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FRITSCH Charles

Prêtre, musicien (★ Ergersheim 15.7.1854 † Obernai 17.4.1936).

Fils de François-Joseph Fritsch, cultivateur à Ergersheim, et de Marie-Anne Raugel, originaire d’Odratzheim, mariés le 19 novembre 1851 à Ergersheim. De cette union naquirent six filles et quatre garçons dont deux devinrent prêtres : Charles et Alphonse (★ 1863 † 1933). L’instituteur d’Ergersheim, Jean-Louis Schildknecht, ayant découvert de bonne heure les dons de Fritsch pour la musique, lui apprit le piano et l’orgue. Après sa nomination à Klingenthal, le jeune Fritsch le remplaça comme organiste. Il se prépara à la prêtrise au Grand Séminaire de Tours où il fut ordonné le 15 juin 1878. De 1879 à 1882 il se rendit à Rome pour poursuivre ses études qui furent couronnées d’un doctorat de théologie et de droit canonique. Nommé chapelain et maître de chapelle de Saint-Louis-des-Français, l’abbé Fritsch fit remplacer l’orgue défectueux par un nouvel instrument commandé à la maison Merklin à Paris. Il y reçut souvent la visite du compositeur et pianiste Franz Liszt et de l’organiste de Saint- Jean-de-Latran, F. Capocci. C’est là qu’il apprit en premier lieu par le cardinal de Bonnechose, archevêque de Rennes, que le pape Léon XIII avait autorisé Pustet à Ratisbonne de diffuser partout ses éditions de plain-chant sans en avoir l’exclusivité. Il en informa de suite Mgr Stumpf ; ainsi fut empêchée l’introduction de l’édition médicéenne de plain-chant dans le diocèse de Strasbourg que le chanoine Sattler n’avait cessé de réclamer. De retour en Alsace, l’abbé Fritsch fut nommé vicaire de la paroisse de Saint-Jean de Strasbourg le 7 novembre 1882. En même temps il remplaça l’organiste de la cathédrale, l’abbé Marie-Alphonse Schaeffer, condamné à garder sa chambre six mois avant sa mort, intervenue le 13 février 1883. Après le décès de Schaeffer, l’abbé Fritsch continua ses fonctions d’organiste et recommanda à ce poste l’abbé Albert Schwey, alors vicaire et organiste à Altkirch, qui fut nommé organiste de la cathédrale le 15 juillet 1883. À la demande instante du coadjuteur, Mgr Stumpf, l’abbé Fritsch se rendit à Rome comme précepteur de la famille du colonel Blumenstihl ©, où il prit la succession de l’abbé Alphonse Kannengiesser. Mais l’abbé Fritsch ne resta qu’une année dans cette famille d’origine obernoise. Le 1er octobre 1886 il fut nommé professeur de philosophie et de chant grégorien au Grand Séminaire de Strasbourg. Il eut parmi ses élèves François-Xavier Mathias, le futur organiste de la cathédrale de Strasbourg. La passion pour la musique et pour l’orgue en particulier rapprocha l’élève du maître et ainsi naquit une amitié que seule la mort interrompit. En 1893 Fritsch fit paraître à Strasbourg Psalterium vespertinum à l’usage du diocèse que Mgr Fritzen, évêque de Strasbourg, recommanda dans sa préface aux membres du clergé, aux organistes et aux directeurs de chorale. Trois ans plus tard, l’abbé Fritsch publia Sept études sur la question sociale (Paris, 1896), traduites de l’allemand des Stimmen de Maria Laach, dont un exemplaire se trouvait dans la bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg et qui témoigne de l’intérêt que Fritsch portait au problème social. Lorsque parut cet ouvrage, Fritsch avait déjà quitté depuis un an l’enseignement, contre son gré. Nommé le 16 octobre 1895 curé de Niedermorschwihr près de Turkheim, il assuma la charge de cette paroisse pendant dix ans avant de succéder au curé Marie-Aloyse Buntz, le 1er novembre 1905, à la tête de celle de Boersch. Pendant la guerre de 1914-1918 le curé Fritsch eut des démêlés avec les autorités allemandes qui lui reprochaient la fréquentation de « gens notoirement deutchfeindlich tels que les demoiselles Laugel et M. Spindler © ». Il demeura à Boersch jusqu’à sa retraite le 1er juin 1932. Il se retira à Barr puis à Obernai, où il décéda le 17 avril 1936 à l’hôpital. Après les funérailles célébrées à Obernai le 20 avril 1936, il fut inhumé au cimetière d’Ergersheim. Médard Barth, natif de Boersch, qui a bien connu le curé Fritsch et qui, vingt-cinq années après la mort de Fritsch lui a consacré un article nécrologique, a fort justement relevé la coupure que constitue en 1895 la nomination de Fritsch à la cure de Niedermorschwihr. En effet, comment cet intellectuel dont la carrière d’enseignant et de musicien s’annonçait très brillante, a-t-il pu devenir curé d’un petit village ? Il semble qu’il ait été victime de la jalousie de certains de ses collègues professeurs, surtout du supérieur du Grand Séminaire, Joseph Ott (1889-1903) dont l’abbé Guerber trace un portrait peu flatteur dans une lettre qu’il adressa le 20 septembre 1890 à Mgr Freppel, évêque d’Angers. Aussi, Fritsch a-t-il ressenti ce passage de l’enseignement à la pastorale comme une sanction qu’il ne supporta qu’à contrecœur. Cette déception s’est traduite dans son caractère renfermé et aigri, son abstention de contacts avec ses confrères et son refus délibéré de ne plus toucher à l’orgue, son instrument préféré. Mais l’amitié et l’admiration que lui témoigna son élève F.-X. Mathias, compositeur et organiste de la cathédrale de Strasbourg, en lui rendant souvent visite au presbytère de Boersch et l’estime réciproque qui marqua les rapports entre le curé de Boersch et l’illustre médiéviste boerschois, ont certainement apporté une satisfaction intellectuelle et morale à cet esprit éveillé aux problèmes de son temps et à ce musicien dont le talent n’a pu s’épanouir librement.

État-civil d’Ergersheim, registre des naissances, 1854, n° 12 ; registre des mariages, 1851, n° 6 ; Archives municipales Obernai, registre des décès, 1936, n° 17 ; Ch. Spindler, L’Alsace pendant la guerre, Strasbourg, 1925, p. 276 ; Der Elsaesser du 18.4.1936 ; Courrier d’Obernai du 18.4.1936 ; Ordo de l’évêché de Strasbourg, Necrologium, 1937, p. 159-160 ; F.-X. Mathias et J.-M. Mathias, Orgues, Organiers et Organistes de Notre-Dame de Strasbourg, Metz, 1937, p. 99-100 ; M. Barth, « Dr. Ch. Fritsch, Pfarrer von Boersch und Musiker. In memoriam », L’Ami du Peuple des 25.6 et 2.7.1961.

Lucien Maurer (1988)