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FRIESÉ Jean

Maître d’école et historien, (Pl) (★ Kaufbeuren, Bavière, 4.9.1741 † Strasbourg 6.7.1817).

Fils de Charles Samuel Friese († 16.4.1751), perruquier, et de Marie Elisabeth Güttenbacher (★ Kaufbeuren, 9.10.1716 † Kaufbeuren 8.7.1753). Petit-fils de Samuel Friese, pasteur protestant originaire de Sachsen-Altenburg. ∞ I à Strasbourg 3.7.1775 Marie Madeleine Erb, fille de feu de Philippe Jacques Erb, sergent de ville à cheval ; ∞ II à Strasbourg 3.4.1780 Marie Madeleine Bruder, fille de Jean Bruder., parcheminier. Venu à Strasbourg comme compagnon tisserand de lin, il put suivre des cours à l’Université protestante puis se placer comme précepteur. Il devint « collaborateur », c’est-à-dire maître-adjoint à l’école paroissiale de Saint-Pierre-le-Jeune. C’est en cette qualité, alors qu’il était fiancé, qu’il obtint gratuitement le droit de bourgeoisie. À partir de 1795, il enseigna, avec le titre de maître, à l’école de la paroisse du Temple-Neuf. Sous l’Empire, Friesé s’adjoignit deux de ses fils ; l’école était fréquentée par plus de deux cents enfants parmi lesquels on reconnaissait Édouard Reuss ©. Friesé avait ouvert dès 1791 une « école de dimanche » pour les gens de métier ; il leur donnait des leçons, d’écriture, de calcul et de géographie.

