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GAMBS Christian Charles (Carl)

Pasteur, (Pl) (★ Strasbourg 6.9.1759 † Strasbourg 12.9.1822).

Fils de Jean Christian Gambs, tonnelier, et de Catherine Dorothée Hühn. ∞ 10.11.1791 à Paris Anne-Marie Meyer de Colmar ; 2 fils dont Christian Hermann, pasteur à Weiterswiller 1844-1857, Schwindratzheim 1851-1886. Grand-père maternel du prédicateur de cour à Berlin Emil Frommel © et du pasteur Max Reichard (★ 1832 † 1902) ©. Issu d’une branche peu fortunée de la famille des Gambs, il fut élevé par sa mère que son père avait délaissée dès 1760. Bien que borgne, il fut élève du Gymnase de Strasbourg à partir de 1767 et apprit à s’exprimer en français aussi bien qu’en allemand et en latin. Doué d’une excellente mémoire, mais aussi d’une rude franchise, qui ne lui fit pas que des amis, il fut soutenu par Laurent Blessig ©, et s’inscrivit à l’Université protestante de Strasbourg en 1774, d’abord à la faculté de Philosophie, puis, après la fugue au théâtre de Darmstadt, qui lui fit perdre sa bourse d’études, à la faculté de Théologie en 1780. De 1778 à 1780, il eut avec Frédérique Brion © de Sessenheim une liaison platonique, mais dont l’évocation faite sans ménagement dans son autobiographie a fait couler pas mal d’encre. Gagnant sa vie par des leçons particulières et des poèmes de circonstance, dont l’un, par son allusion à la nombreuse progéniture des pasteurs, le desservit auprès du Convent ecclésiastique, il eut la chance d’être de 1780 à 1782 le commensal de l’archiviste Jacques IV Wencker ©, membre du Conseil des XV, et de pouvoir profiter de son savoir encyclopédique. En 1783 il fit un voyage en Suisse, où un sermon de Pâques du célèbre Lavater à Zurich fut déterminant pour son évolution religieuse en le raffermissant dans la foi de charbonnier de sa mère, tout en en accentuant très fortement la composante éthique. N’obtenant pas du Convent ecclésiastique l’autorisation de prêcher à Strasbourg, il accepta en 1784 le poste de chapelain de l’ambassade de Suède à Paris devenu vacant par la retraite de Frédéric Charles Baer ©. A ce poste, qui servait de paroisse officieuse aux luthériens de la capitale, il déploya une grande activité, adjoignant par exemple à l’hôpital fondé par son prédécesseur une section pour les femmes, grâce à l’aide de son ambassadeur, le comte de Staël-Holstein et de l’illustre épouse de celui-ci. Il y vécut aussi les années mouvementées de la Révolution, fidèle à son ministère, faisant même fonction de représentant suédois officieux pendant l’absence de l’ambassadeur (1793-1795), intervenant en faveur des victimes de la Terreur, allant, selon une tradition orale dans la famille, jusqu’à cacher sous l’autel de la chapelle le comte de Narbonne, dernier ministre de la guerre de Louis XVI, et à en faciliter sa fuite à l’étranger. Mais quand en 1806 la Suède se rangea du côté des Alliés, il dut quitter Paris en octobre et, n’ayant pas été autorisé à rentrer en France, finit par trouver en 1807 une place de pasteur à l’église Sankt-Ansgar de Brême. Bien que son ordre d’expulsion ait été rapporté fin 1808, il déclina en février 1809 le poste de premier pasteur à l’église consistoriale luthérienne qui venait d’être créé à Paris et dont les membres étaient en grande partie ses anciens paroissiens. Après la chute de Napoléon il retourna à Strasbourg en 1814, et y fut jusqu’à sa mort second pasteur à Sainte-Aurélie. Gambs a publié quelques sermons et articles (voir la liste dans Haag, Lods, p. 21 et Goedeke) et a laissé une autobiographie allant jusqu’à 1783, dont l’original est entré en 1951 à la Bibliothèque municipale de Strasbourg (ms. als. 1146) que Joh. Froizheim a publiée avec d’abondantes notes : Autobiographie des Pfarrers Karl Christian Gambs (1759-1783).

Mit einem Anhang : Zu Friederike von Sesenheim, Strasbourg, Leipzig, 1909 (cf. le compte rendu de M. K. dans Literarisches Zentralblatt, 61, 1910, col. 1122-1123). Böckel, Rede gesprochen am Grabe des Herrn Christian Karl Gambs, Strasbourg, 1822 ; J. Rathgeber, « Erinnerungen an Karl Christian Gambs », Strassburger Post, 31.1.-7.2.1887 ; E. et E. Haag, La France protestante, 2e éd., VI, 1888, col. 819 ; A. Lods, « Le dernier chapelain de l’ambassade de Suède à Paris, Charles Christian Gambs », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 41, 1892, p. 145-152, 198-209 (en tiré à part, s. I. t. L’église luthérienne de Paris pendant la Révolution et le Chapelain Gambs, Paris, 1892) ; E. Arnaud, « Le chapelain de l’ambassade suédoise à Paris pendant la Terreur », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 47, 1898, p. 554-559 ; E. Frommel, Aus der Chronik eines geistlichen Herrn. Erzählungen, 6. Aufl., Stuttgart, 1906, p. 186-199, 336-343 ; A. Salomon, « La chapelle de l’ambassade de Suède à Paris au XVIIIe siècle », Minneskrift vid Lutherska Paris farsamlingen 300 ars Jubileum 1926, utg. ad F. A. Wrangel, Stockholm, 1926, p. 165-191 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 1570, et II, p. 607 ; R. Blanc, « Simples notes pour servir à une biographie de C. C. Gambs », Positions luthériennes, 12, 1964, n° 4 ; J. Driancourt-Girod, « Vie religieuse et pratique d’une communauté luthérienne à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 119, 1973, p. 1-34 ; R. Blanc, « Quelques aspects de l’histoire de l’Église luthérienne de Paris », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 122, p. 229 (bis) – 250 (bis) ; Dictionnaire de biographie française, XV, 1980, 307-308 ; Goedeke, Grundriss zur Geschichte deutschen Dichtung, 16, 1983, p. 119-120.

Portrait : tableau avec inscription à l’église Sainte-Aurélie de Strasbourg (photographie Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, portr. als.) : copie légèrement modifiée et anonyme dans l’article d’E. Arnaud, Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 47, 1898, p. 555.

Jean Rott (1988)