Musicien, compositeur (2e moitié du XVIe siècle). Gargelius fut en son temps un luthiste aussi renommé que Melchior Neusidler. Venu probablement de Mayence, où parut en 1569 son recueil de transcriptions pour luth de chansons polyphoniques aujourd’hui perdu, il publia 4 Fantaisies pour luth dans l’anthologie de Pierre Phalèse et Jean Bellère, Theatrum muslcum, parue à Louvain en 1571, avant de faire imprimer à Strasbourg, entre 1574 et 1586, chez Bernhard Jobin, ses quatre recueils majeurs. Sa tablature de luth, dédiée à l’évêque de Strasbourg Jean IV de Manderscheid (dédicace du 1er janvier 1574), contient des Fantaisies, des Chansons de R. de Lassus, d’Arcadelt, des Passamezzos et des Saltarelles. Le 3 mars 1575, il dédia aux comtes Eberhard et Arnold de Manderscheid-Blankenheim sa nouvelle méthode de cithare (cistre), Toppel-Cythar, rééditée en 1578. Son anthologie de Chansons, Passamezzos, Pavanes, Gaillardes, Branles et Allemandes, Renovata cythara, qui comprend 50 folios et 81 numéros, parut en 1575 et fut rééditée en 1578 et 1580. Une liste des partitions remises à Gargelius par Jean Alstede sur l’ordre de l’évêque et datée du 18 janvier 1577 le désigne comme « luthiste de l’évêque » (ABR 1G, 150, 8). Son Lautenbuch de 62 folios dédié à l’évêque Jean IV de Manderscheid le 2 septembre 1586 contient des fantaisies, des motets de R. de Lassus, Meiland, Créquillon, etc., des chansons françaises, italiennes, allemandes, et des passamezzos. Kargel était alors « musicien et luthiste éminent (excellens) à la cour épiscopale de Strasbourg ». À la mort de J. de Manderscheid, il passa au service du prince évêque Charles V de Lorraine. C’est peut-être son fils, Hans-Caspar Kargel, « de Saverne », qui appartint, vers 1610, à la chapelle du duc Jean Frédéric de Würtemberg.
M. Praetorius, Syntagma musicum, t. II, De Organographia, Wolffenbüttel, 1619, p. 29, 55 (fac. sim. Kassel, 1958) ; Vogeleis, Quellen und Bausteine zu einer Geschichte der Musik und des Theaters im Elsass, Strasbourg, 1911, p. 326 ; M. Honegger, Dictionnaire de la musique, Paris, 1979, p. 567 ; Die Musik in Geschichte und Gegenwart, Kassel, 1958, t. 7, col. 688-690, (avec bibliographie), et 1952, t. 2, col. 1454 (article Cister) ; New Grove dictionary of music and musicians, Londres, 1980, t. 9, p. 806-807 (avec bibliographie) et t. 4, p. 421.
Portrait dans le Lautenbuch de 1586, avec éloge en vers de Nicolas Reussner. Exemplaire des recueils Toppelcythar et Renovata cythara à la bibliothèque du grand Séminaire de Strasbourg.
Jean Happel (1988)