L’activité politique de Friesé sous la Révolution est encore mal connue ; on peut néanmoins affirmer qu’elle lui permit de se révéler écrivain. Il exprima son adhésion à la Révolution dans des chansons, des poèmes, des adresses aux citoyens. Amitié avec Théophile Conrad Pfeffel attestée en 1790. Il applaudit au triomphe des Lumières : la Constitution rédigée avec la main de Dieu était fondée sur les droits de l’Homme, la Religion et la Raison. Pour lui, la Révolution constituait un avertissement aux potentats. En 1792, il justifia la proclamation de guerre au roi de Hongrie et de Bohême dans un appel aux paysans qui risquaient d’endurer des misères. Friesé avait pu le constater en Saxe, au cours de la guerre de Sept ans. À l’aide de nombreux exemples, il s’efforça de montrer qu’un conflit pouvait être source de liberté et que la vigilance de tous et l’initiative de quelques-uns pouvaient la sauver. Ce patriote manifesta son hostilité aux sans-culottes. Il ne tint pas compte de l’avertissement que lui signifia le maire jacobin Monet © en février 1793 et s’associa à une campagne de signatures dénonçant des agissements de sans-culottes. Il fut banni de la ville par le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin. Avec sa famille, il chercha refuge à Fénétrange. Étant revenu à Strasbourg, il fut arrêté et emprisonné au Séminaire épiscopal. Il dut son élargissement, le 18 thermidor an II (5 août 1794), à la chute de Robespierre. Friesé publia plusieurs ouvrages d’instruction, en particulier un livre de calcul proposant des problèmes dont les énoncés avaient parfois la forme d’anecdotes ou de petits récits. Il s’intéressa aussi à l’astronomie et en expliquait des notions à ses écoliers et à ceux qui suivaient ses cours du dimanche. Il écrivit à cet effet un livre en 1790. Une édition en langue française parut en 1799. Il mentionne ses lectures et cite Bode, Fontenelle, de Lalande parmi les auteurs consultés. Dans la préface, Friesé dénonce l’influence des vieux almanachs entretenant les superstitions et salue la parution d’un almanach nouveau à partir de 1793, épuré des « sottises » de l’astrologie. Il était convaincu que l’instruction ferait disparaître les préjugés des masses populaires. En 1796 il fit également paraître une description de l’Alsace rééditée et augmentée en 1807. Convaincu que « l’ignorance est la mère de la superstition », il rédigea cette géographie administrative et économique. Elle dresse le bilan de la richesse démographique, agricole, minière, forestière, aquatique de la région. S’inspirant de la Naturgeschichte de Funk, Friesé introduisit dans son livre des descriptions sur l’exploitation du charbon de Newcastle, le naphte de Perse, les mines de sel de Wieliczka. Ces comparaisons lui paraissaient nécessaires pour faire comprendre à ses lecteurs les étapes du progrès technique, facteur du bonheur humain. L’ouvrage fut distribué à titre de récompense aux meilleurs élèves d’écoles paroissiales et du Gymnase. L’auteur prétendait que cette Oekonomische Naturgeschichte constituait un complément à son livre d’histoire régionale. La Neue Vatertaendische Geschichte constitue l’œuvre essentielle de Friesé. Il fut peut-être aidé dans ses recherches par deux savants, Jean-Jérémie Oberlin © et Laurent Blessig © à qui il soumit son texte manuscrit qui parut en cahiers à partir du mois de septembre 1790. Les quatre premiers livres furent achevés en 1791-1793. L’ouvrage connut un succès immédiat : le premier tirage de mille exemplaires fut pratiquement épuisé dès le printemps 1791, mais le nombre total des souscripteurs se stabilisa autour de 1200 (cf. Historische Merkwürdigkeiten, 1804). L’auteur s’était proposé de rédiger une histoire locale de l’époque romaine à 1791 à l’intention de la jeunesse ; il fut amené à élargir ses descriptions à l’Alsace, ce qui explique les variantes dans les titres des livres. Dans son adresse, Friesé affirme que l’accès aux honneurs et aux charges de l’État repose dorénavant sur la vertu et la science. Sa « nouvelle histoire patriotique » permettrait aux jeunes d’acquérir des connaissances. Il rappelait aussi que la Liberté était fondée sur la Raison et la Religion. Le dernier tome, paru en 1801, traite essentiellement des années 1790-1793. Friesé justifie la description des événements contemporains par la volonté de laisser le témoignage d’une histoire vécue et donc réelle aux générations futures. Il prétend garder une plume neutre : « l’historien ne juge point ; il décrit seulement ». Il avoue néanmoins qu’il lui a été difficile de retracer le rôle du maire Dietrich, « un personnage merveilleux ». En 1804 Friesé édita des textes et des documents tirés des papiers de Jean-André Silbermann ©. Ce sont des extraits de chroniques anciennes, des états de population de la ville de Strasbourg depuis 1571, des tableaux statistiques avec le prix annuel moyen du blé et du vin de 1561 à 1790. De nombreux chercheurs, tels l’abbé Hanauer © et Charles Boersch © ont utilisé cette publication. Elle ouvrait des voies à la recherche historique du XIXe siècle. On ne peut qu’être frappé par une coïncidence : Friesé cessa pratiquement de publier après 1804, année de l’instauration du régime impérial.

 

Publications.

1. Politique et littérature :

Die grossen Thaten Gottes in der neuesten Geschichte Frankreich, besungen am Ende des 1790sten Jahres, chanson imprimée en 1790 à Strasbourg (en 20 strophes), texte repris dans la Neue Vatertaendische Geschichte. t 3, 1792, p. 156-160 (20 strophes) ; Die grossen Thaten Gottes in Frankreich. Aus der Geschichte des nun so glücklich geendigten Kriegs. Eine Fortsetzung des Gedichts, welches im dritten Bande der Vaterländischen Geschichte Strassburg Seite 156 abgedruckt zu finden ist, (37 strophes), s.l.n.d., 8 p. ; Vaterländisches Gedicht über die Sitten der alten Teutschen in den Rheingegenden nach Tacitus Beschreibung, Strasbourg, 1790 ; Ein Wod zur Beruhigung und Belehrung an unsere Landleute wegen dem bevorstehenden Kriege. Aus der Geschichte freier Völker, Strasbourg. 1792 ; Te Deum laudamus der Franken, chant patriotique, texte repris dans la Neue Vaterländische Geschichte, t. 5, p. 451-452) ; Die Geschichte des wiedererkannten Josephs in Gesprächen, Strasbourg.

