en 1770, à Strasbourg, en qualité de commissaire du roi, aux côtés du comte de Noailles, la dauphine Marie-Antoinette. En 1763, il a obtenu des lettres de provision en qualité de préteur royal de Sélestat, fonctions qu’il exerçait peu ; en 1776, il se démit de cette charge et fut nommé syndic royal de Strasbourg. En 1770 il acquit du prince de Nassau-Sarrebruck, pour 210 000 livres, en Lorraine allemande, les deux villages de Munster et Insviller, Moselle. En récompense de ses services, il fut anobli en janvier 1778 et devint M. de Gérard. Commença alors une nouvelle période d’activité « dite américaine » : en qualité de premier commis, il suivit les négociations menées par Vergennes avec les agents américains, venus, au nom des XIII colonies en voie d’indépendance, solliciter l’aide française. Le 6 février 1778, fut signé par Gérard, syndic de Strasbourg, au nom du roi, et par les députés du Congrès, Franklin, Lee et Dean, le traité d’amitié et de commerce, puis le traité d’alliance éventuelle et défensive. Le 29 mars, Gérard reçut les instructions royales qui le nommaient ministre plénipotentiaire « auprès du Congrès général de l’Amérique septentrionale ». Il partit sur la « Provence » sous le nom de comte de Munster. Arrivé le 12 juillet à Philadelphie, il fit de l’excellent travail. Malade, il obtint son rappel le 3 septembre 1779, rentra par la Martinique, Cadix et Madrid. Le 10 mars 1781, nommé conseiller d’État, commissaire aux limites du royaume, il reçut les provisions de la charge de préteur royal de Strasbourg, vacante par la démission de François Baron d’Autigny ©. Installé le 5 avril par Holdt, doyen du Conseil souverain, il prit à cœur ses nouvelles fonctions de représentant du roi et de « conservateur des formes antiques et traditionnelles » (du Magistrat) ; protecteur de l’Université, il s’intéressait au Jardin botanique (professeur Spielmann ©), à Cagliostro et à la doctrine de Messmer (magnétisme animal). Il reçut un traitement de 17 000 livres, payé par la ville, qui acheta pour le loger la maison de son prédécesseur, l’hôtel de Fregwald, 5 rue des Veaux, pour 97 000 livres et acquit en 1787 le château dit Jardin d’Angleterre, au nom de Strasbourg. Il participait à l’Assemblée des Notables mais, malade, il obtint, le 30 juin 1789, un congé de longue durée. Le roi nomma à sa place le baron Frédéric de Dietrich © en qualité de commissaire de S. M. Gérard quitta l’Alsace et mourut à Paris.

Archives municipales de Strasbourg, série AA (archives du préteur royal) ; Mémoires de la baronne d’Oberkirch, Paris, 1883, p. 159-160 ; R. Reuss, « Documents inédits ; correspondance du préteur royal de Strasbourg, M. de Gérard, et de Marc-Antoine Rochon de Chabannes. 1781 », Revue d’Alsace, 1899, p. 279 (à propos de la représentation de la pièce La Tribu, comédie en un acte pour la fête séculaire de Strasbourg) ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 586 ; F. Scheurer, « Note sur la famille Gérard », Bulletin de la Société belfortaine d’émulation, n° 29, 1910 p. 29 ; W. d’Ormesson, La première mission officielle de la France aux États-Unis, C.-A. Gérard (1778-1779), Paris, 1924 ; Chr. Pfister, Pages alsaciennes, Paris, 1927 ; R. Werner, « C.-A. Gérard », ibidem, fév. 1932, n° 2, p. 32-34 ; J. J. Meng, Dispatches and instructions of Conrad Alexandre Gérard (1778-1780), Institut Français de Washington, Paris, 1937 ; A. Spiess, « Conrad Alexandre de Gérard », La Vie en Alsace, nov. 1938, n° II, p. 175-176 ; A. Krebs, « Un alsacien trop oublié : Conrad Alexandre Gérard », Revue d’Alsace, t. 95, 1956, p. 41-55 ; I. Streitberger, Der königliche Prätor von Strassburg 1685-1789. Freie Stadt im absoluten Staat, Wiesbaden, 1961, p. 261-263 (« Lebenslauf ») ; F. Heitz, « Conrad Alexandre Gérard, avocat au Conseil souverain d’Alsace », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1663, p. 80 ; Himly, p. 80 et 111 ; G. Levallet-Haug, « Le Jardin d’Angleterre », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 1971, p. 194-196 ; G. Livet, « Conrad Alexandre Gérard premier ambassadeur de la France près les Etats-Unis d’Amérique 1778-1779 », Le règne de Louis XVI et la guerre d’indépendance américaine. Actes du colloque international de Sorèze, 1976, Dourgne, 1977, p. 141-186 ; Ch. Sauter et P. Bedel, Conrad Alexandre Gérard. Chronique et généalogie de la famille Gérard, Guebwiller, 1978 (redresse beaucoup d’erreurs notamment du Sitzmann) ; Dictionnaire de biographie française, XV, 1981, 1211 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3349 ; G. Livet, Recueil des Instructions aux ambassadeurs… vol. XXX/2 : Suisse (évêché de Bâle), C.N.R.S., 1983, p. 883 ; G. Livet, « Alexandre Gérard et les Indiens. Contribution à l’histoire des comportements indigènes en Amérique du Nord au moment de la guerre d’indépendance des XIII Colonies (1778-1779) », « Les Alsaciens et l’Amérique du XVIe au début du XXe siècle », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, n° 2, 1985, p. 41-53.

† Georges Livet (1988)