2. Instruction et pédagogie :

Das kleine methodische Buchstabier- und Lesebüchlein, Strasbourg ; Moralische Verse für Kinder, Strasbourg ; Hundert Rechnungs-Aufgaben für die Jugend im Lehrreiche und unterhaltende Erzähiungen eingekieidet zum Gebrauche für Stadt – und Landschulen in den beiden rheinischen Departementen, Strasbourg, 1806 ; Versuch einer leichten und fasslichen Darstellung der Gestirne, Strasbourg, 1790, 2 planches, traduit en français et publié en l’an VII (1799) sous le titre Essai d’une astronomie simplifiée enrichie de deux planches, à l’usage de la jeunesse (supplément en 1813).

3. Histoire et économie :

Neue vaterlaendische Geschichte der Stadt Strassburg und des ehmaligen Elsasses, von den Zeiten Julius Cäsars bis auf das Jahr 1791, 4 t., Strasbourg, 1791-1793. Il s’y ajoute le t. 5, Neue vaterlaendische … von den aeitesten bis auf unsere Zeiten, Strasbourg, 1801 ; Kurze Schilderung des Lebens Schoepflins und Herrmanns, Strasbourg, 1801, texte repris dans le t. 5 de la Neue vaterlaendische Geschichteen supplément ; Historische Merkwürdigkeiten des ehemaligen Elsasses, aus den Silbermänn’schen Schriften gezogen, Strasbourg, 1804 ; Etwas über die Naturgueter der beiden rheinischen Departemente samt ihrer Benutzung als ein Anhang zu der neuen vaterlaendischen Geschichte..., Strasbourg, 1796 ; Oekonomische Naturgeschichte der beiden Rheinischen Departemente, für die Jugend. Als ein Anhang zu der Neuen Vaterlaendischen Geschichte, Strasbourg, 1807.

Renseignements des Archives de Kaufbeuren ; Archives municipales de Strasbourg, registres paroissiaux du Temple Neuf (M 116 f. 101v) et de Saint-Pierre-le-Jeune (M 74, f. 105v) et registres de décès de Strasbourg des années 1817 (n° 1094), 1820 (n° 1590), 1827 (acte complémentaire n° 253) et Série VI-291, bans de mariage de 1780 ; Politisch-Litterarischer Kurier, n° 227 du 29 septembre 1790 ; Der Weltbote, Allgemeine Zeitung für Jedermann, n° 147 du 22 juin 1793, p. 586 (1200 souscripteurs pour la Vaterlaendische Geschichte ; espoir d’un demi-millier d’acquéreurs en plus) ; Politisch-Litterarischer Kurier, n° 227 du 29 septembre 1790 ; Strassburgische Zeitung oder der Weltbote du 29 mai 1795, n° 224 (réouverture de l’école du dimanche pour les compagnons; cours d’écriture, de calcul et de géographie) ; Strassburger Weltbote du 23 janvier 1797, n° 1 (reprise des cours ; admission d’apprentis acceptée) ; H. Pfannenschmid, Gottlieb Konrad Pfeffel’s Fremdenbuch, Colmar, 1892, n° 2069, p. 359 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 534 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 1503, Johann Friesé, le fils ; Th. Schöll, « Ein strassburger Schullehrer und Geschichtsschreiber vor 100 Jahren », Jahrbuch für Geschichte, Literatur und Volkskunde von Elsass-Lothringen, X, 1894, p. 31-36 (Schöll, arrière-petit fils de Jean Friesé) ; Knod, Die alten Matrikeln der Universität Strassburg, 1621 bis 1793, I, 262 ; R. Reuss, « Jean Friesé, un instituteur strasbourgeois au temps de la Révolution, 1741-1817 », La Vie en Alsace, 1924 p. 89-94 (avec mention d’une annonce parue le 18 avril 1792 dans le quotidien local, la Geschichte der gegenwärtigen Zeit, affirmant que seuls 70 exemplaires étaient encore disponibles du premier tirage) avec portrait.

† Jean-Pierre Kintz (1988)